Naze comme un nazi
Commençons par les plus marrants, dans leurs objectifs comme dans leurs pratiques : les fachos du Bloc Identitaire. Comme d’habitude, leurs initiatives tiennent davantage du plan com’ que de la marche sur Rome (les fans de Mussolini comprendront). Après être allés commander des burgers avec des masques de cochons, après avoir pris le métro en gilets jaunes à dix pour « lutter contre l’insécurité », nos grands angoissés de l’identité proposaient leurs services aux banquiers et aux commerçants friqués de la presqu’île, leur promettant de protéger leurs vitrines face à la horde de casseurs attendus le 29 dans les rues de Lyon. Incapables de s’assumer politiquement, c’est-à-dire incapables de s’assumer comme des fascistes voulant en découdre avec les antifascistes, le Bloc Identitaire a donc ressorti sa vieille lubie du devenir-vigile. Devenir des vigiles qui défendent la France [1], porter secours aux quartiers bourgeois et ennuyeux où rien ne se passe jamais : quel programme politique renversant.
Si le projet de base était déjà assez minable, sa mise en acte s’est révélée pitoyable ; comme à chaque fois que ce groupuscule veut s’attaquer à la « racaille ». Que ce soit lors du mouvement contre les retraites de 2010, le soir des matchs de l’Algérie au cours du mondial 2012 ou samedi dernier, donc, en marge de la manifestation anti-FN, les Identitaires finissent toujours par se faire chasser, ou encercler par les flics, et le plus souvent ramenés bien sagement au poste de police du coin pour un contrôle d’identité. Là, ils étaient juste inexistants.
La police à la rue
Du côté des forces de l’ordre, on avait pourtant mis les gros moyens. Des déclarations fracassantes faisaient état de plusieurs centaines de casseurs prêts à déferler sur la ville mais aussi d’un dispositif à la fois tenu secret et « approprié », en vue « d’empêcher tout débordement et actes de violence » et de protéger la rue de la République. Sur le terrain, 1000 policiers (dont 12 compagnies de CRS et gendarmes mobiles), 2 canons à eau, des grilles anti-émeutes et un hélicoptère.
Deux heures avant le début de la manif, des contrôles de police se mettent en place aux abords de la place Jean-Macé (train, tram et arrivée à pied). Ce qui permet déjà une douzaine d’arrestations préventives, parfois au cœur même du rassemblement et sans déclencher la moindre réaction du côté des officiels de la CFDT ou de Solidaires. Des gens « de gauche » comme on dit, des « citoyens engagés » venus pourtant manifester contre le fascisme. Et quoi de plus évocateur en matière d’État policier qu’une dizaine de flics en tenue anti-émeute, venant prélever sur les indications de quelques civils des grappes de manifestants au look un peu trop détonnant ? Mais non, là c’est pour la bonne cause, n’est-ce pas, c’est pour que la manifestation se passe dans le calme, pour le maintien de l’ordre public en somme. Bravo.
Pendant tout le week-end, la police était donc présente en force dans les rues lyonnaises. Et pourtant un cortège en noir se rassemble rapidement. Et pourtant la manifestation dégénère au bout de deux cents mètres. Le dispositif policier est déjoué dès le début.
Une dizaine de banques et d’agences d’intérim attaquées, les vitres du Mac Do de la place du Pont étoilées, 11 flics blessés à l’issue des affrontements dont un commissaire du renseignement territorial tabassé et mis au sol avenue Jean-Jaurès. Panique au quartier général : les flics sont tellement persuadés d’avoir été débordés et que leurs lignes ont été percées que les gradés ordonnent de bloquer tous les principaux accès au centre-ville ! On voit des camions-grilles se déployer en travers de la plupart des ponts menant à la presqu’île, idem pour les tunnels de Fourvière et de la Croix-Rousse. Pour fêter la tenue du congrès du FN à Lyon, la police est donc parvenue à bloquer le cœur de la métropole, un jour d’affluence commerciale record. Bravo.
