Les contrats de la honte !

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Selon les dernières statistiques du ministère du travail, quarante-cinq mille personnes travaillent
aujourd’hui en « contrat aidé » rien que dans l’Education nationale. Contrat aux
appellations multiples, la plus cynique étant sans doute « contrat d’avenir ».

Difficile de dire exactement
combien d’entre eux sont
employés par l’Education nationale
qui, sous ses dehors service
public "bon enfant", exploite avec
la même férocité que dans le privé
ce vivier né directement de la précarité
actuelle.

Voici un exemple précis, dans un
collège de l’agglomération lyonnaise,
un collège dit « sensible »,
classé en ZEP depuis 1989 et
accueillant environ deux cent cinquante
élèves. Sur un effectif total
de quarante-huit salariés, huit
sont en « contrat aidé », dispersés
au gré des besoins, dans différents
services : quatre pour
la vie scolaire, deux chez les
agents de service, un au
secrétariat et un au CDI. Soit
près 20 % des effectifs !

Qu’ils soient en « contrat d’avenir
 », « CAE » (contrat d’accompagnement
à l’emploi)
ou autre « emploi-tremplin »,
ces huit salariés sont bien
dans le même sac : celui des
sous-contrats. À savoir, des
CDD à temps partiel subis,
payés au smic, quelle que
soit la qualification des individus
(ici, la moitié des salariés
en « contrats aidés » ont
au moins une licence).
Cerise sur le gâteau et
détournement de la loi : les « 
bénéficiaires » de ces merveilleux
contrats doivent rattraper
les congés de fait (vacances scolaires) !
Ils n’ont pas droit non plus
à la moindre prime de précarité à
la fin d’un contrat justement totalement
précaire ! Bref, ce sont les
sous-travailleurs de l’Éducation
Nationale.

Car le « contrat aidé » n’est finalement
rien d’autre qu’un vrai-faux
contrat de travail, faisant de l’individu
à la fois un vrai-faux salarié
et un vrai-faux chômeur.

Il n’aide que l’employeur, ici le rectorat
de Lyon, lequel use et abuse
de ce bon filon. Le rectorat exploite,
toute honte bue, ces nouveaux
sous-travailleurs de l’Éducation
qui ne lui coûtent vraiment pas
cher : le « salaire » moyen (bien
entendu exonéré de toutes charges
patronales) tourne autour de
sept cent euros, dont les deux
tiers sont financés par le Conseil
Général ! Malheureusement, force
est de constater que la plupart des
salariés « classiques » du collège,
et notamment les enseignants,
font preuve d’une indifférence
totale à ce propos. Pire : certains
considèrent eux aussi les « 
contrats aidés » comme des soustravailleurs,
à l’image d’une CPE
qui refusait d’adresser directement
la parole à une nouvelle
surveillante embauchée sous
ce statut !

Il est éthiquement scandaleux,
et socialement dangereux, de
laisser se développer, au sein
même d’un service public et
national, de telles pratiques.
Cela fait déjà des années que
la situation se dégrade insidieusement,
sans réaction.
Pourtant qui aurait imaginé,
voici seulement dix ans, un tel
contexte ?

Car ce collège n’est qu’un
exemple parmi tant d’autres.
Que celui qui n’a pas dans son
établissement un « contrat
aidé » lève le doigt !

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