Il faut se méfier des organisations,
on est bien d’accord. Les grandes
organisations politiques et syndicales en
France sont toutes tombées dans un
modèle de gestion du capitalisme. Ces
organisations se sont engluées au fil de
l’Histoire dans la cogestion. Aujourd’hui
ça n’est pas un hasard si nous en sommes
là, les organisations de gauche ont
leur responsabilité. Mais ce qu’elles ont
démontré, selon moi, c’est bien l’impasse
que représente la voie social-démocrate,
la voie réformiste, la voie du changement
par l’Etat ou encore la voie du capitalisme
à visage humain. En somme, toute
idée de changement révolutionnaire a
été écarté. selon l’auteurE de cet article
les organisations n’ont pas d’intérêt, il
faut s’organiser en groupe affinitaire.
Commençons déjà par se rappeler d’où
viennent la baisse du temps de travail, le
salaire minimum, les congés payés, la
Sécurité Sociale, la retraite, le chômage...
Toutes ces choses que des organisations
politiques et syndicales se sont
donné la peine de développer. Bien sûr
que l’on peut et doit critiquer ces acquis
et mêmes comment ils ont pu être
obtenu, cela nous permet d’avancer
aujourd’hui.
Plusieurs critiques ressortent de
cet article d’un ou une auteurE qui revendique
d’exister en tant qu’individu
contrairement à nous, les “organisés”,
mais qui préfére rester anonyme. Nous
n’aurions pas de vie commune, collective,
pas de solidarité matérielle effective.
Nous ne serions pas dans la lutte
concrète, pas une force agissante
contrairement aux groupes affinitaires
qui, eux, ont la verité puisqu’ils sont en
contact avec l’illimité.
Pour ce qui est de la vie commune,
il suffirait de se repencher sur
l’histoire du PCF pour observer qu’il y
avait une vie commune entre adhérents.
Commune dans le militantisme : réunions
de cellule, vente de l’Humanité sur
les marchés, porte à porte, diff de tracts,
collage, participation aux meetings et
fêtes... Mais à force de militer ensemble,
cette vie commune débordait le cadre de
la lutte, des amitiés et autres se créaient.
Cela est vrai dans d’autres organisations,
bien sûr. Il faut voir comment sont organisées
certaines sections syndicales ou
unions locales. La nécessité d’être unis
est tellement forte qu’elle crée de liens
militants et affectifs. Cela est particulièrement
vrai en temps de grève : les travailleurs
et les travailleuses réinventent
leurs relations. Quant à la solidarité
matérielle, les exemples à travers
l’Histoire sont nombreux qui montrent ce
dont ont été capables les gens à travers
leurs organisations : dons de nourriture,
vêtements, argent ou encore le fait d’accueillir
les enfants d’une ville en grève
pour leur assurer le gîte et le couvert à
l’abri des tracas de la lutte. Aujourd’hui
encore elle s’exprime. Elle est essentiellement
monétaire et vise à contrer la
répression patronale : paiement des
salaires pendant une mise à pied, paiement
d’amendes, financement de la
lutte... Autre solidarité syndicale
concrète que l’on voit se développer en
ce moment, c’est celle qui vise à aider les
travailleurs immigrés réduit à l’esclavage
sur certains chantiers (avec pas mal de
victoires) ou encore la lutte pour la régularisation
des travailleurs sans-papier
dans les entreprises (par exemple chez
Modeluxe, grève et occupation qui se termineront
par une victoire). Qui veut aller
expliquer au syndicaliste qui est en lutte
permanente contre son patron qu’il n’est
pas dans la lutte concrète ? Ces syndicalistes
subissent d’énormes pressions
matérielles et psychologiques, ils dépensent une énergie militante surdimensionnée.
Ils gagnent des avancées (salaires,
emplois... écoutez La bande à Spartacus,
émission sur le syndicalisme et la lutte
des classes, tous les jeudis de 20 h à 21
h sur Radio Canut, 102.2) et perdent parfois
mais toujours ont la force et le courage
de s’y remettre. Allez leur dire qu’ils
ne sont pas une force agissante. Mettez
un casque !
“Reprendre l’initiative dans le
réel”. C’est bien la vocation des organisations.
Ouvrir une maison pour l’occuper,
développer des activités éducatives et
culturelles, développer des alternatives
alimentaires... Tout cela les organisations
le font déjà. A propos des manifestations
: l’action y serait le propre des groupes
affinitaires. Tout d’abord, une manifestation
est en soi une action, un engagement
et qui la prépare et l’organise ? ce
sont bien les organisations. Il est clair
qu’il y a beaucoup à faire pour dépasser
nos manifs plan-plan mais encore une
fois ne jetons pas tout. Qu’est-ce qui
nous a fait gagner contre le CPE ? (oui, je
sais on aurait dû aller plus loin contre le
CNE...) C’est la pression de la rue, ce
sont les centaines de milliers de gens
dans les rues qui ont fait reculer le gouvernement.
Je ne crois pas que ce soit dû
aux actions des groupes affinitaires. A
propos, une contradiction me semble
poindre. Il y a critique de ces manifs pour
agir, se cacher, agir, se cacher...se cacher
dans la manif et donc faire porter la responsabilité
de l’action à toute la manif :
ça a un petit côté élite qui s’en fout des
autres. Pourquoi ne pas organiser des
manif-actions comme en Allemagne par
exemple. Un dernier point de débat serait
: à qui nous adressons-nous ? Comment
changer ce monde et avec quel outil ? Il
me semble justement que l’outil “organisation
de masse” est le plus approprié et
nécessaire dans le sens où il doit préfigurer
ce qu’est notre projet de société. Si
nous voulons changer la société il est
intéressant de s’y confronter pleinement.