Bien qu’ayant découpé la manifestation en plusieurs morceaux et après l’avoir chargé à plusieurs reprises [2], le résultat est assez maigre en termes d’arrestations. C’est qu’il faut dire que la solidarité pratique entre manifestants (au moins deux desarrestations) associée à la confusion régnant au sein des cortèges, et le fait que la queue de manif (chargée dès le début par la police) soit devenue tellement liquide, se soit tellement répandue dans toute la manif, leur a compliqué la tâche. Les flics ne parviennent à interpeller qu’une demi-douzaine de personnes ; dont cinq seulement vont effectivement être jugées pour des faits d’atteinte à l’intégrité morale et physique de ces pauvres policiers chahutés, désorientés et au final un peu ridiculisés [3].
Comme à chaque fois que la police perd la main dans une situation de maintien de l’ordre, c’est le préfet du coin qui ramasse. Carenco s’est fait salement tiré les oreilles. Alors, dans un premier temps, un brin revanchard, il envoie une compagnie de CRS mettre la pression sur un concert punk se déroulant le soir même [4] ; puis ensuite, nouvelle opération de com’ pour sauver les apparences et défendre le bilan des forces de l’ordre : « alors oui finalement il y a eu de la casse, oui des fonctionnaires de police ont été blessés dont des gradés mais grâce à nous aucun incendie de poubelle ni aucun pillage ne se sont produits, hein ». Comme si endommager un distributeur de billets permettait de braquer une banque, ou si en éclatant la vitrine d’une agence d’intérim on cherchait à repartir avec du boulot... Bon comme il ne sert à rien de tirer sur l’ambulance (alors qu’il est toujours sensé de prendre pour cible un fourgon de gendarmes mobiles), examinons ce qui paraît fondé dans la défense du préfet : c’est qu’il n’a pas tout à fait tort et le harcèlement policier a bien empêché quelque chose, même si évidemment il ne s’agit pas des pillages du centre-ville par des hordes de sauvage [5].
« Siamo tutti lapins de Garenne » ou malheureusement nous ne sommes pas encore tous le black block, qui n’a pas appris à se tenir
Échec aussi, finalement, pour la « manifestation déterminée et populaire contre le FN et le racisme d’État » et ses différentes composantes : la coordination nationale contre l’extrême-droite (la désormais fameuse CONEX : un rassemblement d’organisations de gauche et citoyennistes, dans l’ensemble), les organisations libertaires, et des gens, des groupes ou des bandes qui se sont organisées pour venir à cette manif sur la base d’un appel offensif, à la fois contre l’extrême droite et les « violences policières » (autrement dit la police). Trois composantes mais en gros deux options pour la manif : que les choses se passent « pacifiquement et dans le calme » (cf. l’appel de la CONEX), ou « de manière offensive et déterminée » (cf. le premier appel diffusé cet automne).
Manifestement, ça ne s’est pas passé dans le calme, manifestement il y a eu des gestes offensifs posés. Mais la manifestation a été également le théâtre de pas mal de confusion au niveau des déterminations – dans le jeu entre les déterminations. La manif n’est pas allée à son terme, elle n’a pas pu marcher sur la tête des frontistes, encore moins approcher du congrès.
Du côté du CONEX au moins les choses sont claires : la journée du 29 a été un fiasco et de toute façon c’était mal embarqué depuis le début. L’idée d’organiser un événement à l’occasion du congrès du FN a bien circulé dans les réseaux antifascistes institutionnels, mais on sentait bien que les orgas n’osaient pas trop y aller, sans doute parce que pas mal de responsables ne se faisaient plus d’illusion sur les capacités de la gauche à mobiliser effectivement dans la rue, face à l’extrême-droite. Autre problème : un appel est bien sorti, mais émanant de forces autonomes appelant à une manifestation offensive, et il a fallu courir après les événements, en sortant un autre appel à manifester cette fois dans les clous et la légalité républicaine (mais avec un concert à la fin, on est pas que triste à la LDH ou au Front de Gauche). Après, des rapports plus ou moins officieux ont commencé à faire état d’une mobilisation importante dans les milieux radicaux en France et en Europe, dans le contexte d’agitation lié à l’assassinat de Rémi Fraisse, et ça a été une nouvelle course : réussir à faire venir suffisamment de monde pour, sinon noyer les radicaux, en tout cas ne pas être éclipsé par cette tentative politique autonome... Et là, patatras, syndicats et partis politiques de gauche n’ont réussi à mobiliser que quelques milliers de sympathisants, à peine plus que les libertaires et les incontrôlé-es (et surtout bien moins que n’importe quelle Manif pour tous). Résultat des courses : tout le monde ne parle que des « casseurs » que les différents SO n’ont pu que laisser opérer, les bras ballants et les yeux déjà un peu larmoyants.
