Une opération de « nettoyage » à partir du 22 avril
Une opération de « nettoyage » des quartiers populaires de Mayotte a été décidée par le ministère de l’Intérieur et validée par Emmanuel Macron en personne lors d’un Conseil de défense. L’opération « Wuambushu », qui signifie « reprise » en mahorais, consiste à mettre fin à l’immigration « illégale » des personnes comoriennes et à combattre les deliquant-es à Mayotte, tout cela en moins de 2 mois.
Cette opération devrait commencer autour de ce 22 avril 2023, date de la fin du ramadan, mais aussi jour ou le Parlement est censé éxaminer la loi immigration. Il s’agit d’une décision opportuniste de Darmanin, qui a ses vues sur le poste de Premier ministre. Cependant, ce n’est pas tout : cette opération représente plus généralement un laboratoire d’expérimentation de la répression de l’immigration, qui n’attend que d’etre utilisée à plus grande échelle en France hexagonale.
Des forces de l’ordre venant de l’hexagone
+750 policier-es & 600 gendarmes
500 gendarmes et policier-es sont attendu-es sur l’archipel. Ces effectifs s’ajoutent aux 750 policier-es et 600 gendarmes déjà sur place. En plus de cela, une brigade de CRS 8, spécialisée dans les violences urbaines, est attendue sur place. La venue de cette brigade représentait « une première d’abord pour [Mayotte], mais surtout pour les Outre-mer après plus de 20ans d’absence. » [1] [2]
Couper l’eau des quartiers populaires
L’opération a trois buts principaux :
- Empecher les personnes sans-papiers d’avoir un toit en rasant 1000 logements illégaux dans lesquels vivent environ 5000 personnes.
- Faire la chasse aux personnes sans-papiers, notamment en leur coupant l’accès à l’eau et en les arretant lorsqu’elles vont chercher de l’eau aux rampes de distribution d’eau, sous controle militaire
- Emprisonner les personnes commettant des vols et rackets
Ces missions sont facilitées par la structure raciste et coloniale des lois francaises : l’article 197 de la loi ELAN permet aux préfets de Mayotte et de la Guyane de démolir sans attendre de décision d’un-e juge. L’archipel manque pourtant de place pour reloger les personnes françaises et détentrices d’un titre de séjour. Quant aux personnes sans papiers, le préfet compte les entasser dans des gymnases.
Une « atteinte au respect des droits fondamentaux des personnes étrangères »
La Comission National Consultative des Droits de l’Homme (CNCDH) a interpellé Gérald Darmanin pour lui demender d’annuler l’opération Wuambushu. Selon la CNCDH, cette opération risque de porter « atteinte au respect des droits fondamentaux des personnes étrangères dans le cadre d’expulsions massives ». Elle précise aussi que jusqu’ici les nombreuses expulsions « n’ont réglé aucun problème ». [3]
Lors de ces opérations, il est prévu de couper toute la circulation dans Mayotte afin que la presse, les services d’aide à l’enfance et les militant-es des droits humains ne puissent pas documenter les exactions en cours. Les services sociaux mahorais étant déjà saturés, la majorité des personnes délogées ne bénéficieront pas de relogement.
Mobilisons nous !
L’hypocrisie du gouvernement en ce qui concerne les territoires ultra marins se fait une fois de plus ressentir. Nous devons frontalement nous opposer à cette opération raciste et coloniale de l’Etat français. Des mobilisation ont lieu à Moroni ainsi que sur le territoire hexagonale !
Pour aller plus loin ...
-Les CRA à Mayotte
Le CRA mahorais est le plus grand d’Europe. En 2020, plus de 2000 enfants y étaient détenu-es, soit 15 fois plus qu’en hexagone. C’est sans compter les enfants enfermé-es en locaux de rétention administratif (LRA), dont les chiffres ne sont pas communiqués. La loi raciste Darmanin prévoit l’interdiction de l’enfermement des enfants en rétention, avec exeption pour Mayotte.
-Lesexpulsions à Mayotte
Mayotte représente la moitié des expulsions et enfermements dans les CRA du territoire français.
-Le régime dérogatoire mahorais
Il creuse les inégalités entre les Mahorais français et les Français de l’hexagone : plus de 75% des habitant-es vivent sous le seuil de pauvreté, le SMIC (-25%) et le RSA (-50%) sont plus bas à Mayotte alors que le cout de la vie est 40% plus élevé. Quant aux Français-es d’hexagone, iels reçoivent des salaires au niveau du cout de la vie à Mayotte. [4]
Front de Lutte pour une Ecologie Décoloniale
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