Des « écureuil·les » se sont même installé.es dans des chênes centenaires afin d’empêcher leur abattage et l’avancée des travaux. Face à un projet inefficace, imposé à la population locale et d’un autre temps ; face à un projet mettant en danger plusieurs dizaines d’hectares de terres agricoles et naturelles et un corridor de biodiversité essentiel à la faune locale (dont de nombreuses espèces protégées dont la présence a été mise en lumière par les associations), l’occupation des lieux s’organise et se renforce, empêchant ainsi les travaux de démarrer ce Lundi. Ce matin, les militant.es ont reçu la visite de Marie POCHON et Thomas DOSSUS, respectivement députée et sénateur écologistes.
Un projet inefficace, imposé, archaïque et dangereux pour la biodiversité
La déviation de Saint-Péray est un projet porté par la Communauté de Communes Rhône-Crussol (CCRC), le Département de l’Ardèche et la Région Auvergne Rhône-Alpes. Il consiste en la création d’un contournement de la RD 86 par l’Est de la commune de St-Péray, avec comme objectif affiché de réduire les bouchons dans le centre de Saint-Péray.
A priori anodin, ce projet prépare en fait la finalisation du ring valentinois, périphérique routier de Valence, et la construction d’un nouveau tronçon de route et d’un 3e pont sur le Rhône permettant de rejoindre l’autoroute A7. À plus court terme, c’est l’urbanisation de tout l’ouest de la plaine de Saint-Péray qui est programmé, avec la création de zones industrielles et d’activité et d’un nouveau quartier d’habitation. Ainsi, ce tronçon routier est loin de n’être « qu’une route de 2 fois une voie de circulation ». Cette route sera complétée par 3 ronds points, un pont sur le Mialan et un pont rail au niveau de la voie ferrée !
Or, la Plaine de Saint-Péray constitue un couloir pour la biodiversité, dernier accès au Rhône de nombreuses espèces vivant dans les côteaux ardéchois. Les associations Alterre et FRAPNA Drôme ont d’ailleurs déposé un recours juridique pour la biodiversité car ils ont mis en évidence la présence de très nombreuses espèces de reptiles, oiseaux, mammifères et chauves-souris. À titre d’illustration, parmis les 18 espèces de chauve-souris recensées sur place, 7 sont des espèces protégées et 3 présentent un enjeu remarquable de conservation.
Mais en plus de mettre en danger la Plaine, ce projet est imposé aux habitant.es, dont plus de 60% s’étaient prononcés contre dans l’enquête publique menée par la CCRC, et plus de 500 s’étaient rassemblé.es il y a quelques mois pour manifester leur opposition au projet. Et pour cause, ce projet est inefficace : non seulement il s’accompagnera en réalité d’une hausse du trafic routier dans l’absolu, mais il empêche en plus les investissements nécessaires dans les alternatives à la voiture individuelle qui doivent être développées pour répondre aux enjeux sociaux et environnementaux de la crise écologique.
En bref, il s’agit d’un projet datant de la fin du siècle dernier basé sur une étude d’impact de 2012 plus du tout à jour, absolument pas adapté aux enjeux d’aujourd’hui, et allant à l’encontre de tous les objectifs que la France s’est fixé en termes de réduction des émissions de GES, de sauvegarde de la biodiversité, et d’arrêt de l’artificialisation des sols.
Une résistance locale de plus en plus forte
C’est ainsi qu’habitant.es et militant.es local.aux, rassemblé.es au sein du collectif Les Ami.es de la Plaine de Saint-Péray qui fait partie de la coalition La Déroute des Routes, se sont mobilisé.es pour empêcher le début des travaux. Prenant peur, la CCRC a décidé de s’entêter et de lancer les travaux en toute hâte et en toute illégalité, mettant au passage en danger les ouvrier.es travaillant sur le site en leur faisant détruire, sans aucune protection, des bâtiments remplis d’amiante. Au-delà de ça, la CCRC ne semble pas vouloir attendre la décision de justice aux recours déposés par Alterre et la FRAPNA Drôme, qui pourraient l’entraver dans ses projets de bétonnisation.
En ce début de semaine, plusieurs militant.es (les « écureuil·les ») se sont même installé.es dans les chênes centenaires présents sur le tracé de la déviation projetée pour s’interposer physiquement entre les abatteuses, qui devaient arriver ce Lundi, et leurs cibles, refuges de biodiversité.
Alors que l’occupation est de plus en plus organisée grâce aux nombreux chantiers collectifs qui ont été réalisés sur place dans le week-end, les machines pourtant prévues pour un arrivage ce Lundi ne sont toujours pas là et les militant.es sont déterminé.es à ne rien laisser passer. Par l’occupation temporaire de ces lieux, iels veulent s’assurer que ses habitants non-humains n’en soient pas chassés à tout jamais.
#NoMacadam #LaDérouteDesRoutes
Rejoignez nous sur insta @les_ami.e.s_de_la_plaine ou même sur place ! vous êtes les bienvenu·es
Compléments d'info à l'article
Proposer un complément d'info