[Sainté] Rencontres antimilitaristes

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La guerre ne s’arrête jamais, la paix étatique et capitaliste n’en est jamais une pour tout le monde, la séparation entre « l’ennemi extérieur » et « l’ennemi intérieur » n’est qu’une question de choix de tactique, la « sécurité » n’est que la face « civile » du contrôle social. C’est le monde dans lequel nous vivons déjà et qui nous insupporte.

  • Le lieu pour les rencontres est là ! RDV à la MJC des Tilleuls, 8 rue du pavillon chinois à Sainté.

     

Programme non définitif et sujet à changement
DATE : Dimanche 10 Novembre 2024
LIEU : MJC des Tilleuls, 8 rue du pavillon chinois, Saint-Etienne

10h : accueil : thé café infokiosques

11h : Militarisation : état des lieux (lois, embrigadement, économie)
Pourquoi on est contre la guerre et pourquoi les états sont pour ?
Proposition ouverte pour les échanges et activités de l’après-midi.

12h30 : bouffe prix libre

13h30 : Exposé (court) sur le SNU et d’autres dispositifs d’embrigadement
Suivi d’ateliers de construction d’outils de lutte

15h30 : Industrie de l’armement en Auvergne Rhone-Alpes, exposés (courts)
suivis d’atelier de construction d’outils de lutte

18h : Assemblée Générale antimilitariste.


+toute l’après-midi : ateliers affiches et banderoles, ramène du matos !

« La guerre, demain ? »
Lors d’un colloque portant ce nom qui s’est tenu en mai 2024, l’État major décortiquait trois scénarios imbriqués :
- des tanks ennemis envahissent un État de l’OTAN ;
- un événement perturbe un État tiers et la France y installe des bases militaires pour prêter main forte au pouvoir ;
- des révoltes éclatent sur le territoire français et doivent être matées.
Les deux derniers cas de figures ne justifient visiblement pas l’intitulé du colloque, puisque autant les opérations dites de « maintien de la paix » (près de 10 000 soldats français sont aujourd’hui déployés à travers le monde dans le cadre des « opérations extérieures ») que le durcissement et la militarisation de la répression des révoltes sociales (dits « le maintien de l’ordre ») sont à l’œuvre de longue date, hier comme aujourd’hui. La guerre ne s’arrête jamais, la paix étatique et capitaliste n’en est jamais une pour tout le monde, la séparation entre « l’ennemi extérieur » et « l’ennemi intérieur » n’est qu’une question de choix de tactique, la « sécurité » n’est que la face « civile » du contrôle social. C’est le monde dans lequel nous vivons déjà et qui nous insupporte.

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En revanche, l’attention portée au premier scénario, que les bidasses désignent comme « guerre de haute intensité », bouleverse effectivement nos perspectives immédiates. Peu importe sa plausibilité, en suivant le schéma tristement familier de la « gestion de crise », elle justifie l’instauration d’un état de guerre. De cette instauration, c’est le volet du discours qui saute le plus aux yeux. La propagande médiatique nous bombarde d’images choc nous enjoignant à « choisir notre camp » quitte à surfer sur le nationalisme des plus fétides. Le langage du pouvoir prend des accents toujours plus orwelliens, entre l’affirmation de plus en plus décomplexée d’intentions sordides et le mélange des genres rendant l’exercice de la pensée difficile : le SNU est présenté comme un « outil d’émancipation et d’engagement citoyen » (dixit le ministère de l’éducation, septembre 2024, traduction : embrigadement, Marseillaise et levée des couleurs) ; le ministre des armées Lecornu encourage le « patriotisme du capitalisme français », à savoir son aptitude à faire du profit sur la guerre et toujours plus d’armes « made in France » en circulation dans le monde ; l’État major n’hésite plus à évoquer le « potentiel sacrificiel national ». Depuis plusieurs années, l’atmosphère militariste monte en pression. L’imaginaire de l’ennemi assoiffé de sang, couplé à la possibilité réelle de déclenchement d’une guerre mondiale, font grimper le thermomètre de l’angoisse. Celle-ci rend tout.e un.e chacun.e plus vulnérable aux manœuvres de l’État qui cherche à gagner l’adhésion « populaire » (union nationale) pour pouvoir disposer d’une réserve de citoyen.nes corvéables prêt.es à exécuter ses ordres, au front comme à l’arrière. Et de faire oublier que pendant que certain.es se font tuer (à la tâche, ou sous les bombes), d’autres se remplissent les poches et discutent stratégie dans des salons feutrés.

