De l’optimisme au pessimisme
« C’est un mouvement qui est surprenant (…) Lorsqu’il a démarré, il n’y a pas grand monde qui aurait parié que celui-ci s’inscrirait dans la durée avec la radicalité qu’il a eu et qu’il a toujours, maintenant depuis plusieurs mois. (...) Ça faisait longtemps qu’on était en attente d’un mouvement social qui relève la tête (…) Ça ne s’était pas vu depuis les mouvements des retraites de 2010 »,
nous explique un fonctionnaire syndiqué à la CNT.
Une autre syndicaliste, de la CGT-UGECAM (secteur médico-social), insiste elle aussi sur la force de la mobilisation :
« Le mouvement est continu, il y a des gens mobilisés à chaque manifestation. (…) Les médias essaient de dire qu’ils s’essoufflent mais c’est faux. »
Pour autant, pour certains, la durée n’est pas synonyme de force mais de faiblesse puisqu’il est le signe que
« Le gouvernement est sourd à toutes les personnes qui se mobilisent. »
Deux manifestants non syndiqués se sont montrés assez pessimistes :
« Je sais pas si ça sert à grand chose [de continuer à se mobiliser] mais bon, on est encore là aujourd’hui. De toutes façons, la loi va être votée au Sénat puis elle va retourner à l’Assemblée et de nouveau être votée ».
Deux difficultés : la répression et la convergence des luttes
On le sait, ce mouvement débuté en mars s’inscrit dans un contexte politique inédit : l’état d’urgence maintenu depuis novembre, à quoi s’ajoute la toute-sécurité due à l’accueil de l’Euro 2016. Ce cocktail permet au gouvernement de justifier une répression jamais vue et jamais autant subie dans les mouvements sociaux :
« C’est hyper compliqué de faire quoi que ce soit parce qu’il y a des flics de partout. Il y a des gens qui réfléchissent à faire des actions mais ça devient assez dangereux d’en faire. »
Une jeune femme syndiquée à la FSU affirme :
« C’est compliqué vue la répression qui s’exerce dès qu’il y a un sitting ou des mouvements qui tentent de prendre une autre forme. »
Cette dernière, enseignante, ne s’est pas mobilisée avant et souligne la non-convergence des luttes du mouvement contre la loi travail :
« On a nos propres problèmes et nos propres mobilisations, c’est difficile de tout articuler. »
La suite ?
La grande question qui se pose : quid de la trêve estivale ?
Le syndicaliste CNT affirme que
« [Les vacances] jouent contre le mouvement. Les lycéens et les étudiants ne sont déjà plus là. »
Mais il prédit une suite au mouvement et annonce une éventuelle nouvelle journée de grève le 8 septembre prochain.
Un manifestant va aussi dans ce sens :
« Après, il va y avoir les vacances et niveau calendrier ça craint. Le mouvement, je sais pas s’il va encore durer. Le gouvernement compte là-dessus - jouer le temps, la montre - et va finir par faire passer sa loi, quand il n’y aura plus personne dans la rue car les gens ne seront plus là, ils seront en vacances. »
Une professeure des écoles confirme :
« Les vacances… J’ai un peu peur de ça, plus de mouvement… En septembre, je sais pas, ça c’est jamais vu, ce serait chouette que les gens soient toujours motivés pour se battre contre ça . À voir… Les gens en ont ras le bol de pas se faire écouter et ça, ça permettrait peut-être de poursuivre le mouvement… ».
Une enseignante espère que la mobilisation autour de la réforme des collèges prévue en septembre donne un souffle au mouvement actuel et permette une conjonction des forces.
En attendant, le mouvement est toujours en marche - la CGT appelle d’ores et déjà à une nouvelle journée de mobilisation contre la loi travail le 5 juillet prochain !
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