NI CRA NI CPR, ni prison ni répression : non à l’enfermement des étranger.es en Europe

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Suite aux derniers évènements dans les prisons pour sans-papiers, des camarades en Italie appellent à une semaine d’actions contre les CPR (CRA), pour la libération de toustes les prisonnières. Soyons nombreux-ses en France aussi à montrer notre solidarité.

A bas l’enfermement et les frontières, en Italie comme en France et partout ailleurs

Voici le texte d’appel traduit en italien (d’autres témoignages et infos après l’appel) :

Du 27 janvier au 2 fevrier : semaine d’actions et de mobilisations pour la fermeture de tous les cpr, pour la libération immédiate de tou.te.s les detenu.e.s et pour vakhtang

Le 18 Janvier, Vakhtang Enukidze est mort a l’hôpital de Gorizia après avoir été battu à mort par les forces de l’ordre entre les murs du CPR [1] de Gradisca d’Isonzo (Frioul-Vénétie Julienne).
Les détenus nous l’ont rapporté, le 18 janvier au soir, alors que, ayant appris la mort d’une personne, nous nous étions retrouvés devant le CPR pour leur parler. Ils nous l’ont crié par dessus les murs, nous ont appelés et nous ont envoyé des vidéos, avec tout
le courage de ceux qui savent que personne d’autre ne sait ce qui s’est réellement passé au sein du CPR.

La préfecture de police et le ministère public ont tout fait, dès le début, pour minimiser sa mort : « mort d’un migrant lors d’une rixe » titraient les journaux le lendemain de la publication de la nouvelle par Melting Pot
 [2]. Néanmoins, nous somme parvenus à faire entendre la voix des détenus, comme tant d’autres solidaires l’avaient fait avant nous pendant des années. Ainsi de nombreuses personnes dans toute l’Italie ont pu entendre leurs témoignages. Le lendemain, dimanche 19 Janvier, beaucoup d’entre nous sont retournés devant le CPR, tandis que les détenus nous appelaient, fuyant les coups qui – nous disaient-ils – étaient réservés à ceux qui parlaient avec les personnes présentes dehors. Les directives semblaient claires : plus aucune communication avec l’extérieur. La nuit, les gardes ont tenté de saisir tous les téléphones portables, une “récupération” que le ministère public a justifiée « aux fins de l’enquête ».

Cette même nuit, un député et un avocat sont venus visiter le CPR à l’improviste, y trouvant les agents des forces de l’ordre en tenue antiémeute et les ont entendus parler du sang présent dans l’établissement. La presse a alors commencé à rapporter la version des camarades de Vakhtang : battu à mort par la police, un nouveau cas “Cucchi” [3], étranger cette fois, et dans un CPR et non une prison. Le procureur a rapidement déclaré que les éléments de cette version n’était que « des rumeurs ». Le 21 Janvier à 4 heures du matin, les trois compagnons de cellule de Vakhtang, qui faisaient partie de ceux qui s’étaient déclarés prêts à témoigner, ont été déportés en Égypte sans que personne ne le sache. C’est ainsi
que le « ministère public enquête », comme nous le disent les journaux.

Lorsque la version des témoins a filtré, la presse a directement étiqueté l’assemblée qui transmet les voix des détenus comme un groupe d’extrémistes et d’incitateurs à la révolte – comme si les révoltes avaient besoin d’une incitation extérieure -, essayant ainsi de la délégitimer. Dans un même temps, de multiples tentatives de saper la crédibilité des détenus ont été faites. Vakhtang a été décrit comme violent, toxico et automutilateur, description visant à diminuer l’empathie envers lui. Les détenus en général sont décrits comme des violeurs, des trafiquants de drogue et/ou des criminels.

Vakhtang était une personne vivante, avec ses propres rêves, enfermée dans un enfer carceral créé par des lois racistes. Dans tous les CPR italiens se trouvent des détenus enfermés dans des camps du simple fait de ne pas avoir de documents en règle.Leur emprisonnement ne se termine pas toujours par une expulsion, les détenus etant souvent libérées avec un “foglio di via” [4] qui les oblige à vivre dans la clandestinité.

Les personnes déportées, en revanche, se retrouvent contraintes de rentrer dans leur pays d’origine sans possibilité de revenir en Italie, où certains ont toute leur vie et leur famille, ainsi ramenées au point de départ d’un terrifiant voyage déjà affronté au moins une fois. La menace d’expulsion est la plus grande qu’une personne non européenne puisse recevoir : le CPR, théâtre d’abus et encore pire que la prison, sert à rendre cette menace réelle. Elle contraint les gens a accepter des conditions de travail inhumaines, afin de maintenir un emploi, sésame en vue d’une carte de séjour.

La loi suivra son cours et peut-être qu’un jour quelqu’un sera jugé coupable. Mais il nous appartient maintenant de ne pas laisser le meurtre de Vakhtang passer inaperçu et de faire tout notre possible pour que tous les CPR soient définitivement fermés. Encouragé.e.s par la réponse de solidarité reçue de toute l’Italie, nous lançons un appel à une semaine d’actions et de mobilisations en vue de la fermeture de tous les CPR, pour la libération immédiate des personnes qui y sont enfermées et pour Vakhtang.

Nous invitons donc tous les individus, assemblées, groupes, associations, organisations, comités à faire tout leur possible pour atteindre cet objectif. Convaincus que chacun peut exprimer sa colère et sa dissidence comme il l’entend, nous pensons qu’est venu le moment d’agir. Que chacun.e s’organise la où il vit. Faisons en sorte que ces lieux infernaux ferment.

Si vous souhaitez nous informer des initiatives ou des actions a venir, vous pouvez nous
écrire (italien, espagnol, anglais, français, etc.) à : nocprnofrontieretrieste@riseup.net

Notes

[1les CPR, Centri di Permanenza per i Rimpatri, ou Centres de rétention pour les rapatriements en Francais, sont l’équivalent italien des CRA (Centres de Rétention Administratif) dans lesquels la détention est possible jusqu’a une durée de 6 mois.

[3Stefano Cucchi est un jeune Italien battu à mort par la police alors qu’il était en détention provisoire à Rome le 22 Octobre 2009.

[4Interdiction du territoire d’une commune, par exemple.

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