Ce compte-rendu (légèrement commenté) revient, dans un ordre chronologique, sur les relevés de réflexions et de conclusions présentés en assemblée générale. Pour planter le décor, on a ajouté quelques photos de la soirée. Il y avait vraiment du monde (800 selon une annonce au micro, ça semble réaliste), des stands de bouffe, une bibliothèque, des toilettes sèches, des stands divers et une sono pour les prises de paroles. L’ambiance était chouette. Apparemment, c’était aussi filmé par quelqu’un avec du matos (il a pris la parole) en plus des mutliples smartphones qui se relayaient pour capter des images. Comme le faisait remarquer un intervenant samedi, faudrait penser à faire un peu gaffe à l’anonymat des personnes.
Les rédacteur·es de ce compte-rendu se sont pointé·es un peu tard et sont reparti·es un peu tôt (le travail n’étant pas encore aboli), il est donc possible qu’ils soient passé·es à côté de certains éléments. N’hésitez pas à rattraper le coup en proposant des compléments d’informations.
Les commentaires que nous émettons sont surtout là pour noter des impensés dans ce mouvement qui rassemble largement. Il faut les voir comme une invitation à se saisir de ces thématiques pour les creuser un peu.
Éducation(s) et savoirs
Trois personnes prennent la parole pour évoquer les résultats des discussions des trois commissions éducation. L’une parle de modalités d’enseignement en évoquant notamment la piste ludique. La deuxième des inégalités sociales du système éducatif actuel et des moyens d’y répondre. La troisième se concentre sur l’état de l’enseignement supérieur, elle évoque aussi le besoin ressenti d’interventions de spécialistes capables de donner des définitions afin que les discussions soient facilitées sur certains points.
Une personne parle de la commission éducation populaire. Les participant·es proposent de se former à des techniques d’intervention dans l’espace public et plus particulièrement celle du porteur de paroles. Est aussi évoquée l’envie de faire intervenir des spécialistes pour parler de l’espace public.
Féminismes et rapports de genre
La commission sur les féminismes revenait du rassemblement devant le Consulat de Pologne en soutien aux femmes polonaises qui a rassemblé 200 personnes. Elle propose de réfléchir sur des slogans plus inclusifs, ou surtout non exclusifs, à développer des outils pour que la parole soit mieux répartie. Il est demandé aux participant·es de faire l’effort de féminiser leurs interventions, de ne pas présager du genre de la personne qui parle en ne lui en assignant pas un d’office et de ne laisser passer aucun comportement dominant et excluant (qu’il soit sexiste, raciste ou autre). Après l’intervention de masculinistes samedi, ce dernier aspect était particulièrement bienvenu. Les propositions de cette commission ont été accueillis par des applaudissements.
Réduction du temps de travail ?
La personne pour la commission réduction du temps de travail qui prend la parole commence par insister sur le fait qu’on arrêtera pas tant que la loi ne sera pas retirée. Est évoqué le gain de productivité de l’industrie et des services durant les dernières décennies et que celles-ci devraient permettre de moins travailler. Rien n’est dit sur le sens de ces gains, ce qu’on regrette un peu. Pas de proposition concrète mais ça semble logique vu la nature de la commission, quelqu’un dans la foule propose toutefois une solution : la grève générale.
Anecdote sympa : on repère durant cette intervention le passage de plusieurs livreurs de bouffe à vélo qui s’arrêtent au milieu de leur soirée de boulot. Quand on connaît les conditions pourries dans lesquelles ils bossent, on se dit qu’ils ont en effet toute leur place dans les discussions sur le travail.
Création d’une brigade de clowns activistes à Lyon
La commission clown annonce ce... qu’on a mis dans le sous-tire. On espère juste que les clowns locaux seront véritablement activistes et pas juste des pitres. Ce n’est malheureusement pas le cas partout.
Projections de films à venir
La personne qui prend la parole, et qui évoque beaucoup les militant·es d’Alternatiba [1] qui participent à cette commission, explique que projeter des films militants permet à la fois de connaître l’histoire des luttes et de se rafraîchir la mémoire. On connaît l’horaire du film de mardi, l’An 01, qui sera projeté à 22h, pas encore celles des suivants. Ceux-ci seront : mercredi Democratia, jeudi Les Lip, l’imagination au pouvoir et vendredi un film au nom inconnu sur les luttes d’Alternatiba.
