Le 28 novembre, les rues de Lyon se sont animées d’une belle et dense manifestation contre les violences policières, contre les crimes et le racisme d’État et pour le retrait de la loi sécurité globale. L’ambiance était réconfortante face à l’infernale dérive autoritaire du gouvernement et le cortège était diversifié, notamment au plan politique. Au milieu d’une foule dense, on a un même pu voir des élus et des militants verts poser pour la photo.
Se sentir soutenus par l’exécutif local face aux propositions de loi venant du sommet de l’État, ça nous aurait presque fait chaud au cœur. Mais, comme on ne fait pas boire un âne qui n’a pas soif, le soutien des élus à la manifestation s’est vite fendillé à l’issue de celle-ci. À l’image de ce qui s’est passé à Paris où les élus verts (David Belliard en tête) ont repris le traditionnel refrain contre-révolutionnaire consistant à séparer les bons des mauvais manifestants. À Lyon, c’est le couplet de la symétrisation des violences policières et de l’autodéfense des manifestants qui a été reprise, Fabien Bagnon écrivant par exemple sur son compte twitter « je suis contre toutes les violences. Celles contre les forces de l’ordre sont aussi inacceptables que celles des forces de l’ordre. » Ce qui n’est pas acceptable, monsieur Bagnon, c’est de mettre sur le même plan des actes qui sont sans aucune mesure sur le plan symbolique, institutionnel et matériel.
Au fond, ce type de discours est peu surprenant venant d’élus centristes. Plus étonnant est en revanche le décalage total entre leur opposition de façade à la loi sécurité globale et les discours et politiques sécuritaires que ces élus s’appliquent à mettre en œuvre dans la Métropole de Lyon et qui sont pourtant totalement en phase avec ce que propose le gouvernement. Pour mettre en évidence l’hypocrisie des ces élus, rappelons ici quelques-unes de leurs promesses de campagne et leurs premiers faits d’armes à la tête de la Mairie de Lyon et de la Métropole :
- Sortie de campagne de Gregory Doucet à la Guillotière sur le thème de la sécurité qui s’est traduite par la stigmatisation d’un quartier populaire en le réduisant à trois thèmes sur un tract : « harcèlement de rue, zone de deal, rodéos urbains ».
- Programme de campagne largement axé sur le thème de la sécurité, avec des termes que n’aurait pas renié droite et extrême droite et la promesse de campagne d’augmenter le nombre de commissariats, mais aussi les effectifs de la police municipale lyonnaise, ainsi que de la rendre plus présence et visible dans la rue (rappelons ici que la loi sécurité globale concerne au premier chef les polices municipales à qui elle promet plus de pouvoir).
- Immédiatement après l’élection, promesses faites aux petits commerçants et la droite locale d’augmenter la présence policière dans certains quartiers, notamment le premier arrondissement.
- Multiplication de l’usage de la vidéosurveillance, notamment à travers le développement des dispositifs de vidéoverbalisation.
- L’action des élus locaux ne portant pas que sur la police municipale, demande de Doucet à Darmanin d’augmenter les effectifs lyonnais de police nationale de 200 flics en plus.
- Comme si 200 flics de plus dans les rues n’étaient pas une réclamation suffisante, demande de Bernard à Darmanin d’envoyer aussi de nouveaux effectifs spécialement affectés à la surveillance des transports en commun.
En résumé : le samedi, les élus verts manifestent contre la loi sécurité globale ; le reste de la semaine, ils passent leur temps à réclamer plus de flics au ministre de l’Intérieur, à qualifier n’importe quel quartier de « zone de non-droit » et à renforcer la vidéosurveillance. Dénoncer des politiques liberticides un jour pour mettre en place des politiques liberticides le lendemain, l’hypocrisie est totale.
Ça fait bien longtemps qu’on s’est désolidarisé des verts. Mais on aurait quand même un peu de moins mal à les croire si leurs actes à la Mairie ou à la Métropole n’étaient pas aussi contradictoires avec leur présence dans une telle manifestation. S’ils souhaitent manifester leur opposition aux violences policières et à la nocivité de cette institution, nous leur suggérons deux actions en leur pouvoir : le démantèlement immédiat de la police municipale des villes qu’ils administrent (ainsi que la destruction des armes en possession de ces polices) et le retrait immédiat de tous les dispositifs de vidéosurveillance de la Métropole. Ensuite, on pourra commencer à discuter ensemble de comment en arriver au démantèlement de la police nationale.
Les écologistes atterré·es
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