La batterie de contrats qui nous précarise ferait baisser le chômage en diminuant le coût de la main d’œuvre, en instaurant plus de flexibilité et en nous rendant plus compétitif-ve. En résumé, les capitalistes nous réduisent à une marchandise, à du bétail, dont le coût varie en fonction des contraintes imposées par le droit du travail. Pourtant, les effets sur l’emploi sont discutables (comment pourrions-nous devenir moins coûteux-ses qu’un-e travailleur-ses du tiers-monde ?) et de toute façon il s’agit essentiellement d’emplois de merde. L’État veut nous faire croire que les contrats précaires, à l’image du dispositif remplaçant le CPE, sont une aubaine pour les travailleurs-ses au chômage. La précarité serait même une solution à la crise des banlieues d’après le gouvernement puisqu’il a osé présenter le CPE comme une réponse aux légitimes mutineries de novembre.
La réalité c’est que la précarité n’est pas favorable aux salariés-es mais qu’elle est en revanche très profitable pour la bourgeoisie. En effet, les contrats précaires s’accompagnent de cadeaux conséquents destinés aux patrons sous forme de subventions publiques ou d’allégements de charges. Pourtant ce ne sont pas les employeurs qui créent les richesses mais les travailleurs-ses. Le RMA est financé en partie (un montant égal au RMI) par les pouvoirs publics. À cela s’ajoute toute une série d’aides financières pour les patrons : aide dégressive à l’employeur, contrat initiative emploi, contrat d’apprentissage... N’oublions pas les multiples exonérations de charges dans certains territoires tels que les ZRU (zones de redynamisation urbaine), ZFU (zone franche urbaine) ou ZRR (zone de revitalisation rurale) ainsi que les réductions de charges dites « réductions Fillon ». Concernant les ZFU, ZRU et ZRR il n’est pas inutile de rappeler que bon nombre d’entreprises vont s’empresser de quitter ces territoires déjà meurtris par les inégalités après avoir bénéficiées de ces avantages. Il existe également des aides pour « l’amélioration de l’organisation et des conditions de travail ». C’est-à-dire une prime aux entreprises qui avaient les conditions de travail les plus déplorables. Autrement dit, on encourage le patronat à mettre en place de mauvaises conditions de travail, préalable indispensable à leur amélioration.
Le Plan de cohésion sociale de Borloo, dont la désormais célèbre loi sur l’inégalité des chances, prévoyait et prévoit un soutien financier en échange des embauches en CPE et CNE (rendant ainsi le CDI encore plus marginal). Le CPE a été retiré mais les subventions au patronat restent et s’accroissent. Comme si c’était le patronat qui avait mené la lutte contre la loi sur l’égalité des chances et obtenu un recul du gouvernement. En effet, la proposition de l’UMP qui remplace le défunt CPE envisage d’augmenter l’aide mensuelle (400 euros au lieu de 200) que verse l’État aux patrons qui signent des CJE (contrats jeunes en entreprises), il en est de même pour les employeurs qui signeront un contrat de professionnalisation puisqu’ils toucheront une prime de 200 euros par mois. Enfin, les élus-es UMP ont également prévus-es une réforme des CIVIS (contrat d’insertion dans la vie sociale) et l’ouverture de « stages intensifs ». Des stages à la place du CPE : quel progrès contre l’emploi précaire ? Quels syndicats osent proclamer qu’il s’agit d’une victoire pour les travailleurs-ses et qu’il faut que la lutte cesse ?
Cette politique est le résultat d’une triple hypocrisie :
l’hypocrisie des gouvernements qui prétendent œuvrer pour la classe ouvrière en la fragilisant ;
l’hypocrisie des classes dirigeantes qui crachent sur l’État quand il assiste les plus pauvres mais qui ne refusent jamais son appui financier, moral, policier ou militaire ;
l’hypocrisie de celles et ceux qui ont crié-e à la victoire dès le retrait du CPE alors que la précarité n’a pas disparu. Mettons-les face à leurs contradictions : refusons la concurrence entre travailleurs-ses, refusons les discours bureaucratiques et capitalistes. Nous n’avons pas besoin d’eux et de leurs mensonges, ni État ni patronat, vive la solidarité, vive l’autogestion.
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