Appel local :
Nous sommes des millions de femmes et de personnes assignées femmes à avoir subi et à subir encore des violences sexistes et sexuelles qui nous pourrissent la vie. Ces violences ne sont pas un hasard, elles sont issues d’un système inégalitaire fondé sur un rapport de domination patriarcale.
Nous sommes des millions à avoir été victimes et avoir vu ces violences abîmer nos ami.e.s, nos adelphes, nos amoureux.ses, nos parents, nos enfants ou nos collègues.
Dans l’espace public, au travail, à la maison, nous exigeons de vivre libres : ni sifflement, ni injure, ni menace, ni harcèlement, ni persécution, ni agression, ni coups, ni exploitation de nos corps, ni mutilation, ni meurtre, ni viol.
Nous dénonçons tout acte, parole, comportement qui portent atteinte à l’intégrité psychique et corporelle. Ces violences s’imbriquent avec des discriminations telles que celles basées sur son origine, sa classe sociale, son orientation sexuelle, son apparence physique…
Issus du même rapport de domination, les enfants sont aussi les victimes de ces violences : co-victimes des violences conjugales, viols intra-familiaux, agressions sexuelles, prostitution infantile, pédo-pornographie... Nous exigeons que les enfants soient protégé.e.s de ces violences.
L’ampleur des violences faites aux femmes et aux personnes assignées femmes doit cesser d’être ignorée. La parole des victimes doit être entendue et crue. Stop à l’impunité des agresseurs. La solidarité avec les victimes doit être renforcée, des mesures réellement appliquées, des moyens (humains, financiers…) octroyés pour que ça change vraiment.
Nous allons marcher pour nous faire entendre, montrer notre nombre, notre force et notre détermination contre ce système inégalitaire et violent.
Aujourd’hui, nous invitons toutes celles et ceux qui veulent comme nous mettre fin aux violences sexistes et sexuelles à marcher avec nous.
- Chiffres clés :
• 25 % des femmes âgées de 20 à 69 ans déclare avoir subi au moins une forme de violence dans l’espace public au cours des 12 derniers mois (soit environ 5 millions de femmes victimes chaque année)
• 3 jours : c’est la fréquence à laquelle une femme meurt sous les coups de son compagnon ou ex compagnon en moyenne par an (soit 123 femmes en 2016).
• 225 000 femmes âgées de 18 à 75 ans sont victimes de violences conjugales (physiques et/ou sexuelles) par an.
• 25 enfants tués dans le cadre de violences au sein du couple parental en 2016, 38 enfants étaient présents sur la scène de l’homicide ou au domicile et 88 enfants sont devenus orphelins suite aux homicides au sein du couple.
• 1 femme active sur 5 dit avoir été confrontée à une situation d’harcèlement sexuel au cours de sa vie professionnelle
A Lyon, le mouvement NousAussi, le Réseau des Femmes afrodescendantes, les comités Nous Toutes 69 et Nous Toutes 42 s’associent au Planning Familial, au Collectif de Défense de l’IVG dans le Rhône et au Collectif Droits des Femmes de l’Isère,à la FSU, à Filactions pour dire STOP à ces violences lors d’une grande journée de mobilisation régionale.
Appel national :
À l’occasion de la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, le mouvement Nous Toutes organise une marche le 24 novembre prochain afin d’en finir avec les violences sexuelles et sexistes.
Nous appelons à rejoindre cette marche, et à nous organiser activement afin d’en faire une réussite.
Les conditions de cette réussite ne seront cependant pas réunies si au prétexte de lutter contre “toutes les violences sexistes et sexuelles”, celles qui sont au premier rang de ces violences ne sont pas mises au centre de cette marche. Nous ne savons que trop bien à quel point notre effacement des luttes féministes perpétue notre isolement et ces violences. Avec “nous toutes”, nous voulons pouvoir dire “nous aussi”.
En disant “nous aussi”, nous voulons faire entendre les voix de celles pour qui les violences sexistes et sexuelles sont une expérience inséparable du racisme, du validisme, de la précarité, qui définissent nos quotidiens : les violences sexuelles que nous subissons sont souvent pour nous l’aboutissement de notre domination matérielle, économique et sociale dans chacun des aspects de nos vies, que ce soit au travail, à la fac, dans la rue, à la maison ou face à des policiers.
