Le pouvoir assassin
Les deux derniers lundi de juillet a lieu traditionnellement la
Guelaguetza, fête traditionnelle où les communautés des huit regions
de l’État de Oaxaca échangent leurs expériences et font la fête : danses,
musiques spécifiques.
Le pouvoir essaie de récupérer cette fête pour en faire une opération
commerciale et touristique, et affaiblir la capacité d’organisation de
ces communautés. Les places de la Guelaguetza commerciale coûtent jusqu’a 800 pesos (environ 55€) ce qui est inaccessible pour la plupart de la
population.
C’est pourquoi la APPO et la Seccion 22 (syndicat enseignant) ont, comme l’année dernière, organisé la semaine précédente la Guelaguetza popular du 14 au 16 juillet (tout est gratuit). Le dimanche il y a eu une Calenda Popular, défilé des différentes délégations avec fleurs, musiques, danses, chants, slogans contre Ulises Ruiz, gouverneur de Oaxaca. Celle-ci a rassemblé au moins 5000 personnes et s’est terminée par un
feu d’artifice sur le zocalo (place centrale de la ville).
Le lundi, rendez-vous a 9h00 sur le zocalo pour partir en cortège à
l’auditorium en plein air sur le cerro del Fortin, lieu suffisamment grand
pour accueillir tout le monde.
Or la veille, la police a envahi le cerro pour empêcher les répétitions. Environ 10 000 personnes se sont dirigées vers le cerro Fortin. La route menant a l’auditorium était barrée a 1,5 km, devant un hotel de luxe. Cinq cent policiers bloquaient l’accès, armés de boucliers, matraques et fusils. Il y a alors eu des négociations pour pouvoir passer.
A 11h30, les provocations se sont accentuées de la part
des policiers qui filmaient les manifestants. Une légère bousculade a
alors eu lieu, suivie de jets de pierres des deux côtés, puis les
policiers ont lancé les premières lacrymos, suivies de petites grenades.
Les manifestants ripostaient par des jets de pierres, à la main, à la
fronde ou au lance-pierres. Des lacrymos ont été envoyées, soit
directement par la police, soit renvoyées par les manifestants sur les
balcons de l’hôtel. Un quinzaine de minutes plus tard sont arrivés les
peseros (autobus) qui ont été mis en travers de la route pour servir
de barricades. Ils ont été ensuite incendiés, ce qui a considérablement
ralenti l’avancée de la police. Les quelques voitures qui se trouvaient
sur le parking de l’hôtel ont été defoncées à coups de pierres. Des
peseros ont servi de bélier contre certains commerces.
La répression qui a suivie a été très brutale, les policiers usant de lacrymos, de grenades et
lançant aussi des pierres. Les affrontements ont duré 3 heures et se
sont
soldés par deux morts, 50 blessés civils (dont des journalistes frappés
par
la police parce qu’ils prenaient des photos), 15 policiers blessés et 42
arrestations.
Les photos des interpellés sont impressionantes : on les voit a genoux,
les mains au sol, les visages tuméfiés par les coups, les policiers leur
bandent les yeux.
Des manifestations de protestation doivent avoir lieu mercredi a
Oaxaca,
San Cristobal de las Casas et peut-être d’autres lieux.
Des actions seront certainement menées pour empêcher la tenue de la
Guelaguetza commerciale.
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