Au cours du mouvement du printemps, le gouvernement a fait le choix d’une gestion policière des événements. Déployés en masse lors des manifestations, la présence des policiers témoignait d’une stratégie de maintien de l’ordre particulièrement violente. Cette stratégie s’est traduite par des actes de violences policières en pagaille et de nombreux blessés graves à Lyon et ailleurs. Toutes les composantes du mouvement ont pu à un moment ou à un autre en faire l’expérience, entraînant dans les cortèges un sentiments de ras le bol face aux pratiques policières.
A Lyon, dès la deuxième manifestation (le 17 mars), le cortège de tête est quasi-systématiquement encadré par des policiers en tenue de combat . La pression policière est toujours vive. Le 17 mai, ceux-ci n’hésitent pas à traverser en nombre les manifestants qui se dispersaient place Bellecour, en se frayant un chemin à coup d’épaules et de tonfas, pour venir interpeller en plein milieu d’une AG improvisée par la CGT.Le 28 avril, la partie du cortège qui s’étend de la banderole de tête à la banderole intersyndicale s’est retrouvée indistinctement noyée sous les gaz lacrymogènes et une pluie de grenades en tout genre. Mais cette omni-présence de la police, les contrôles aux entrées des manifestation avec confisquation du matériel, les dizaines d’interpellations (dans les manifs et devant les lycées [1]) et de condamnations n’ont pas entamé la détermination du mouvement.
Le 10 mai, le recours au 49.3 est décidé. Le passage en force du gouvernement fait l’effet d’une bombe et plusieurs milliers de personnes se réunissent spontanément place des Terreaux. L’affront gouvernemental s’est ce jour-là, à Lyon, vu opposer une belle détermination à ne pas se laisser nasser. Une partie de la foule rassemblée ira cogner aux carreaux d’un commissariat municipal et de la permanence PS de la Croix-Rousse, matérialisant sur ces bâtiments leur colère.
Lors du rassemblement du lendemain, D. est arrêtée par des policiers qui pensent l’avoir reconnu pour les incidents de la veille à cause de son manteau. Au bout d’une garde à vue de 48h, elle est envoyée directement en comparution immédiate après avoir avoué un jet de pierre sur une des vitres du commissariat. Comme souvent avec cette juridiction d’abattage, la peine est importante : 6 mois de prison avec sursis et des dommages et intérêts de 14 000 euros pour le poste de police municipale des pentes de la Croix-Rousse. C’est sur les épaules de cette manifestante que le tribunal fait tomber l’entière responsabilité de ce qui s’est passé ce soir-là. Peu importe que quelques semaines plus tôt les vitres du commissariat aient déjà été étoilées, peu importe que l’acte de colère qui l’animait ce soir là ait été partagé par de nombreux autres manifestants. Pour les juges, il s’agit de faire un exemple. Et de lui passer le goût d’exprimer sa colère, à elle et à tous les autres présents ce soir-là. La police veut faire remplacer son double-vitrage par du verre blindé ? C’est donc D. qui payera la facture.
Mais l’affaire n’en reste pas là. Quatorze mille euros à payer ne semble pas suffire au parquet de Lyon. Le procureur décide de faire appel. Il s’agit donc de rendre un nouveau jugement . Un plus sévère. Le message n’a t-il pas été assez entendu à son goût ?
Il n’est pas possible de la laisser seule face à l’acharnement judiciaire. Nous ne laisserons pas D. monter seule les marches de la cour d’appel ni la justice continuer sa vengeance après ces mois de révoltes.
Rassemblement de soutien le jour de son procès.
Soyons nombreux et nombreuses le 6 octobre, aux 24 Colonnes, 1 rue du Palais de Justice (métro Vieux Lyon), à 13h.
La Caisse de Solidarité
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