Bêtisier 2019
Nous sortons d’une année 2019 d’une éblouissante clarté politique. Un haut commissaire mandaté par des compagnies d’assurances démantèle le système de retraites pour favoriser les fonds de pensions. Un président banquier supprime l’impôt sur la fortune et crée une « flat tax » pour favoriser les plus riches. Sa ministre du travail jette 850 000 chômeur·euses dans la misère en durcissant encore les règles d’indemnisation chômage. Les fonctionnaires ont aussi eu droit à leur « loi travail » qui consacre le management et la précarité comme mode de gestion de la fonction publique avec la loi de « transformation de la fonction publique » qui entre en application ce premier janvier. Le premier ministre choisit d’attribuer la légion d’honneur au plus gros requin de la bourse du pays, directeur de la branche française du plus gros boursicoteur du monde. Parallèlement, les services publics, de l’hôpital à l’Éducation nationale, continuent de crever des politiques d’austérité et du crétinisme managérial.
Le père Noël des patrons s’appelle Macron
Dans le même temps, les profits s’envolent et les « exonérations de cotisations sociales » permettent aux actionnaires d’engranger des « dividendes historiques » (CAC 40 + 12,8 % sur un an soit 57 milliards) sur le dos de la sécurité sociale. En cas de remous ou de contestation, on sait désormais que la police blesse et gaze les manifestant·es, comme l’a illustrée la répression du mouvement des gilets jaunes. Tous et toutes ont compris au bout de deux semaines de mobilisation que la police ne serait jamais « avec nous » et qu’il n’était pas nécessaire d’être « violent » pour servir de cible. D’ailleurs, pour la police et les militaires, les régimes spéciaux de retraites sont maintenus.
Seule la vérité est révolutionnaire
Depuis un mois, la partie la plus lucide et combative du salariat et l’ensemble des organisations syndicales de lutte défendent le principe et l’amélioration d’un système de retraites basé sur la solidarité et l’égalité. En face, le projet du gouvernement est d’aller vers un système à points, où chaque salarié·e accumulerait son petit capital de points tout au long de sa carrière. En plus d’un mode de calcul très défavorable à l’ensemble des salarié·es, ce système serait particulièrement néfaste pour les femmes et les fonctionnaires, notamment les plus mal payé·es. Tout a été écrit, démontré, chiffré : pour l’ensemble des catégories de salarié·es, c’est la baisse des pensions. Les choses sont très claires, sauf pour les naïfs qui se laissent séduire par la communication politique et qui pensent qu’il suffit de présenter une régression sociale majeure comme étant « moderne » et « universelle » pour en faire un progrès.
Puisqu’on vous dit que seule la lutte paie !
Aujourd’hui, après un mois de mobilisation, nous avons gagné la bataille de l’opinion puisque la majorité de la population sait maintenant, malgré la propagande gouvernementale bégayée en boucle par les chiens de garde médiatiques, que ce projet est un vol en bande organisée. Cette victoire est fondamentale, car le système capitaliste est servi par une classe politique qui passe son temps à fabriquer du consentement en manipulant le discours et la réalité. Nous avons aussi réussi à faire renaître une conscience de classe car nous voyons que derrière les divergences d’analyses sur ces réformes et leurs légitimités, se cache en réalité une divergence d’intérêts. Effectivement, nous ne serons jamais « d’accord » avec le gouvernement car nous avons parfaitement compris que nos intérêts ne sont pas les mêmes que ceux de la classe obscène et arrogante qui prétend nous faire les poches tout en nous berçant avec ses éternelles fausses promesses.
Bonnes résolutions
En ce début d’année 2020, de plus en plus de secteurs rejoignent la grève et se mobilisent. En guise de bonnes résolutions, il s’agit pour nous de parvenir à retrouver la mémoire. Ce qui fonctionne pour combattre la régression sociale, ça n’est pas la négociation avec nos ennemis de classe mais le combat. Rien n’a jamais été obtenu autrement que par le rapport de force. Alors, pour cette année, la CNT souhaite une grève générale vraiment générale, c’est-à-dire impliquant un arrêt du travail dans TOUS les secteurs de l’industrie et des services, une occupation des lieux de travail et des lieux publics et une authentique reconduction jusqu’à obtention du retrait de ce projet de loi… et du renversement du vieux monde qui l’a créé. Et on aura enfin une VRAIE bonne année.
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