En bout de wagon du monde hypermobile on s’est bien enkysté dans nos histoires de négociations avec la Ville. A chaque fois que ça bloque on vomit une newsletter bourrée de blagues animées ou de néologismes à faire mourir des dictionnaires.
Cette fois-ci l’auteur de ce texte a le droit à des explications détaillées augmentées de photos haute définition.
Pour les plus pressés d’entre vous :
10 mois à attendre une convention + blocage inter-services injustifiable => on ouvre les travaux dans moins d’un mois, convention ou pas.
Bon oké, 11 mois de retro-plannings à l’état gazeux et d’exposition à un niveau de langue de bois hors concours n’auront finalement pas encore enclenché la liquéfaction de nos cerveaux. Depuis avril dernier et 12 newsletters outrées plus tard, on se dit par contre qu’on a bien dû en perdre quelques-uns d’entre vous dans le combo de scandales faits au sens commun qu’est cette histoire des négociations GZ-Ville de Lyon.
Le récit de notre état de consternation cyclique vous a sûrement déprimé. Certains se demandent si on est pas devenu des êtres moralement et physiquement ratatinés derrière un bureau envahi de miettes de nachos et psalmodiant sur la construction d’un lieu imaginaire.
Erreur.
L’idée est d’y établir une superposition d’activités censée nous permettre de nous transformer de quidams isolés et impuissants en super-communauté polyvalente. Le champ est imprécis et infini, tandis que des premières pistes commencent déjà sérieusement à nous faire baver. Notre texte de rentrée « Tremplin en Amiante et Parachute Doré » énumérait en pagaille : une salle polyvalente tournée vers des ateliers, des bouffes ou des projections ouvertes au public, un atelier de conception/fabrication/construction dit fablab, un atelier de sérigraphie, un espace de réunion partageable… Et à terme une salle de concert modulable et des locaux de répétition.
Tandis que se poursuit avec la Ville de Lyon une sorte d’intrigue digne des meilleures parties de Cluedo, ces réjouissantes perspectives se précisent, et du travail de fond sur la façon de construire mais aussi de peupler le lieu avance.
Pour rappel : GZ a négocié les conditions d’occupation du 60 Av de Bohlen à Vaulx-en-Velin en avril 2013.
Ensuite : chaque étape des négociations a un peu plus confirmé l’hypothèse que, dans ce plan de relogement/construction, l’essentiel des responsabilités et des initiatives étaient renvoyées sur GZ. Mais hey, dans le fond ça nous convient très bien, que l’on bricole le lieu selon notre propre programme, les mains dans l’amiante, sans devoir à d’anonymes techniciens la taille des pièces ou le choix des couleurs.
On a donc conduit tout le boulot de défrichage pour analyser l’état du bâtiment, écrit tout un programme de travaux pour sa transformation, dû composer avec un budget d’investissement finalement indisponible d’un seul bloc, et on se retrouve même à rédiger nous même un brouillon de convention d’occupation pour faire avancer l’écriture d’un document qu’on attend depuis, allez, 9 mois. Un travail souterrain qu’on aurait aussi dû raconter depuis la fermeture de Brossette. Non nous ne somme pas que des naïfs végétant dans l’attente d’un miracle.
Erreur 2 donc.
Bref tout ça nous conviendrait si les équipes de la Ville de Lyon identifiaient clairement leur part résiduelle de boulot.
Ce minimum à faire, que l’on formule pourtant sans ambiguïté comme revendication depuis 9 ans, c’est la possibilité pour GZ de disposer gratuitement d’un lieu propriété publique, inutilisé et exploitable. Pas plus.
Il y a 11 mois la Ville de Lyon a choisi, plutôt, de nous laisser un bâtiment inopérationnel : bof. Elle a ensuite reconnu (partiellement puisque le budget est aussi étriqué que la proportion de logements sociaux à Neuilly-sur-Seine) qu’elle devait en contrepartie prendre en charge le coût des travaux de remise en l’état : yep. Enfin, la Ville et le Grand Lyon nous laissent la mise en œuvre des travaux et toutes les responsabilités satellites : banco.
On a donc finalement choisi de résumer nos négociations par une consigne simplifiée : budget travaux respecté + convention de mise a disposition signée.
En 11 mois, les équipes de la Ville auront avancé en biais sur le premier point, et rien produit de solide sur le second. Voilà pour un résumé.
On aimerait pouvoir ignorer l’ironie grinçante de cette situation si seulement elle n’en arrivait pas aujourd’hui à un certain point d’absurdité. Où, pour faire simple, nous ne pouvons concrètement pas entamer les travaux de rénovation de notre futur lieu parce que ceux qui nous ont abandonné cette responsabilité n’ont pas signé un papier dont le contenu a été négocié il y a pourtant près d’un an.
Bzzzzzzz, blip blip blip, erreur 404.
On a aussi récemment appris que le Grand Lyon voudrait (ou voulait ?) que la Ville de Lyon lui verse un loyer pour la mise à disposition de Bohlen, pourtant abandonné et inutilisable en l’état. Dire qu’il y a un an on nous garantissait, bravache, la gratuité du lieu et les bonnes dispositions du propriétaire. On vous laisse goûter à cette puissante contradiction, et apprécier en quoi elle va complètement à l’encontre de ce qu’on défend : l’utilisation gratuite de locaux abandonnés par un projet non marchand.
Ce désaccord interne aux services ralentirait depuis un an tout le reste de la machine. On attend confirmation d’un dénouement rapide et acceptable. A suivre donc, mais en attendant, le cours didactique sur l’inintelligibilité du travail des pouvoirs publics continue.
Même en se basant là dessus, on doit quand même essayer de trouver de quoi aller de l’avant.
Notre prochaine étape, c’est le début des travaux : on a donc décidé de déposer maintenant diverses demandes d’autorisations de chantier qui devraient lever les derniers obstacles au début de la reconversion de Bohlen. Tous les obstacles sauf un donc, celui de la signature du propriétaire.
Dans un mois, on sera fin prêt et gonflé à bloc pour poser les premières pierres de GZ Bohlen. Si la Ville n’est pas fichue de fêter l’anniversaire de son année de retard sans avoir débloqué notre convention, on commencera les aménagements quand même et en dehors du cadre réglementaire. Et peut-être même qu’on y fera pas que du bricolage. Si on nous en empêche, tout sera bien plus clair. Tenez vous prêts.
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