Défaite en terme de mobilisation, défaite dans la tenue de la manif et pour finir défaite politique pour le CONEX, qui perd toute dignité en signant dès le dimanche 30 novembre un communiqué de dissociation misérable et plaintif :
[la manifestation] a regroupé près de 5 000 personnes qui ont pu manifester pacifiquement et en musique de la Place Jean Macé jusqu’au cours Gambetta, mais pas au delà : pourquoi ?
Parce que des provocateurs très organisés en petits groupes mobiles et violents ont infiltré et commis des exactions que nous dénonçons et condamnons.
Nous nous interrogeons sur l’efficacité du dispositif policier et son incapacité puisqu’il n’a pas su isoler et neutraliser ces provocateurs. De fait, le cortège s’est trouvé fractionné, une partie encerclée et notre service d’ordre coupé en deux ; obligeant la tête de la manifestation à la dispersion à la hauteur de la passerelle du collège sous les grenades lacrymogènes.
Depuis plus d’un mois, les organisateurs de la manifestation autorisée et les autorités de police avaient pourtant préparé cette manifestation, qui s’est déroulée sans incidents jusqu’à Saxe-Gambetta.
Nous nous interrogeons également sur qui sont ces provocateurs qui ont dénaturé l’objectif et le message de notre manifestation, ce dont seule l’extrême droite peut se féliciter.
Pour la CONEX, une manifestation qui se passe bien est une manifestation encadrée par des forces de l’ordre efficaces, par ces même flics qui raflent quotidiennement les sans-papiers et qui assassinent à l’occasion un jeune dans une manifestation ou lors d’une descente pour pacifier un quartier un peu trop bouillant. Pour la CONEX, une manif qui se passe bien c’est une manifestation où les « provocateurs » sont neutralisés, peut être à coup de flash-balls ou avec une bonne grenade offensive lancée à hauteur de jugulaire. Pour la CONEX, une manifestation qui se passe bien se déroule dans le calme et dans le respect du jeu démocratique. Ce même jeu qui tourne particulièrement ces dernières années autour des thèmes de la sécurité et de l’immigration et qui vient logiquement de porter le FN au rang de premier parti de France lors des dernières élections européennes. Ce sale petit jeu dont on commence à en avoir plein les jambes. Voilà en quoi consiste la défaite profonde du CONEX : ne pas avoir compris que manifester à côté du FN (sans chercher à perturber réellement son congrès) c’était manifester aux côtés du FN, c’est-à-dire en cautionnant le système démocratique qui le fait prospérer et qui peut-être un jour le portera aux responsabilités [6].
Pour ce qui est du pôle offensif de la manif : on a beaucoup parlé de lui en début de semaine, mais contrairement à ce qu’imaginent peut-être un préfet aux abois ou un militant floué, les impressions de tout un tas de gens qui se sont projetés vers ce moment offensif sont assez mitigées. Malgré le nombre de flics et la pression policière au départ, malgré les communiqués menaçants dans la presse, beaucoup de monde s’est ramené sur la base de l’appel offensif et dans des dispositions offensives. Mais il a manqué des éléments de cohésion, et sans doute d’autres déterminations que celles qui s’appliquaient au travers des attaques ciblées pendant le cortège ; il a manqué de quoi faire naître une force capable d’emmener la manif plus loin géographiquement et politiquement : dans un premier temps, partir réellement vers le congrès du FN quitte à être bloqué par la police sur la route et la bousculer ; ensuite, dans la séquence ouverte par la mort de Rémi Fraisse, tenir un affrontement de rue un peu plus massif, en tout cas un rapport de force tel que ce soit la manif qui constamment décide où aller et que faire.