Des solutions contre la financiarisation de l’économie ?
La commission finances et banques a débattu de la décorrélation entre économie réelle et économie financière. Ses membres ont aussi essayer de définir le capitalisme (on dit ça comme ça mais un type comme Marx a dit des choses pas bêtes sur le sujet, d’autres aussi bien sûr), de la création monétaire, de l’indépendance politique des banques centrales européennes et américaines et des problèmes que cela pose et, enfin, des outils actuels de régulation de l’économie.
Les solutions proposées sont classiques et puent l’altercapitalisme sauce économie sociale et solidaire : les monnaies locales (à Lyon, elle s’appelle Gonnette), les financements directs participatifs (qu’ils soient en monnaie trébuchante ou via des plateformes internet) et les banques dites « différentes » que sont le Crédit Coopératif et la Nef. Ça vaudrait le coup de se pencher sérieusement sur ces banques pour se rendre compte si elles sont si différentes et sympathiques... Comme ça vaudrait le coup de se demander à quoi sert de créer des monnaies alternatives dans la mesure où la monnaie est l’une des bases mêmes du capitalisme.
Ce que parler veut dire : « casseur » ?
La commission langage a pour objectif de s’intéresser aux fonctions de celui-ci et à ce qu’implique le fait d’employer un terme plutôt qu’un autre. Elle s’est arrêtée (et proposait de continuer la réflexion) sur un vocabulaire souvent employé par les médias, mais aussi par des manifestant·es, celui de « casseur ». L’objectif était de réfléchir sur ce terme pour mieux le maîtriser et décider de le bannir ou de se le réapproprier ou se déclarant par exemple, « tous casseurs » [2]. Les termes qui devraient être étudiés dans les prochains jours devraient être bienveillance et consensus.
Liberté, égalité... kézako ?
Marqueur de la grande hétérogénéité politique de ce mouvement, une inattendue commission « devise nationale » a débattu de la manière dont les institutions actuelles mettent de moins en moins en œuvre les deux premiers termes gravés sur les frontons des mairies que sont « liberté » et « égalité ». Pas grand chose de prévu pour améliorer le problème, ou alors on n’a pas retenu ce qui a été dit parce que cette question ne fait pas grand sens pour nous.
Arrêter l’exploitation animale ?
La commission antispécisme projette de faire de la sensibilisation à l’exploitation animale avec la commission bouffe, de distribuer de la nourriture vegan et de diffuser un film qui reste à définir.
Tous et toutes à Vaulx-en-Velin le 13 avril !
Un lycéen de Doisneau prend la parole pour la commission action. Il rappelle le rendez-vous de mercredi à 14h et annonce que l’endroit initial va changer suite à une interdiction préfectorale. À ce stade le rendez-vous devrait être devant le lycée Robert Doisneau à 12h30 pour un pique-nique puis à 14h pour le rassemblement et d’éventuelles actions.
Plus d’informations sur ce rassemblement en cliquant ici.
Des graines à disséminer
La commission jardinage a annoncé qu’elle allait procéder à la distribution gratuite de semences malgré le fait que ceci soit interdit, cette décision a été saluée par des applaudissements nourris. Est actuellement en réflexion la manière dont sera célébrée dimanche la journée internationale des luttes paysannes. Plus tard, une personne a suggéré qu’à cette occasion soit projeté le film Tous au Larzac.
Le point sur l’occupation de la place Guichard
Quelqu’un prend la parole pour parler des rapports avec la préfecture et de l’autorisation d’occuper la place Guichard. Celle-ci est actuellement valable jusqu’à mardi 12 avril minuit puis à partir de jeudi 14 avril (ce jusqu’au 22 avril). Le message de la préfecture est que s’il n’y a pas de « heurts », l’orateur précise « si c’est pacifique », alors il n’y aura pas de problèmes pour occuper mercredi soir. En revanche, prévient-il, dans le cas contraire ce sera compliqué.
