En taule pour des fumigènes

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SAMEDIAVRIL, des dizaines de milliers
de personnes défilaient dans les rues
de France pour crier leur rage face à la terreur que fait régner l’Etat français sur les
étranger-e-s. À Paris notamment, des flots
de fumigènes ont éclairé le défilé, afin
de marquer un soutien à Ivan et Bruno,
emprisonnés depuis le 19 janvier pour
avoir voulu se rendre à une manifestation
devant le centre de rétention de Vincennes
avec... des fumigènes.

Leur emprisonnement s’inscrit dans le
contexte d’une lutte en expansion que l’Etat
cherche à étouffer. Depuis quelques mois,
à l’intérieur des centres de rétention en
France, des sans-papiers communiquent
vers l’extérieur sur leur emprisonnement,
s’enfuient, font des grèves de la faim, refusent de rentrer dans leur chambre, incendient leur cellule, vont jusqu’à tenter de se
suicider ou de s’auto-mutiler, et en retour,
se font systématiquement tabasser par des
CRS, isoler, humilier, déporter.

À l’extérieur, des individus et des collectifs
s’organisent pour empêcher des rafles dans
la rue ou des avions de décoller, pour cacher
des sans-papiers, remplir des dossiers, se
marier, faire reculer la police à la sortie
des écoles, occuper des préfectures, faire
savoir ce qui se passe dans les centres de
rétention et multiplier les manifestations et
rassemblements de soutien. Pendant plusieurs semaines, au tournant de l’année, des
milliers de personnes se sont ainsi réunies
régulièrement devant le centre de rétention
de Vincennes, en lançant des feux d’artifice
et en criant “liberté” d’une seule voix avec
les retenus.

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Là encore, la répression policière ne s’est
pas faite attendre : le 19 janvier, trois personnes sont arrêtées sur le chemin de la
manifestation contre l’allongement de la
durée de rétention pour avoir des fumigènes
et des pétards avec eux. Par protestation
contre le fichage, ils refusent de donner
leur ADN et leurs empreintes digitales. Des
appartements sont ensuite perquisitionnés
et saccagés. Les policiers n’y trouveront
que quelques brochures militantes, ce qui
n’empêche pas qu’un juge anti-terroriste
soit chargé d’instruire une enquête pour
« association de malfaiteurs, détention et
transport d’engins incendiaires ou explosifs
en vue de détruire des biens ou de commettre des atteintes aux personnes ». Deux
d’entres eux, Ivan et Bruno, sont incarcérés depuis, en attente d’un procès. Dans la
semaine qui suit leur arrestation, la presse,
racoleuse, reprend la version policière, et
parle de “junior-terroristes” et de fantomatiques réseaux qui se prépareraient à la lutte
armée. Ici quelques fumigènes, pourtant
couramment utilisés dans les manifs, ont
suffi au gouvernement pour oser brandir
une nouvelle fois le spectre du terrorisme.
L’objectif est clair : museler toute contestation, tenter de diviser les militant-e-s, d’en
isoler certain-e-s, de faire taire et réprimer
tous ceux qui luttent contre l’enfermement
et le traitement que subissent en France les
classes populaires et les étranger-e-s.

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Si le cas d’Ivan et Bruno peut sembler particulièrement choquant, il est malheureusement symptomatique d’une répression
accrue des militant-e-s. Depuis janvier,
diverses personnes ont été arrêtées et inculpées, pour avoir voulu se rapprocher des
détenu-e-s devant un centre de rétention,
pour avoir protesté lors d’une rafle, pour
avoir accueilli des sans-papiers chez eux,
pour avoir refusé qu’un avion décolle avec
des personnes bâillonnées à son bord...

Pas plus que nous ne pouvons laisser
des sans-papiers se faire expulser, nous
ne pouvons laisser des compagnons
de lutte croupir en prison pour leur
solidarité. Ne laissons personne isolé-e
face à la justice et à la police, continuons à désobéir aux lois, multiplions
les insoumissions !

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