Vendredi 11 Novembre, la Quadrature du Net animait une réunion publique organisée par plusieurs collectifs lyonnais sur le thème de la vidéosurveillance algorithmique (VSA). Actuellement en expérimentation lors de divers événements sportifs et culturels, la VSA a fait l’objet d’une déclaration du nouveau premier ministre, qui souhaite sa généralisation.
La vidéosurveillance algorithmique, c’est l’automatisation de la vidéosurveillance : plus besoin d’humains derrière les écrans pour analyser les images filmées par les caméras, ce sont des algorithmes qui s’en chargent. Ces derniers sont programmés pour détecter des comportements ou des événements spécifiques (attroupement, personne allongée, comportements inhabituels, etc.) suite à quoi une alerte peut être transmise automatiquement à la police.
Utilisée dans l’espace public, la VSA cible en priorité les personnes qui ont le moins accès à un espace privé (SDF etc.), et fait le focus sur les infractions les moins graves et sur des événements banals, non illégaux, considérés comme des signaux faibles de délinquance. En priorité, ce sont les personnes les plus précaires et marginalisées qui subiront les effets de la VSA dans l’espace public. Mais au final c’est la liberté de toutes et tous qui sera restreinte : liberté d’expression, de manifester, de se rassembler, droit à l’anonymat et à la vie privée.
La loi sur les Jeux Olympiques – qui court jusqu’en Mars 2025 et concerne toute sorte d’événements autres que les J.O.– a posé la première brique légale pour la VSA : elle permet officiellement son expérimentation, limitée à une période et à certains événements, et sous surveillance de la CNIL. Selon cette loi, chaque expérimentation doit être annoncée par arrêté préfectoral. Mais ce cadre est avant tout une façade : la CNIL n’a pas été prévenue de la première expérimentation (elle l’a appris par voie de presse), et les arrêtés préfectoraux sont soigneusement publiés au dernier moment, empêchant toute opposition. Clairement, les pouvoirs publics savent qu’ils jouent avec une technologie qui est tout sauf consensuelle : en façade, il faut rassurer, bien encadrer et se montrer concerné par nos libertés, mais dans les faits ça manœuvre pour que petit à petit, la VSA s’impose sans faire trop de bruit.
Que faire ?
La Quadrature du Net propose que des collectifs se forment dans un maximum de localités afin que l’opposition à la VSA devienne visible. Divers modes d’actions sont possibles, de l’interpellation des élus locaux à des mobilisations de terrain, en passant par l’enquête auprès des administrations locales, qui n’annoncent pas toujours clairement leur attrait pour cette technologie. Sur la métropole lyonnaise, nous savons par exemple que le parc de caméras de vidéosurveillance va être renouvelé ; qui nous dit que les mairies ou la métropole ne songent pas à en profiter pour essayer la VSA ? Du côté de la région, Wauquiez avait déjà déclaré sa volonté de mettre de la VSA dans les gares, et il semble que certains lycées, gérés par la région, s’équipent déjà de caméras techniquement compatibles avec de la reconnaissance faciale.
Nous proposons donc la création d’un groupe de travail dont le but sera d’enquêter et d’agir contre la VSA sur Lyon et ses environs, en coordination avec la campagne en cours de la Quadrature du net. Si vous souhaiter participer à ce groupe, la première réunion aura lieu Mercredi 30 Octobre à 19h, à la Luttine, 91 rue Montesquieu, Lyon 7.
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