C’est pour une autre date que la ville est célèbre, le 29 décembre 1890 l’armée américaine massacrait entre 300 et 350 membres de la tribu Lakota Miniconjou à Wounded Knee. Il n’y a que quelques survivants. C’est le dernier grand massacre de l’ethnocide [2] qui se déroule en Amérique du Nord depuis la redécouverte de celle-ci par les Européens [3]. À partir de ce moment-là, c’est une politique agressive d’assimilation par l’école qui est mise en place par l’administration américaine. Plus de 100 000 enfants indiens seront envoyés dans des pensionnats jusque dans les années 60 pour être éduqués à l’image de leurs colonisateurs par des méthodes violentes. Il s’agissait alors pour le gouvernement de poursuivre le massacre des Indiens par la destruction des cultures des quelques survivants.
Quelque semaine avant l’occupation de Wounded Knee, l’orgoanisation s’était illustrée en incendiant le tribunal d’une ville proche de la réserve après que l’un de ces juge eut inculper l’assassin « blanc » d’un amérindien pour homicide involontaire et non pas pour meurtre. C’est cette action qui fera connaitre l’AIM aux chefs locaux de Pine Ridge.
Au début des années 70, les habitants de la réserve de Pine Ridge tentent de faire limoger l’administrateur de la réserve. Ils dénoncent la corruption et la mauvaise gestion du chef du Conseil tribal élu, Richard Wilson. Il est notamment accusé de favoriser les Indiens métis « assimilés à la culture américaine » au détriment des Indiens qui suivent toujours les systèmes de pouvoir traditionnels. Des conflits éclatent sur l’utilisation de la terre et on reproche notamment à Wilson la vente de terrain en dessous des prix du marché à des Américains. On souligne également les conditions de vie déplorables de cette réserve, l’une des plus pauvres des États-Unis.
Après avoir épuisé tous les recours légaux contre Dick Willson les habitants de la réserve se tournent vers l’AIM et réclament l’aide de l’organisation.
Cette opposition entre les pouvoirs traditionnels et les Conseils Tribaux à Pine Ridge est un problème que connaît aussi une bonne partie des réserves indiennes. L’historien Akim Reinhardt décrie l’organisation [4] politique des réserves depuis 1930 comme un système de colonialisme indirect mené au travers des Conseils Tribaux définies par l’Indien Reorganization Act de 1934.
Wounded Knee est donc pour l’AIM un double symbole, à la fois un lien avec le passé et représentation des conditions de vie présente de tous les peuples amérindiens aux États-Unis. Au cours d’une rencontres à Calico Hall entre les représentants des Oglala et l’AIM, cette dernière propose l’occupation de Wounded Knee. Gladys Bissonette et Ellen Moves Camp, deux oglala, appuient la proposition d’occupation au cours de longs débats et c’est finalement le doyen de la réunion, le chef Frank Fools Crow, qui tranche en faveur de l’occupation.
C’est ainsi que le 27 février 1973, un convoi de 200 Indiens armés traverse la réserve de Pine Ridge en direction du hameau de Wounded Knee et s’empare de ce dernier. L’épicerie du village est immédiatement pillée et les quelques Américains présents sont fait prisonniers. Le 28 février le FBI déclare que le mouvement est en possession du village. Les insurgés réclament une enquête sur la corruption et une rencontre avec le sénat sur la violation des traités indiens ainsi que le renvoi immédiat de Wilson. En réponse le FBI met en place le siège militaire de la ville, épaulé par des véhicules de transport blindés de l’armée de terre. Le 30 février deux sénateurs se rendent sur place pour rencontrer les prisonniers que les lakotas acceptaient de libérer en échange de leur venue. Ces prisonniers refusent pourtant d’être libérés et accusent le gouvernement américain d’être responsable de leurs captures. Les sénateurs repartent et le gouvernement repousse les revendications des occupants.
La présence massive de médias internationaux et le caractère symbolique dans l’imaginaire américain de Wounded Knee rendent l’assaut impossible pour l’administration américaine.
À partir de ce moment-là, commence le siège en lui-même, ponctué d’escarmouche nocturne. Les images de ces militants amérindiens en résistance contre les colons entrent en résonance avec la jeunesse amérindienne et de nombreuses personnes convergent aux alentours de la réserve.
Le FBI finit par poser un ultimatum à 6h du matin le 8e jour : ils exigent que les occupants quittent les lieux sous deux jours sans quoi ils donneront l’assaut. Les Amérindiens refusent les conditions et se préparent à mourir en combattant. Le gouvernement fait machine arrière le second jour après l’ultimatum et décide de lever le siège pour éviter un second massacre sous l’oeil des caméras. Ils espèrent ainsi également que le mouvement s’essouffle faute de rapport de force armée.
Le 11 mars 1973, après que de nombreuses personnes aient convergé en direction de Wounded Knee, apportant avec eux des vivres en grandes quantités, les dirigeants du mouvement déclarent l’indépendance du territoire. C’est le début de la commune de Wounded Knee, le hameau devient la nation Oglalas indépendante.... jusqu’à sa reddition le 8 mai 1973 où les autorités retrouverons une ville vidée de ces occupants.
Terres indiennes 5 - La révolte amérindienne de... par Karim_inde
Le petit documentaire ci-dessus est le cinquième d’une série largement inspirée du livre Enterre mon coeur à Wounded Knee (Bury My Heart at Wounded Knee) de Dee Brown, publié en 1971. Présentant pour la première fois l’histoire des guerres indiennes du point de vue amérindien, ce livre a participé à un changement du regard porté sur cette partie de l’histoire américaine au moment ou des mouvements comme l’AIM commençaient à prendre de l’importance.
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