En disant “nous aussi”, nous affirmons que le contexte actuel est marqué par l’expression quotidienne du racisme, notamment de l’islamophobie et de la négrophobie. La lutte contre les violences faites aux femmes ne peut passer que par une lutte radicale contre le harcèlement politique et médiatique, ainsi que contre les discriminations légales qui visent en particulier les femmes musulmanes et viennent justifier les violences qu’elles subissent. Nous dénonçons les discours de certains politiques et médias qui s’acharnent à vouloir attribuer le monopole des violences sexistes aux “Autres” et notamment aux hommes immigrés, musulmans et des quartiers populaires. La France et ses institutions n’ont de leçon à donner à personne en la matière.
En disant “nous aussi”, nous nous positionnons fermement contre les politiques répressives et racistes qui visent en premier lieu les femmes migrantes, sans-papiers, étrangères.
En disant “nous aussi”, nous nous assurons que les luttes des travailleuses du sexe soient parties prenantes des luttes féministes, et dénonçons à leurs côtés le harcèlement policier dont elles font l’objet et qui favorise les violences quotidiennes auxquelles elles doivent faire face.
En disant “nous aussi”, nous voulons également lutter contre toutes les violences que subissent les personnes trans et intersexes, y compris celles des institutions médicales ou judiciaires qui continuent d’exercer un contrôle sur leurs existences et qui les enferment dans la précarité. Nous voulons également lutter contre les violences que subissent les lesbiennes, cis ou trans, qui par leur simple existence sont vues comme une menace au schéma « un papa-une maman » garanti et maintenu par le système hétérosexiste.
En disant “nous aussi”, nous entendons lutter contre les violences sexistes et sexuelles que subissent les femmes grosses, constamment déshumanisées, notamment par les institutions médicales.
En disant “nous aussi”, nous nous opposons aux politiques libérales appliquées par les gouvernements successifs qui nous privent peu à peu des services et des ressources nécessaires à notre vie quotidienne. Ces politiques d’austérité pèsent particulièrement sur les vies des femmes précaires, SDF, handicapées, ou devant fuir le foyer conjugal, qui se retrouvent d’autant plus vulnérables face aux violences.
En disant “nous aussi”, nous voulons exprimer notre solidarité avec toutes les femmes incarcérées, y compris celles détenues pour s’être défendues face à ces violences. Il est pour nous indispensable de rappeler que l’institution carcérale constitue une menace pour bon nombre d’entre nous en raison de nos moyens de survie, notre classe, notre race, et que nous refusons de glorifier la prison comme unique réponse aux violences sexuelles et sexistes.
Nous affirmons également que ces violences ne seront pas éradiquées par de seules actions de pédagogie reposant sur les bonnes volontés individuelles. Lutter contre les violences sexistes et sexuelles, c’est construire un véritable rapport de force vis-à-vis des institutions qui font de nous des cibles pour nos harceleurs, nos agresseurs, nos violeurs, et nos assassins, que ceux-ci soient des inconnus ou des "proches", nos patrons ou nos partenaires.
Pour un 24 novembre politique contre les violences sexuelles et sexistes, Nous Aussi, organisons-nous et marchons !
Premiers signataires :
ACCEPTESS-T, Alerta Feminista, Cellule de lutte antisexiste Paris 8, CLAQ, Collectif Afro-Fem, Collectif Féministe Révolutionnaire, Collectif ROSA, Féministes contre le cyberharcèlement, FièrEs, Friction Magazine, Garçes, Globule Noir, Gras Politique, Handi-Queer, L’intersection, Lallab, La BAFFE, La Chapelle Debout, La Meute, Le Seum, Les Irrécupérables, Local de Documentation Trans et Inter !, NRJKIR Paris 8, Orage, Potere al Popolo Paris, Réseau des Femmes Afrodescendantes, SIAMO, le STRASS, TRANSGRRRLS, Witch Bloc Paname.
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