Les usines Bosch Vénissieux en grève le 5 avril : paroles de grévistes

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Loi travail

Les usines Bosch de Vénissieux sont en pleine « restructuration », comme l’expliquaient des délégués syndicaux vendredi. Mais leurs salarié·es sont déterminé·es à lutter pour maintenir leurs emplois et se sont mis en grève le 5 avril. Le début probable d’un bras de fer avec leur direction allemande. Mohammed, Georges, Hannan, Jonathan… ces travailleurs et travailleuses faisaient partie des plus de 100 personnes présentes sur le piquet ce mardi. Ils témoignent de leurs inquiétudes et de leur colère.

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Mohammed, avec l’article de Rebellyon de vendredi dans les mains
« Les combats, c’est toujours comme ça, faut les mener durement, mais faut les mener. »

« Je m’appelle Mohammed et je suis salarié depuis 9 ans à l’usine Rexroth. Je suis en grève aujourd’hui pour préserver l’emploi sur le site et la pérennité de l’emploi a Vénissieux pour ceux qui vont suivre. Je ne suis pas syndiqué mais je suis concerné comme tout le monde. On est tous concernés, y a pas de critère pour être concerné. On ne sait pas comment la boîte va réagir à notre grève, c’est au petit bonheur la chance, on peut présumer de rien tant que les discussions ne sont pas engagées, mais le mieux c’est de les interpeller maintenant.

Après, si la direction ne répond pas et qu’il faut rentrer dans le vif du sujet, on le fera et si ça doit durcir on durcira, on a pas le choix. Les combats, c’est toujours comme ça, faut les mener durement, mais faut les mener. On est content de la mobilisation d’aujourd’hui, mais on sera content quand on aura gagné ! »

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Hannan
« Il faut que ça pète. Vraiment. Faut arrêter d’être polis. »

« Je m’appelle Hannan, je travaille à Renault Trucks depuis 10 ans, je suis cariste et syndicaliste CGT. Mon père a travaillé toute sa vie à Renault, il n’a jamais eu le permis de conduire, c’était des bus qui les emmenaient à l’usine. Aujourd’hui la plupart des bus ont été supprimés, ça devient compliqué pour ceux qui vivent à la campagne et qui n’ont pas le permis. D’autre part, le personnel diminue d’année en année. C’est catastrophique. Je suis rentrée là-bas, on était 900, on est passé deux ans après à 600, et maintenant on est 200. Quand on nous dit qu’on ramène de l’activité… faut arrêter de se foutre de la gueule du monde.

Aujourd’hui, je suis en délégation, comme je fais partie de la CGT Saint-Priest, on est venu soutenir nos collègues de Bosch. Comme eux sont venus nous soutenir quand on avait des problèmes avec la direction de Saint-Priest. Pour nous c’est catastrophique. A Vénissieux, pour les moteurs, la moitié du personnel c’est des intérimaires, donc exploités à fond et les embauchés, on leur met la pression. Je pense qu’il faut que ça pète. Vraiment. Faut arrêter d’être poli, faut arrêter d’être gentil. On est trop gentil, on nous met trop de barrières, on nous dit " ça, il faut pas ", " ça,il faut pas "… Les gens sont arrivés à un stade où c’est plus possible et c’est plus gérable. »

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Mohamed et Georges
« On a tout inventé ici, on a tout mis au point ici, et ça marche. Et ils vont le donner ailleurs. »

« Je m’appelle Mohamed, je suis monteur à Rexroth depuis 36 ans. Personne ne peut dire qu’il n’est pas concerné par la situation. Même le directeur ne peut pas dire qu’il est pas concerné. C’est un leurre de dire qu’il y a une activité qui va partir et qu’y a une activité qui va rester. »

