Ces méthodes visant à censurer des militantes décoloniales, en s’en prenant directement aux espaces de rencontres et de discussions les accueillant, sont inacceptables et doivent être dénoncées. Elles reposent, en outre, sur une lecture malhonnête et déformée des travaux et des interventions de ces militantes. En l’occurrence, il s’agit de l’intervention d’Houria Bouteldja prononcée le 31 mars 2012 au « Printemps des quartiers populaires » à Bagnolet.
Dans ce discours, intitulé « Mohammed Merah et moi », Houria Bouteldja souligne l’origine et la condition de sujet postcolonial qu’elle partage avec le terroriste. Elle rappelle la trajectoire collective des français musulmans issus de l’immigration dans un monde façonné par la « lutte contre le terrorisme » et l’islamophobie. Il s’agit de comprendre ce qui, dans les conditions matérielles d’existences, pave la route de l’ensauvagement et, en l’occurrence, de l’antisémitisme et du passage à l’acte criminel.
« Mohammed Merah, c’est moi et ça n’est pas moi. » C’est précisément là où Houria Bouteldja se sépare de Mohammed Merah, auquel elle reproche d’adopter les mêmes conceptions et pratiques de ses ennemis proclamés. Elle dénonce la dimension barbare des tueries de civils et, particulièrement, d’enfants. « Par son acte, il a rejoint le camp de ses propres adversaires. […] Par son acte, il s’empare d’une des dimensions principales de nos ennemis : celle de considérer les Juifs comme une essence sioniste ou un essence tout court. Aucun Juif ne nait avec le sionisme dans le sang, aucun Blanc ne nait avec le racisme dans le sang, aucun Arabe, aucun musulman, aucun Noir ne nait avec la haine et le revanchardisme dans le sang. […] Nous ne pouvons combattre le racisme et le devenir nous-même […]. »
Il est évident qu’Houria Bouteldja ne fait preuve d’aucune complaisance envers l’idéologie et les actes criminels de Mohammed Merah. Elle s’en démarque explicitement et dénonce l’antisémitisme de la tuerie. Lui faire endosser un quelconque soutien à ces actes terroristes relève de la diffamation et de la calomnie. Ce sont des méthodes malhonnêtes qui utilisent abusivement l’accusation d’antisémitisme à des fins de disqualification politique.
Etant donnée la période particulière que nous traversons, il est plus que jamais nécessaire que le débat sur les questions liées au racisme, à l’impérialisme et à la colonialité puisse être librement mené. D’autant plus dans un contexte d’affaissement des libertés publiques et des droits démocratiques et de renforcement de l’appareil répressif de l’Etat. Nous interpellons l’ensemble des organisations et associations du mouvement social et du mouvement ouvrier sur cette situation et appelons à se solidariser de la librairie Terra Nova.
Voir aussi la réponse de l’UJFP aux attaques incessantes des « Juives et Juifs Révolutionnaires » :
https://ujfp.org/en-reponse-aux-jjr-mise-au-point-sur-notre-antiracisme-politique/
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