Vu la puissance déployée et le nombre, y’a ce sentiment qu’on est passé à coté de quelque chose. Problème de rythme, de compositions entre les pratiques, de tenue d’ensemble aussi (dès les premières charges, la « tête » de manifestation gérée par le CONEX accélère le pas, jusqu’à se mettre pratiquement à courir, sur ordre de la police, ce qui a eu pour effet d’étirer la manifestation et de permettre aux flics de procéder à des nasses sur des cortèges). C’est parti très fort et très vite. Après dix minutes de temps suspendu, où on ne sait pas où va nous mener cette après-midi et cette course, c’est la débandade, une dispersion d’abord latente puis irrémédiable : deux charges de flics, quelques lacrymos et les quinze gardes mobiles sacrifiés pour faire barrage à l’émeute avant les Terreaux n’ont pas dû en revenir eux-même d’avoir comme stoppé une avalanche virtuelle. Une demi-heure et déjà tout est fini.
Deux mots à propos de la casse. Peut-être que la première chose que casse un « casseur », c’est un certain consensus. Consensus qui veut qu’une manif réussie ne soit qu’une démonstration de force symbolique, une façon d’être compté pour peser l’espace d’un instant sur une abstraction comme « l’opinion publique ». Peut-être que la casse, et tout un tas d’autres pratiques de rue, incarnent la fin de ce consensus, la fin d’une certaine dépossession quant à la présence : qu’est-ce que peuvent des gens dans une rue, qu’est-ce que peuvent des corps déterminés dans une rue commerçante – et y a-t-il autre chose que des rues commerçantes dans le centre-ville de Lyon ? La casse est une possibilité. Parmi mille autres. Qui n’a pas aidé la manif à se tenir, c’est certain. Mais en tout cas, tant que le consensus n’est pas brisé, pratiquement brisé, il y aura toujours des gens pour croire à des titres de presse comme, il y a quelques semaines : « Les hommages à Remi Fraisse gâchés par des casseurs », c’est-à-dire pour croire à l’existence d’un camp qui rassemblerait écologistes, policiers, manifestants pacifiques, gouvernement, partis de gauche, etc. tous unis pour que les manifs se passent bien face à ceux œuvreraient dans la mauvaise direction, ceux qui ne comprennent rien à rien, les « casseurs ». Ce qui est une conception assez étonnante de la réalité quand on sait que Remi Fraisse a été buté, au cours d’affrontements sur une ZAD, par un gendarme aux ordres d’un gouvernement socialiste.
Il y a des gens qui tiennent tellement au consensus démocratique, et qui sont si convaincus d’appartenir au camp du Bien, qu’ils croient sincèrement que les actions contre les marchands étaient l’œuvre de groupes fascistes. Il y en a d’autres qui transpirent tellement la mauvaise foi qu’ils ne peuvent s’empêcher de colporter ces vilaines rumeurs pour restaurer le consensus démocratique coûte que coûte.
Plus généralement, il faut en finir avec la conception cybernéticienne de la manifestation bien en phase avec l’air du temps et les réseaux sociaux : une manif n’est pas un système envoyant de l’information à un autre système (l’opinion publique, le gouvernement), l’un et l’autre rétroagissant de concert. Une manif n’est pas un moment où on fait passer de « l’information » à un public – d’où l’invraisemblance de phrases comme « Nous détruisons pour passer un message » (Lyon Capitale) – mais un moment de composition, d’affrontements entre des forces : on marque le coup, on pose une ambiance ; on gagne ou on perd quelque chose dans une manif. Ou alors on se promène.
Et la prochaine, comment on gagne ?
