Chat Noir Tempête n° 10 - Automne 2007

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Le journal de la CNT Santé Social de Lyon et sa région
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Dormons en paix, Sarko (et les autres) nous protègent…

« La France a peur… »

Il y a quelques décennies ce slogan a coûté sa place à un présentateur TV. Il y a quelques mois, il a valu son élection à Sarkozy.

Il est vrai que nous avons bien des raisons d’avoir peur : précarisation, menaces sur les retraites, sur la sécu, les caméras de video surveillance de plus en plus omniprésentes, le nombre croissant de « bavures » policières, l’écart croissant entre les très riches et les très pauvres, le nombre croissant de ceux-ci (et nous risquons tous de nous retrouver parmi eux), les risques écologiques de plus en plus présents, à mesure que les profits des multinationales augmentent. Et la liste pourrait s’allonger indéfiniment.

De bonnes raisons d’avoir peur, donc… Mais aussi de se rebeller, de se dire et de crier qu’il n’y a là rien d’inéluctable, qu’il s’agit d’un « choix de société », un choix que nous refusons et contre lequel nous pouvons lutter, avec tous ceux qui en sont victimes, ici, dans un pays riche, mais aussi ailleurs, là où les pauvres subissent de plein fouet les conséquences de ce projet. Mondialisation ? Pourquoi pas, si elle suppose la solidarité avec tous les opprimés de la planète.
Ces peurs-ci, et le sursaut qu’elles peuvent et doivent amener, sont lourdes de menaces pour les pouvoirs économique, financier et politique en place. Parce qu’elles sont légitimes et que nous pouvons, si nous acceptons leur légitimité, les affronter, prendre nos vies en main et bâtir avec tous, un monde plus juste.

Alors, pour éloigner ce risque, tous ceux qui profitent de l’injustice ont recours à ce qui leur a toujours été utile : faire naître, ou favoriser d’autres peurs : peur de l’étranger, de ces « sans » qui sont de plus en plus nombreux dans nos rues à tendre la main, à nous solliciter aux feux rouges, en troublant la paix provisoire et illusoire de notre habitacle automobile. De ces jeunes qui envahissent nos allées en fumant des substances suspectes et en riant très fort, alors qu’il n’y a vraiment pas de quoi rire. Si on expulse les étrangers, avec la violence qu’on sait (inévitable, hélas, puisqu’il s’agit de sauvages), si on sanctionne les irresponsables qui tentent de les protéger, si on multiplie les contrôles de police, c’est pour notre bien, c’est évident, pour protéger notre tranquillité. Merci, papa Sarko !

Alors, il faut aider ceux qui nous protègent et dénoncer : dénoncer les parents sans papiers d’enfants scolarisés, dénoncer les jeunes qu’on voit trop souvent regroupés et qui fomentent sans doute quelque complot terroriste en liaison avec Al Quaïda. Être aux aguets, toujours, et dénoncer sans trêve. Et ceux qui ne dénoncent pas, les travailleurs sociaux par exemple qui s’y refusent, méritent de passer devant les tribunaux : ce sont de mauvais citoyens. Comme le sont, à l’inverse, ceux qui dénoncent les financiers qui ont un peu triché, parce que, eux, c’est évident, ils le faisaient dans un but philanthropique !

Nous ne pouvons rester passifs devant une telle duplicité. Même si on nous rabâche qu’il faut s’adapter aux lois du marché (lois qui n’ont rien de naturel), nous n’acceptons pas une société fondée sur l’injustice et sur le mépris.

C’est maintenant qu’il faut réagir.


Un réseau anti délation à Lyon Comment ça marche ?

Maintenant, c’est fait. La loi sur la « prévention » de la délinquance instaurant les pratiques de délation, de fichage et de partage de listes nominatives est passée. Dès lors, comment s’organiser pour ne pas « balancer » le moment venu (ce qui n’est pas dans nos fonctions) ?

Un réseau national de vigilance contre les pratiques de délation s’est mis en place à partir de travailleurs du social, de l’éducation et de la santé. Il est ouvert à tous ceux et celles qui, victimes de délation ou heurtés par ces pratiques, souhaitent s’engager dans le réseau.

Son but :

Certains et certaines d’entre nous vont être confrontés à une injonction de « partage d’information » avec le politique (maire) ou la police (Préfecture). Certains et certaines d’entre nous allons refuser de donner ces listes nominatives. Parce que cela choque l’éthique professionnelle, mais aussi de simple être humain.

Nous risquons alors de nous exposer à des pressions ou des sanctions.

Le réseau doit permettre à chacun et chacune d’entre nous d’être soutenu collectivement et juridiquement face à ces possibles sanctions.

Comment ?
* En établissant un rapport de force (rassemblement, lettre, tract, pétition…) décourageant les prises de sanctions,
* En posant la question dans chaque établissement de l’organisation du travail et du « partage de l’information »,
* Par l’organisation d’un soutien juridique au cas où les sanctions seraient mises en application.

Le fonctionnement national :

Une liste mail nationale met en réseau plusieurs personnes de chaque collectif départemental. Une personne sanctionnée et l’ensemble des collectifs en France informés !