On comprend la difficulté de traiter avec la préfecture de l’occupation d’un lieu accueillant des centaines de personnes mais on aurait pu imaginer qu’un autre terme que « dégradation » aurait pu être employé pour justifier la position de celle-ci en parlant de trois graffitis sur les toilettes publiques. Celles-ci avaient ce soir été bâchés par les gentils organisateurs en prévention de récidive.
Dans la foule, des personnes crient « On est nombreux, on fait ce qu’on veut ! » ou « La place est à nous ! ».
Crieuses de rues et poètes
La commission poésie a été rejointe le 11 avril par des crieurs et crieuses de rue qui vont mettre en place un dispositif permettant à celles et ceux qui n’osent pas s’exprimer en public de le faire par leur entremise (soit en leur confiant un message de bouche à oreille, soit grâce à une boîte-à-lettres dédiée).
La commission poésie va organiser des « interventions artistiques et pacifiques » dans l’espace public, ça commence mardi 12 avril place Guichard.
Annonce de la condamnation d’un camarade
L’open mic commence. Une personne prend la parole pour annoncer qu’un camarade a été condamné à 8 mois dont un ferme avec mandat de dépôt (il dort ce soir en prison). Elle rappelle l’existence de la Caisse de solidarité et la nécessité de la soutenir.
Une petite partie de la foule scande « Police partout, justice nulle part ! »
Pour plus d’informations sur cette condamnation, cliquez ici.
À propos de communication et de médias
On n’a pas vraiment entendu de point de la commission communication ou de la commission médias. Mais au début de l’open mic, il y a eu plusieurs interventions sur ce sujet.
Une première personne rappelle les outils de communication et de diffusion mis en place par Nuit Debout Lyon : un site, un forum et un chat (il y a aussi un compte twitter et un compte facebook). Le chat est dédié à l’organisation, le forum du site doit permettre aux commissions de déposer les compte-rendus de leurs discussions et de poursuivre celles-ci en ligne. Elle rappelle aussi l’importance du tractage pour toucher celles et ceux qui n’ont pas d’accès aux outils numériques.
Une deuxième personne parle du pouvoir des médias alternatifs, sans citer d’exemple, qui ont le pouvoir de pousser les médias mainstream à infléchir leur ligne. Pour dire cela, il s’appuie sur le cas de France 2 et des images de guerre en Syrie empruntées aux Russes et faussement attribués à la coalition France-USA. On ne voit pas trop le rapport mais on est d’accord sur le principe. Cette personne invite la foule à « encourager ses médias alternatifs » et à « leur donner une audience » notamment en les partageant sur Facebook.
Une troisième personne indique que des groupes vont partir faire des interviews d’habitants de banlieues « pas assez présents ce soir » pour « donner une visibilité à leurs paroles ». Ceci, précise-t-elle, doit être fait avec « toute l’humilité possible ». Tonnerre d’applaudissements. Rien n’est précisé sur le moyen de donner de la visibilité aux paroles recueillies.
Que personne n’évoque le fait de se saisir des médias locaux et ouverts que sont Rebellyon ou Radio Canut nous ennuie. Non pas parce que ce sont des médias dont nous sommes familier·es et auxquels nous avons envie de contribuer un peu. Mais parce qu’on a l’impression que malgré la deuxième intervention, personne ne se rend compte de l’importance actuelle de ces espaces d’expression et de l’inutilité qu’il y a à créer une énième plateforme qu’il sera, passées les premières heures d’enthousiasme, difficile d’alimenter et qui restera sans doute confidentielle. Que cette plateforme permette des réflexions en interne est un bonne chose. Mais pour communiquer vers l’extérieur, il est à la fois moins énergivore et plus efficace de s’appuyer sur des outils existants et reconnus.
De la nécessité d’arracher le retrait de la loi travail
Il est 22h45, une personne prend le micro lors de l’open mic pour rappeler qu’on lutte contre la loi travail et qu’il faut au moins arracher son retrait, parce que sinon on aura discuté des heures mais on aura rien gagné.
C’est seulement la première intervention depuis plus d’une heure qui cause du mouvement actuel contre cette loi. Ça commençait à manquer et ça fait du bien.
Il est déjà tard et on rentre afin d’avoir le temps d’écrire ce compte-rendu avant de dormir. Demain, on reviendra voir.
Nora D. et Thibault G.
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