OUTRAGE PAR GESTE, parole ou
regard... « Outrage », c’est ce
qui risque de tomber chaque fois
qu’on croise un équipage de la BAC,
ou trois flics dans le métro. Parce
qu’on a l’audace de leur dire que la
police et l’administration française,
fidèles à leur tradition, raflent les
étrangers ; parce qu’on a le malheur
de venir de l’autre côté du périph’ et
de ne pas s’écraser quand ils décident
de fouiller, d’insulter ; parce qu’on
a l’aplomb de les regarder pour ce
qu’ils sont : une force d’occupation...
Dans une société qui craque de toute
part, et de plus en plus, il est vital
pour le pouvoir de préserver l’illusion que tout va bien. « Circulez ! Y a
rien à voir », comme disent les flics
lorsqu’ils humilient dans la rue. Les
délits d’outrage, de rébellion sont des
instruments bien commodes pour
mettre à l’amende tout ce qui remue
un peu trop. Et de toute façon la panoplie répressive est si vaste qu’à vouloir
se débrouiller pour échapper à l’exploitation salariale ou mettre en place
des solidarités concrètes et réelles avec
d’autres exploité-es, à tenter de rendre
les coups on devient vite illégal ou criminel. Alors autant assumer.
Notre existence même devient une
menace pour l’ordre et donc un
outrage. Très bien. Ca fera un bon titre.
Le bon intitulé pour une publication
qui vise à rassembler sur le même support, dans le même mouvement, toutes
ces résistances, toutes ces existences
rebelles que le pouvoir justement
sépare : révoltes des cités, grèves des
caissières, luttes des sans papier, mouvement lycéen... Outrage c’est le nom
de cette tentative : 1 000 exemplaires,
gratuits, diffusés dans toute la ville, à
faire circuler de mains en mains, pour
donner à voir ce qui se trame dans les
angles mort de la métropole, dans les
quartiers, dans les taules. Partir d’en
bas, des pratiques concrètes, cibler nos
ennemis et diffuser des tactiques de
résistance... pour que nos différentes
luttes communiquent, pour qu’elles
s’intensifient. Pour nous soustraire collectivement à cette sale France d’après,
ou en tout cas la rendre ingérable : en
refusant le contrôle (à l’ANPE, dans les
TCL, avec test ADN...), par la grève, à
coups d’émeutes ou de manifestations
sauvages, rue par rue... nous rendre
ingouvernables.
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