Mais l’instauration de l’état de guerre ne s’arrête pas au seul discours. Plus silencieuses, son infrastructure matérielle (industries de l’armement et financements publics) et la construction d’un cadre légal resserrant toujours plus l’étau du contrôle ont aussi fait ces dernières années des avancées considérables : augmentation sans précédents du budget militaire via la loi de programmation militaire, livret A finançant bientôt l’armement, loi de réquisition, loi sur les ingérences étrangères et autres dispositions qui accroissent les moyens de répression et de surveillance de celles et ceux qui remettraient en cause le bien-fondé de l’avenir kaki (les traitant en espions), etc. Si ici, la guerre « de haute intensité » demain est encore une question, l’état de guerre, lui, s’installe déjà, se normalise et risque de devenir permanent. Cette normalisation fait rejaillir à la surface plus intensément ce qui existait en « basse intensité » (Dassault n’a pas attendu la guerre en Ukraine pour vendre des Rafales à toute la planète), les lobbies et leurs magouilles se développent, les réseaux s’élargissent et les carnets de commandes se garnissent. Bien évidemment, industriels, labos de recherche et start-upeurs se frottent les mains de voir les flux financiers (et les fonds publics) s’orienter plus franchement vers le meurtre de masse.

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Cette situation, même lorsque nous en avons conscience, nous sommes beaucoup à ne pas vouloir la regarder de près. De toutes les perspectives accablantes dont notre monde abonde, celle de la guerre est peut-être la plus angoissante, pas uniquement parce qu’elle dévaste et qu’elle tue, mais aussi parce qu’elle confisque toute possibilité de choix et réduit à néant tout horizon de liberté. La guerre entre États exacerbe leur pouvoir, y compris celui de faire de nous des instruments de leur guerre. C’est certainement cette impuissance que nous voulons garder à distance lorsque nous fuyons ce « sujet », trop lourd, trop anxiogène car « sans issue ».

Nous sommes beaucoup à avoir connu l’état de sidération face à l’étendue du contrôle social déployé par l’État à une vitesse record pendant le confinement à l’occasion de la pandémie du Covid 19. Depuis, au moins, nous avons appris que nous pouvons nous attendre à tout. Pour lutter contre l’angoisse, il y a les cures de magnésium, mais il y a aussi d’autres moyens. Peut-être qu’on pourrait se dire que la peur n’éloigne pas le danger. Pire, qu’elle a tendance à nous faire perdre nos moyens faisant de nous des proies en puissance pour le premier sauveur venu, et l’État et ses institutions sont plutôt bien rompus à ce rôle. On peut chercher des sources d’inspiration dans les luttes antimilitaristes du passé. On peut se dire que si l’angoisse paralyse l’action, l’action peut, elle, desserrer l’étau de l’angoisse. On peut partir à la recherche de prises concrètes, en se fixant des objectifs atteignables, comme peut l’être celui, par exemple, de ne pas être dupes, de s’entre-aider à déjouer l’arnaque qui fait passer la soumission aux ordres pour du courage et le fait d’abandonner tout libre arbitre à ses chefs pour une « aventure » (pub de l’armée) ; bref, résister à l’embrigadement et l’empêcher d’atteindre ses cibles. On peut, enfin, ne pas taire la colère d’être traité.es en sacrifiables pour des causes que nous n’avons pas choisies et que nous jugeons abjectes : la course au profit entre industries de l’armement, le jeu de pouvoir pour le contrôle des territoires, des ressources et des marchés. Et on peut se rencontrer pour discuter de tout ça.

C’est pour toutes ces raisons que nous (quelques personnes qui nous posons ces questions) avons eu l’envie de proposer qu’on se retrouve pour une journée de rencontres anti-militariste. Pour y voir plus clair ensemble. Pour réfléchir à plein et se poser la question de « que faire », sans avoir peur de ne pas trouver de réponses à la hauteur de l’enjeu. Nous ne sommes, nous-mêmes, expert.es de rien, nous voulons donc laisser un maximum de temps et d’espace pour que chacune et chacun puisse s’emparer du sujet, chercher des prises, construire des outils de lutte et faire naître des envies d’agir !

Alors, rendez-vous le 10 novembre, à la MJC des Tilleuls, 8 rue du pavillon chinois, Saint-Etienne !

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