R - On est devant le port Edouard Herriot. L’idée c’était, sur un peu une demande des camarades de la raffinerie de Feyzin, d’avoir une action qui leur permette d’être un peu plus visible que sur leur piquet à Feyzin qu’est un peu planqué, enfin qu’est visible de l’autoroute mais qu’est pas pratique pour discuter. Du coup, moi perso je suis cheminot et on est pas mal à être ici, on en est à notre 9e jour de grève consécutif, reconductible aujourd’hui. C’était le moyen aussi de proposer une action qui soit visible, et qui retourne un petit peu sur l’interpro, on a besoin je crois de se soutenir les uns les autres. Se montrer qu’on existe et qu’on est fort. On est une cinquantaine à avoir bloqué l’accès au port et on attend du monde. On a fait tourner l’info, le plus largement possible et puis on espère que ça pourra tenir un moment, qu’on sera visible, et que le message sera compris, on veut le retrait de cette loi et on veut la démission de ce gouvernement c’est un peu ça qu’on a tous dans la tête.
Q - L’idée c’est de bloquer le port, pour bloquer l’économie pour forcer le gouvernement à plier ?
R - Pour l’instant c’est une étape intermédiaire, c’est un lieu qui nous permet d’être visible. Ceci étant dit, on n’est pas assez nombreux pour bloquer tous les accès du port, on espère bien dans la matinée qu’on pourra se redéployer. En tout cas, pour l’instant ça se passe très bien, l’info a pas fuité y a pas de flics dans le coin, ils ont pas l’air prêts du tout à intervenir, donc pour nous c’est déjà un succès sur ce début d’action.
Q - Et les gens entre eux, ça discute c’est chouette, c’est une bonne ambiance ?
R - Je t’avoue que je viens de passer le dernier quart d’heure à envoyer des textos et à être un peu autiste avec mon téléphone, mais j’ai bien l’impression que ça discute y compris entre gens qui se connaissent pas forcément et qui militent pas dans les mêmes milieux donc ça c’est super positif. C’était aussi le but je crois.
Q - Les autre jours avec les cheminots vous avez fait des trucs je crois ?
R - Ouais, on a fait pas mal d’actions , qui consistent pour la plupart en des manifestations. On a posé des rails devant le Médef local, la semaine dernière, hier on est allé à l’Hôtel de région... L’idée c’est de pas rester sur nos piquets de grève et d’être visibles. Systématiquement y a un truc qui est enclenché et que moi je trouve qui va dans le bon sens, c’est de sortir des tracts pour les usagers on peut inonder sur le parcours pour expliquer pourquoi on est gréve parce que quand on regarde les médias mainstream on comprend pas forcément le but de la manœuvre et mine de rien on se rend compte qu’on est super soutenus et ça remonte le moral.
Q - Et la suite c’est quoi ?
R - La suite de la matinée, pour les gens qui vont rester ici ça va être d’essayer d’amplifier cette action et puis de la faire durer. Pour les cheminots comme moi, il va falloir qu’on rejoigne nos AG sur les différents sites, pour défendre le fait qu’on doit continuer ce mouvement et pas se contenter des miettes que le gouvernement a imposé à Pépy de lâcher. Le but c’est que la présence sur les piquets tourne un petit peu, parce qu’on a tous nos obligations et qu’on passe nos journées d’actions en actions.
Q - Et la semaine prochaine ?
R - Je sais pas, bien malin qui pourra dire. Cette fin de semaine, elle est stratégique, c’est très important de réussir un certain nombre de choses, parce que tout le monde a un peu dans la tête qu’il y a l’Euro de foot qui arrive. Nous à la SNCF, transporteurs officiels de ce truc-là, y a de l’enjeu à continuer à mettre de la pression sur cette grande fête médiatico-capitaliste et puis en profiter pour imposer un maximum de revendications.
Q - Le 14 vous allez monter à Paris ?
R - Le 14 y a manif nationale à Paris, est-ce qu’on sera encore en grève ? A titre personnel je l’espère, cela dit c’est une discussion qui a lieu tous les jours, et bon je vais pas trancher à la place de mes collègues qui sont dans le mouvement, ceci étant dit y aura manif à paris et on sera massivement là-bas.
Q - Parce que là les gens sur les piquets commencent à être fatigués ?
R - Les équipes bien sûr elles se fatiguent. Une des caractéristiques de ce mouvement et c’est pas qu’à la SNCF, c’est qu’y a beaucoup de grévistes mais assez peu de gens dans les AG, ce qui permet pas forcément d’organiser la discussion, et planifier les actions. C’est une petit peu le point faible.
Si on passe à l’étape suivante il faudra qu’on trouve des solutions pour ramener des gens sur les lieux de décisions, les plus proches de leur lieu de travail par exemple. C’est un peu le prochain défi qui permettra de passer à l’étape supérieure à mon avis.
Q - Comment on peut vous soutenir ?
R - Il faut déjà venir nous voir ! Y a des piquets relativement publics, y en a devant les ateliers à Oulllins, y en a à Perrache, à Part-Dieu c’est un peu plus compliqué , parce que c’est un lieu sécurisé donc faut avoir un contact sur place. Mais déjà venir nous voir, et puis discuter avec nous c’est déjà vachement bien. Par ailleurs ici ou là, y a des caisses de solidarité qui existent, ne pas hésiter pour tous ceux qui peuvent pas faire grève eux-mêmes, à nous soutenir aussi par là. Et puis se tenir informer des prochaines actions !
Q - Les caisses de grève, elles sont ou ?
R - Les caisses de grève elles sont où ? C’est pas quelque chose qui fait l’unanimité loin de là, au niveau… y compris des orga syndicales qui préfèrent éventuellement financer leur propres syndiqués quand ils sont des problèmes financiers. Moi je crois que c’est une question d’indépendance qui doit se poser à tous les travailleurs en lutte, sur quelque chose d’un peu long. Alors au niveau de Part Dieu, je suis dépositaire d’une, y a un lien facebook, pour les gens qui auraient envie de donner.
Là où ça existe, il faut demander aux militants qui pourront informer.
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