C’est une des fonctions du Syndicalisme
Révolutionnaire : se réunir sans parti pris
idéologique, affinitaire... pour aller vers
plus de justice. Si nous ne sommes pas
capables aujourd’hui de vivre notre syndicalisme
autogestionnaire avec des
camarades que nous ne connaissons pas,
avec lesquels nous pouvons ne pas être
d’accord voire qui peuvent nous paraître
insupportable, nous ne serons pas capables
de fonctionner demain à plus nombreux,
en société. L’affinitaire a son utilité
(pour certaines activités ou actions) mais
il me semble que quand on veut changer
le monde, on doit s’y confronter et une
organisation le permet. De plus cela est
nécessaire si l’on veut, à force de vivre
en milieu fermé et limité, ne pas se
déconnecter de ce que vivent la majorité
des gens . Comment aborder les gens et
les faire venir à la lutte révolutionnaire si
nous ne les incluons pas à notre projet
organisationnel.
L’organisation repousse les limites de par
la richesse des rencontres les plus diverses
que l’on peut y faire, de par les
réseaux locaux, nationaux et internationaux
qu’elle nous ouvre, de par les
moyens financiers que l’on peut y développer
et de par l’énergie cumulée qui
représente bien plus que la somme de
toutes nos énergies individuelles. L’Union
fait la force.
Venons en au particulier. La CNT
est sur le point de déclarer la naissance
d’un syndicat du Bâtiment très officiellement
appelé : Syndicat Unifié du
Bâtiment, des Travaux Publics, de
l’Equipement, des métiers du Bois, de
l’Ameublement et des Matériaux de
Construction. ouf !
Pourquoi se syndiquer, s’organiser
? En face de moi, j’ai mon patron qui
a le pouvoir dans son entreprise et quelque
part un certain pouvoir économique
sur moi. Ca ne s’arrête pas là puisque
mon patron et tous les patrons de sa corporations
s’entendent de manière passive
ou active sur les conditions économiques
d’exercice de leur activité : la menuiserieet plus largement la filière bois. Mais audelà,
les patrons du bâtiment en général
s’entendent pour cristalliser à des
moments précis nos conditions de travail
: convention collective, grille des salaires,
temps de travail... Bien sûr, ça ne s’arrête
pas là, tout est lié, du bâtiment on arrive
à l’amènagement du territoire et donc à
la politique des transports mais aussi au
type de logement qui induisent des types
rapports sociaux , aux matériaux de
construction qui induisent des conséquences
écologiques...
Plus globalement, que ce soient sur le
salaire minimum, les congés payés, le
temps de travail, le Code du Travail en
général : tous les patrons (de manière
active ou passive) s’entendent. Leur syndicat
de combat, leur syndicat de classe
s’appelle le MEDEF. C’est pourquoi je
pense qu’en face il faut s’organiser en
syndicat réunis en fédération à travers
toute la France afin de se battre dans
notre secteur. Mais conscient de la lutte
des classes nous devons être unis avec
les autres travailleurs par le biais des
unions locales de syndicats ainsi que par
le biais des unions régionales. Pour finir
nous sommes tous réunis dans une
confédération pour assurer le combat
classe contre classe au même titre que le
MEDEF.
Le syndicalisme est un mode de lutte de
classe. La CNT défend les projets anarchosyndicaliste
et syndicaliste révolutionnaire.
Nous pensons que l’action syndicale
peut et doit être une gymnastique
révolutionnaire. C’est quand le syndicat
est grand qu’il peut imposer des choses,
qu’on peut gagner et avancer, c’est pourquoi
il faut se syndiquer. Question de rapport
de force. Il faut se syndiquer pour
stopper le patronat dans son offensive.
Le syndicat est et doit être l’école des travailleurs
: apprendre à comprendre son
entreprise, son fonctionnement, le fonctionnement
de son industrie et plus généralement
du capitalisme pour apprendre à
le déconstruire et proposer une alternative
basée sur l’autogestion et le fédéralisme.
Dans le Bâtiment, le syndicalisme CNT
prend notamment tout son sens de par la
particularité structurelle de celui-ci : les
petites entreprises. Nous sommes face à
des microstructures où souvent le patron
arrive difficilement à vivre écrasé par le
système (loin de moi l’idée de les plaindre,
c’est leur choix, cela reste des
patrons aux comportements souvent exécrables).
La question n’est donc pas forcèment
d’appliquer la stratégie syndicale
classique mais bien de s’unir sur une base
de lutte de classe à travers toutes les boîtes
pour constituer une force agissante,
apprenante et constructrice d’un Autre
Futur. Si demain on réunit la majeure
partie des travailleurs du bâtiment, qu’on
fait grève et qu’on descend dans la rue,
ça fera du barouf !
Rejoignez l’organisation des travailleurs.
Rejoignez la CNT
Ben, militant à la CNT
animateur de “la bande à Spartacus”, tous les jeudis à 20 h sur radio canut,
102.2 FM
adhérent de Culture de Classe
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