Le fonctionnement départemental

Une permanence tous les deuxièmes mardis de chaque mois de 18h à 19h à la Bourse du Travail. Pour expliquer ce qu’il se passe dans votre établissement ou dans votre commune et dégager des pistes d’actions.

Une adresse mail, pour joindre le collectif urgemment : colluts@yahoo.fr

Un acte de résistance…de désobéissance ?

Le but n’est pas de « jouer le héros » seul sur son lieu de travail ou sa commune. Il s’agit d’en parler avec ses collègues, ses voisins pour s’opposer collectivement aux injonctions de délation. Que se soit en refusant, en contournant, en oubliant…tout est à imaginer. C’est collectivement que nous serons le plus à même de résister efficacement.

Un réseau…solidaire

Le réseau ne fonctionnera que si chacun et chacune d’entre nous soutient les personnes mises en difficulté par leur désobéissance à la délation. Cela sous entend une implication individuelle, tant au niveau de l’organisation du réseau que lors des actions collectives de soutien. En pensant bien que ce qui arrive aujourd’hui à l’un d’entre nous pourra advenir un jour à soi même. Sans quoi, faute de « combattants », nous appliquerons des ordres discriminants et injustes.

Vous êtes donc bienvenus.


Pressions des flics sur des directeurs de structures

De différentes sources internes, des directeurs de Foyers SONACOTRA, jeunes travailleurs ou ARALIS ont été convoqués par la Préfecture afin qu’il donnent des listes des personnes sans papiers résidant dans ces foyers.
Des flics font même des descentes dans ces foyers…
Pour l’instant, les directions ne donnent pas de noms mais semble plier sous les pressions répétées des forces répressives.
Pourquoi ce silence ?
Les pressions individuelles sont difficiles à supporter. Il faut absolument que les salariés de ces structures se coordonnent entre elles et contactent les collectifs existants : anti délation, collectif 69, RESF


Tous au travail, plus longtemps ! Chacun pour soi ! Bandes de profiteurs !

Mardi 18 septembre, dans un fier discours que les journalistes qualifient, avec raison, d’historique, le chef de l’Etat, a annoncé l’ouverture d’une guerre sans merci contre l’ennemi de l’intérieur que sont les salariés de plus de 50 ans et leurs alliés : droit du travail, chômeurs, personnes malades et dépendantes.

Le constat est simple et effrayant : nous sommes des assistés, fainéants, qui ne voulons pas travailler, surtout en devenant vieux.

Le Président entend donc mener en priorité une lutte sans merci contre la " culture du retrait précoce de la vie active" par une pénalisation des départs en préretraite, la suppression des dispenses de recherche d’emploi , une hausse prévue de l’age de départ à la retraite, et pour les survivants, une " libération du cumul emploi retraite".

Bien entendu, le Président n’ignore pas que le mal et plus profond, que, quelque soit notre âge, nous ne voulons pas travailler et préfèrons vivre des fraudes à l’aide publique : la suppression des indemnités après deux refus d’emplois et de formation devrait donc redonner confiance dans la valeur travail , comme la suppression des aides sociales pour plusieurs années en cas de fraude, devrait conduire un peuple affamé mais reconnaissant vers les usines.

" Il faut faire en sorte que notre système social incite à travailler plus, plutôt qu’a rester inactif ". Les Français se doivent de remercier le Chef de l’Etat d’avoir choisi le supplice de la faim plutôt que celui de la roue, pourtant symbole de la vraie rupture.

Bien entendu, le chef de l’Etat, ne pouvait pas s’intéresser qu’aux seuls coupables, et a prononcé des paroles réconfortantes pour les victimes, les entreprises. A titre d’indemnisation pour le préjudice subi pendant des décennies d’infamie gauchiste, le Président leur sacrifie le SMIG, les 35 heures, la durée hebdomadaire du Travail , le contrat et le code du Travail, car " il faut une vraie place aux conventions à coté de la norme législative et réglementaire".

Gageons que les entreprises en feront bon usage au service de leurs salariés.

Le chef de l’Etat n’oublie pas pour autant le quotidien, et rappelle que "l’honneur d’une société, c’est de protéger les plus fragiles ". Et pourrions nous rajouter, pour compléter la pensée présidentielle, de les laisser se protéger eux mêmes, grâce à la promesse d’un encouragement à la constitution d’une épargne dépendance privée et une hausse de la part des complémentaires santé suite à une redéfinition " de ce qui doit être financé par la solidarité nationale" pour se faire soigner dans des hôpitaux "financé intégralement à l’activité ", après de nouvelles restrictions des prescriptions médicales et après déduction des franchises médicales.

Un monde meilleur, ou le peuple aura le droit de ne pas souffrir trop longtemps en observant le sourire de la présidente du Medef répétant la conclusion présidentielle… " Nous n’avons qu’un seul droit, réussir ".


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  • Le 14 novembre 2007 à 22:08, par bubulle

    A noter que MAM dans un discour récent a rectifié un journaliste qui parlait de vidéosurveillance : il s’agirait en fait de « vidéoprotection »... C’est de la communication positive...

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