Évidemment avec des « si », c’est toujours plus simple de découper le maillage policier qui nous a enserré toute la journée. La dimension du dispositif policier et la puissance répressive nous échappent largement. Pourtant il y a bien des éléments de victoire qui sont toujours à notre portée, et qui nous appartiennent en propre. Comment les pratiques se composent, quelle puissance on en retire, comment se rendre rejoignable pendant ces moments et au-delà. Des mouvements massifs et populaires qui articulent manifestations, sabotages, pique-nique familiaux, moments émeutiers, grandes assemblées existent ailleurs en Europe : le mouvement No-Tav en Italie, les luttes pour le logement ou la "grève de Tout-es" en Espagne, le mouvement des places de Barcelone jusqu’à Taksim. C’est aussi ce qui s’est ébauché avec la lutte de Notre-Dame-des-Landes dans l’ouest de la France. Et qui se poursuit avec la ZAD du Sivens et celle de la forêt de Chambaran.
La situation est ouverte. Tout le monde déteste les banques, ces grands centres de la crise permanente qu’on appelle « l’économie » et qui nous dépossède de notre temps, de nos amis, qui fait de nous des « agents calculateurs » avec leur petit compte en banque. Tout le monde déteste Mac Do, que ce soit ceux qui y mangent, ceux qui boycottent ou celles qui y taffent comme des larbins. Tout le monde sait que s’opposer à la France sécuritaire et raciste implique de lui opposer autre chose, d’autres manières de vivre et de partager qui placeront nécessairement la police sur notre route. N’importe quel syndicaliste sait qu’une grève conséquente, une grève qui bloque réellement quelque chose (la production, la circulation) provoque l’intervention des forces de l’ordre et donc l’affrontement plus ou moins ouvert avec les flics.
Tout est dans la manière. Il n’y aurait pas eu de quoi pleurer, au CONEX, si à l’alternative entre danser sur de la mauvaise musique aux Terreaux, et aller empêcher les conciliabules des militants du Front National (quitte à s’affronter à la police nationale), plusieurs centaines de manifestants avaient répondu par un cortège sauvage. C’est sans doute le timing et leur propre lâcheté – ou ambiguïté, pour être poli – qui leur pèse sur l’estomac à cette heure (organiser une manif contre le FN sans penser à aucun moment à aller le chercher, c’est quand même très bizarre). Dans la situation, il nous manque sans doute des rythmes communs, un peu d’agilité et de tact (et on reste sans doute encombrés par pas mal de folklore). Et dans la constitution au plus long cours de mouvements, il faut sans doute trouver les moyens pour partager davantage les intelligences et les perceptions des situations dans lesquelles on peut être amené à débarquer : comment on sent telle manif, à quoi on s’attaque mais aussi à quoi on tient, de quoi veut-on prendre soin dans la situation, ce qui mérite de la considération et ce qui est à chier. Jamais pour uniformiser ou restreindre nos gestes mais pour qu’ils communiquent leurs puissances. Imaginons, par exemple, si la détermination d’aller au congrès avait été suffisamment claire et partagée, si la CFDT avait forcé la ligne de flic et projeté dans le Rhône les canons à eau avec leur beau semi-remorque, débordant de musiciens amateurs et extatiques [7]...
En tout cas ici, cette journée s’est inscrite dans le cadre des autres manifs qui ont réagi à la mort de Rémi Fraisse. Lesquelles manifs ont presque toutes avortées, bloquées au départ par des nasses policières. Le gros bordel du 29 a donc surpris tout le monde. Il a renversé la perspective du début du mois de novembre où tout le monde s’était résigné à ce que rien ne soit possible localement. Ce qui est enthousiasmant pour la suite, c’est que cette étrange « défaite » vient en grande partie de nous, de notre incapacité à prendre calmement la mesure de notre propre puissance, à être une force – et non de la police.
Après un meeting du FN pour les municipales perturbé à Rennes en début d’année, on peut au moins espérer que ce rendez-vous manqué du 29 s’inscrive comme une promesse de plus : chaque date importante dans l’organisation du parti de l’ordre sera l’occasion d’un débordement dans nos rues, moments de fêtes ou d’affrontements, moments décisifs aussi, pour grandir.
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