L’ONG Disclose vient de publier l’information que la France a continué à vendre du matériel militaire à la Russie après 2014, c’est à dire après l’instauration de l’embargo sur les armes à destination de la Russie décidé par l’Union Européenne suite à l’annexion de la Crimée. Il faut noter que ces ventes sont légales, car elles ont été signée avant l’embargo, qui n’est pas rétroactif. Mais l’État était aussi en mesure d’annuler ces ventes, ce qu’il n’a pas fait.
Lien vers l’article de Disclose :
https://disclose.ngo/fr/article/ukraine-france-a-livre-armes-russie
Concrètement, Disclose prouve, photos à l’appui, que l’armée Russe s’est équipée de matériel français, potentiellement en usage actuellement sur le front Ukrainien. Cela a de quoi choquer, vu le contexte actuel. Mais rappelons que les civils ukrainiens ne sont pas les premiers à se faire massacrer avec l’aide de matériel made in « à côté de chez vous » : l’industrie française de l’armement compte comme clients – parmi bien d’autres, la liste n’est pas exhaustive – la Turquie, le Chili, le Liban, l’Égypte, la Côte d’Ivoire, le Togo… Pays dont les états ont pu faire usage de matériel militaire pour réprimer leurs populations lors des soulèvements de ces dernières années.
Rappelons qu’un des plus gros clients de la France en matière d’armement est l’Arabie Saoudite, dictature notoire, qui use de ce matériel sur les civils yéménites [1], et qui, accessoirement, vient de profiter de la focalisation médiatique sur la Russie pour exécuter 81 prisonniers en une journée. Encore un cas dans lequel la France bafoue son engagement à refuser les exportations d’armement dès lors qu’elles peuvent provoquer ou prolonger un conflit armé.
Rappelons aussi que la France est le troisième exportateur mondial de matériel militaire ; que l’industrie de l’armement représente 200 000 emplois dans le pays ; que cette industrie florissante fait l’objet de toute sorte d’aides et de subventions de la part de certaines collectivités locales. Que ce commerce juteux profite – évidemment – du réarmement massif des États, tendance de ces dernières années qui présage un avenir peu pacifique.
Contrairement à la plupart des organisations syndicales et gauchistes, affirmons que tous les emplois ne se défendent pas. Les fabricants et marchands de canons ont du sang sur les mains, leurs usines doivent fermer. Tout récemment, La Tribune titrait un article « Exporter ou disparaître : le dilemme de l’industrie de défense française » [2]. Clairement, si c’est le dilemme en cours, nous on pense que la question elle est vite répondue, comme disait l’autre.
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