« Je m’appelle Georges, je suis auditeur qualité. Il y a deux activités, ici le distributeur dans le bâtiment A et dans le bâtiment B il y a le T.H., ce qu’on appelle télécommande hydraulique, c’est les joystick si vous préférez. Et c’est un ensemble qu’on monte sur une machine, donc s’il y a une partie qui part, l’autre elle va couler, automatiquement. Et eux ce qu’ils veulent, c’est envoyer le distributeur en Turquie et laisser le T.H. ici. Mais c’est impossible. Ce qui n’est pas normal, c’est qu’on a tout inventé ici, on a tout mis au point ici, et ça marche, et maintenant qu’est-ce qu’ils vont faire ? Ils vont le donner ailleurs. Toutes les inventions, même la pièce principale du fonctionnement d’une machine a été inventée par un ouvrier d’ici il y a quelques années vous voyez. Et maintenant on l’a développé, on est au top du top, on est les seuls au monde à le faire et maintenant ils vont le donner sur un plateau aux pays émergents, la Chine, la Turquie, etc. »

Mohamed : « C’est l’équivalent de la pompe à injection, l’ancienne pompe à injection, qui est devenue l’injection directe, qui a été créée ici à [Bosch] Diesel, et qui est produit dans le monde entier, sur toutes les voitures du monde. Le T.H.ça fera exactement la même chose. Petit à petit, quand ça sera très rentable, on les enverra ailleurs. »

Georges : « Au lieu de faire 5 % de marge, ils veulent 20 %, on peut résumer ça comme ça. Et en vendant les terrains une fois qu’on sera parti, ils pourront faire d’une pierre deux coups. »

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Jonathan
« On lutte aussi contre la loi travail. Si elle passe, ce sera plus facile de nous licencier. »

« Je m’appelle Jonathan, j’ai 30 ans et ça fait 10 ans que je bosse ici et je suis syndiqué à la CGT. Je suis monteur essayeur, j’essaie des distributeurs hydrauliques, je fais un peu de montage aussi, mon boulot c’est essayer des distributeurs sur des bancs hydrauliques. Aujourd’hui, le groupe Bosch nous demande de faire 19 millions d’économies. Ils nous ont fait la proposition de faire partir tous les distributeurs, c’est-à-dire les produits que je teste, en Turquie, pour les produire à bas coûts. Parce qu’ici en France apparemment on est pas assez rentable. Leur 2e proposition c’est de garder une seule ligne de montage et deux bancs d’essais, actuellement on a 4 lignes de montage, 7 bancs d’essais.

Grâce à ça on ferait des économies à hauteur de 17millions je crois. Ce qui serait toujours pas suffisant mais c’est la voie que la direction a pris. Ces 2 propositions-là ne nous conviennent pas. En faisant partir la prod, ça ferait licencier pas loin de 180 personnes sur 350 à peu près, garder 1 ligne de montage et 2 bancs d’essais ça ferait quand même licencier pas loin de 110 personnes. Je suis contre et c’est pour ça je suis en grève aujourd’hui. La proposition des syndicats et c’est sur celle-là que je compte particulièrement : rapatrier de la production qu’on a fait à partir entre 2009 et 2011, en Chine, en Turquie , en Inde, pour récupérer un peu de boulot et augmenter notre chiffre d’affaires. Grâce à ça, on réaliserait 12 millions d’économies, mais bon ça suffit pas à la direction.

A mon avis, Bosch a envie de fermer tout le site de Vénissieux, vendre le terrain, c’est un peu la voix qu’on nous fait sentir en ce moment donc l’avenir est pas trop bon. Mais, on verra ce que ça donne, on va faire des propositions en avril, on en saura un peu plus au mois de mai, on verra d’ici là y aura d’autres journées de mobilisation. Et on lutte aussi contre la loi travail en parallèle, on est beaucoup à se mobiliser ici car, si cette loi passe ça sera encore pire pour nous, car ça sera plus facile de nous licencier, c’est un autre gros risque pour nous. »

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P.-S.

Paroles et photos recueillies dans le cadre du collectif d’entraide à la rédaction.

Sur la grève à Vénissieux, lire aussi Probable arrêt des activités des usines Bosch de Vénissieux : les salarié.es déterminé.es à lutter.

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