Le bonneteau de la « démocrature » / Résistons Ensemble no 219

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Bulletin no 219 – du 1er octobre 2024, du réseau Résistons Ensemble. Formé en 2002, Résistons Ensemble a pour but d’informer, de briser l’isolement des victimes des violences policières et sécuritaires et de contribuer à leur auto organisation.

Le petit journal mobile recto-verso A4 « RESISTONS ENSEMBLE » du réseau contre les violences policières et sécuritaires est sorti. Il est destiné à être photocopié et à être diffusé localement, si le journal vous plaît. Vous êtes invitEes à participer à son élaboration, à sa rédaction, à se joindre à l’équipe de rédaction. Nous attendons vos contributions, propositions, critiques...
Lire l’intégralité et télécharger ce bulletin mis en page au format pdf.


Au sommaire :

  • Le bonneteau de la « démocrature »
  • Chronique de l’arbitraire : Justice d’exception pour les flics • Des JO contre la liberté • Le GPIS, police privée des bailleurs sociaux, à l’œuvre • Le « refus d’obtempérer » fait une nouvelle victime • Violences au commissariat • « Idir, Idir, on n’oublie pas ! On pardonne pas ! » • Durcissement de la procédure d’asile • Le peuple Kanak toujours confronté au mépris colonial et à la répression

L’édito :

Le bonneteau de la « démocrature »
Le jeu de bonneteau est un jeu de dupes. Vous avez le bonneteur, le meneur de jeu. Deux cartes noires et une rouge sont posées sur un carton dans la rue, sont mélangées et le gagnant doit retrouver la rouge. Le chef est entouré de complices, « les barons », qui jouent les faux gagnants et les embrouilleurs. Les badauds, entraînés dans le jeu, sont inévitablement dépouillés. La vision du joueur est faussée par la vitesse de mouvement des cartes, il est irrémédiablement condamné à l’échec.
Ça vous parait exotique ? Détrompez-vous, nous y sommes tous dedans.
Comme avant la crise, les crimes policiers et la justice à la solde continuent à sévir. Dans les extrémités de l’empire colonial les affaires continuent.
À Mayotte, les expulsions barbares sont à l’œuvre, en Kanaky deux morts s’ajoutent aux 9 autres tués, en Martinique les CRS débarquent et déjà un jeune est blessé par balles.
En Métropole, l’entrée du Bonneteur se prépare. Pour le moment le RN (parce qu’il s’agit bien de lui) est tapi dans un coin. Déjà après avoir exercé pendant 2 mois le plein pouvoir sans contrôle, Macron choisit son premier ministre en fonction des désidératas de Marine Le Pen. Barnier s’excuse auprès d’elle, car un de ses ministres a pris au sérieux le fameux « front républicain ».
Le ministre de l’intérieur de ce gouvernement fantoche veut « rétablir l’ordre dans la rue et dans les frontières », il veut établir une nouvelle loi sur l’immigration, encore plus raciste et xénophobe que celle de Darmanin. Il déclare que le pouvoir de ce gouvernement repose sur « la volonté de la majorité du peuple ».
Cette volonté de se passer du parlement aussi fantoche soit-il, définit les bases d’une dictature qui, comme toutes ses semblables (par exemple le régime d’Orban en Hongrie), serait une émanation directe du peuple, se cachant ainsi derrière le voile pudique de la démocratie : une « démocrature ».
Face au vol de la victoire électorale du nouveau front populaire NFP par Macron, les partis de la gauche parlementaire jouent eux aussi les barons.
Le programme de NFP n’était pas anticapitaliste, mais plusieurs de ses propositions pouvaient susciter beaucoup d’espoir. L’abrogation des lois anti-immigrés, sur la retraite, des dispositifs « tir libre » offerts aux flics par la loi Cazeneuve, le smic à 1 600 euros...
Au lieu de mobiliser le peuple dans la rue, en s’appuyant sur l’enthousiasme de la victoire électorale, les partis de gauche, mais aussi les directions syndicales ne font que s’agiter et se chamailler. Quant à la proposition de la LFI de « destitution » de Macron, le hochet sonne creux là encore.
Dans la situation actuelle, le terrain politique et social est totalement imbibé par la haine raciale et par la désillusion de voir impossible que le système actuel évolue vers un avenir plus radieux.
Le Bonneteur RN, après quelques tours de passe-passe prendra les cartes, et là, la défaite est assurée.
Mais rien n’est encore joué.
Comme les badauds, ceux d’en bas, peuvent renverser la table, disperser les cartes biaisées et faire fuir le Bonneteur et toute sa bande.
C’est déjà arrivé.

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