Communiqué commun des Guillotins et du Crieur public de la Guillotière La Guillotière, 2 avril 2015
Considérant que la place dite « Mazagran » n’a pas encore de nom puisqu’elle n’est pas encore officiellement une place, avant l’inauguration prévue pour la fin du printemps ;
Considérant que « Mazagran » est le nom d’une bataille victorieuse de l’armée coloniale française sur celle du peuple algérien, en 1840, qu’il n’est pas de notre goût de célébrer ;
Considérant la dépense de 6 057 840 euros pour réaliser un espace vert d’environ 5 000 mètres carrés en période dite d’ « austérité » ;
Considérant, depuis 2011, la déconcertante concertation menée par nos autorités mégalopolitaines, qui nous expliquèrent que nous pouvions proposer des idées autant que nous voulions, mais que c’est elles qui décidaient à la fin ;
Considérant, en 2011, l’éviction des adolescents qui venaient jouer au foot dans un « city-stade » qui a désormais fait place à une aire de jeux pour enfants orangée et bien rangée, dans laquelle on leur reproche de continuer de vouloir jouer ;
Considérant, en septembre 2011, la destruction municipale des toilettes sèches que des habitants décidés avaient construites, après avoir vainement demandé pendant plusieurs années que la Municipalité en installe ;
Considérant, en septembre 2012, l’éviction des nombreuses familles populaires qui vivaient là, dont certaines étaient hébergées de façon parfaitement légale ;
Considérant, en octobre 2012, la menace de destruction d’un jardin aimé et partagé par le plus grand nombre, qui demeure aujourd’hui le seul espace sauvage et pour tout dire vivant de la place, et qui ne fut sauvé que parce que plus de 1000 habitants décidèrent de signer une pétition pour qu’il demeure ;
Considérant, au printemps 2014, la destruction mégalopolitaine d’un immeuble habitable qui aurait pu être réhabilité pour en faire du logement social ou de l’habitat collectif, tout ça, à grand renfort d’argent public (au moins 1 million d’euros) pour en faire un petit bout d’espace vert orange aux allures de Dresde après les bombardements ;
Considérant, en mai 2014, la destruction préfectorale d’un beau barbecue public déclaré soit-disant illégal alors que les feux sont autorisés à Lyon d’octobre à mai, par arrêté municipal ;
Considérant la demande de la police, dans le cadre du réaménagement de la place, de pouvoir contrôler l’ensemble de celle-ci en un regard en passant en patrouille en voiture, et donc le refus policier de tout muret ou bosquet touffu permettant à de potentiels suspects que nous sommes tous (mais les jeunes à casquette plus que d’autres), de se cacher ;
Considérant enfin, début 2015, la décision de l’État de ne plus considérer notre quartier comme « prioritaire » c’est à dire populaire, et donc d’y accorder moins de subventions, à cause de l’élévation du niveau de vie moyen des familles qui y résident, gentrification oblige ;
Nous invitons les Guillotinnes et les Guillotins à un grand référendum. Il s’agit de donner un nom à cette place, qui salue à sa juste mesure son histoire et l’histoire de celles et ceux qui l’ont faite, sa requalification stérilisatrice par les autorités publiques, mais aussi tout ce que nous avons encore envie d’y construire, ensemble.
Venez proposer le ou les noms de baptême qui transcrivent ce que vous inspire cette place !
Les noms pourront être déposés dans la boîte à cris de la place jusqu’au 9 avril prochain à 18 heures. L’ensemble des noms proposés sera remis, officiellement, à la mairie du 7e arrondissement par le Crieur public. Par ailleurs, lors de la criée du 9 avril, il sera procédé, par acclamation, à la désignation du meilleur nom retenu.
Venez y nombreuses et nombreux !
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