Illustration de FD
La charge policière du 13 avril dernier, boulevard des Belges, à Lyon, a fait grand bruit. Même la très institutionnelle commission de la carte des journalistes professionnels (CCIJP) avait dénoncé le matraquage d’un journaliste d’Actu Lyon lors de cette séquence. Quentin* lui, était un simple manifestant. Il a été matraqué aussi, et évacué par les pompiers en même temps que le journaliste. Il a déposé plainte par le biais de son avocate Adeline Dubost.
Demande de saisie des vidéos
La plainte, datée du 21 avril et déposée ce lundi, explique que, alors qu’il tentait de s’éloigner de la charge policière, il recevait « plusieurs coups de matraque, dont un à la tête. Il tombait au sol, près d’un arbre, et recevait alors des coups de pied de la part d’un policier qui lui intimait de se relever. Il se relevait et recevait un coup de matraque au niveau de l’épaule gauche ». L’avocate demande notamment la « saisie en urgence » des vidéosurveillances.
D’après les documents médicaux joints à la plainte, Quentin présente des blessures sérieuses : « plaie du scalp » avec 5 points de suture, « traumatisme crânien » ayant causé « un malaise vagal, sans perte de connaissance », « lésions érythémateuses de la face postérieure de l’épaule gauche, de 7,6 et 1 cm » avec « impotence fonctionnelle », « hématomes » et « contusions » sur les membres inférieurs, avec « stress post-traumatique ».
« La volonté de dégoûter les manifestant·es »
Quentin raconte : « Il y a eu cette charge énorme, [les policiers] se sont mis à avancer avec les matraques en l’air. Je suis resté calme en reculant, pour ne bousculer personne. Je me suis fait rattraper. Je me suis pris un premier coup de matraque sur le crâne alors que j’étais de dos. Je me suis retourné et j’ai été visé d’un second coup sur la tête. Ils visaient les crânes ». Quentin tombe au sol. « Il y avait un flic qui me criait dessus ‘relève toi’ et il m’a remis des coups ». Quentin met sa main sur sa tête. « J’avais la main et le visage plein de sang ».
Outre le journaliste d’Actu Lyon, d’autres personnes ont été blessées : « le médic qui m’a pris en charge avait aussi pris des coups de matraque. Une autre femme à côté de nous avait aussi le visage en sang ». Un médic fait état d’au moins 8 blessés à la tête lors de cette charge. Aujourd’hui, Quentin est encore en arrêt de travail : « Psychologiquement, ça reste dur. C’est vraiment l’incompréhension de cette charge, la volonté de dégoûter les manifestants ». Il témoigne avoir « la pression qui monte quand les flics passent dans la rue ».
Ouverture d’enquête à la tête du client
Quant à lui, le procureur de la République ne semble pas pressé d’ouvrir une enquête. Il a indiqué à Actu Lyon qu’il étudiera la plainte du journaliste (qui devrait être déposée dans les prochains jours) « avec toute l’attention requise ». Autrement dit, le procureur n’a pas diligenté d’enquête d’office. Une prudence que la justice ne connaît pas quand la victime s’appelle Macron. Il faut croire que l’honneur de sa majesté est une valeur bien plus précieuse que l’intégrité physique du bas-peuple et de la presse…
*Le prénom a été changé
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