Avis aux auteur-es, écrivainEs, scribouilleuses et scribouilleurs de Rebellyon !
La règle de grammaire qui fait que, dans la langue française, « le masculin l’emporte sur le féminin », est une application dans le champ linguistique d’un certain sexisme, voire d’un sexisme certain. Elle a été construite et appliquée par des hommes, et continue de jouer un rôle qui n’est pas anodin.
Par exemple, parler d’un groupe de « travailleurs » quand la moitié, ou une majorité, ou même une toute petite minorité de ce groupe ne se définit pas comme « homme » (femmes, trans, personnes intersexuées ou agenres, ...), participe de l’invisibilisation et de la relégation de ces autres à une position dominée.
Orienter la grammaire dans une autre direction
Dans certaines langues, des formules neutres, non-genrées, existent de longue date ou ont été créées plus récemment.
Par exemple, en castillan, alors que la grammaire officielle parle de presos (prisonniers) et presas (prisonnières), on parle désormais de presxs (prisonnier-e-s).
En français aussi, la division grammaticale officielle est binaire : masculin, féminin. Mêler ces deux formes grammaticales est alors une solution envisageable pour englober toutes les personnes, qu’elles se définissent dans une de ces deux catégories, ou dans aucune. Le problème c’est qu’il est difficile de mettre des "x" à la fin des mots français.
Etre créatives et inventifs
Il n’existe pas de normes à propos de la féminisation de l’orthographe. Libre à chacun-e de féminiser de la manière qu’il ou elle juge efficace, pertinente, politique, esthétique ou artistique. Ainsi, on peut aussi bien utiliser les mots mêlés (« squateureuses »), séparés (« les travailleuses et travailleurs »), les majuscules (« nos amiEs ») que les tirets (« nous avons été expulé-e-s »), les points (« nous sommes tou.te.s en devenir ») ou les slashs,etc...
Sur Rebellyon, si vous souhaitez féminiser votre texte mais éprouvez des difficultés à le faire, vous pouvez solliciter l’aide de l’équipe de modération par l’intermédiaire des forums présents sous chaque article proposé, dans l’interface collaborative.
Voici déjà quelques pistes :
Ne pas employer que les masculins
Exemple : écrire "les patrons et patronnes" plutôt que "les patrons".
Accorder les adjectifs
Exemple : "les patrons et patronnes ont été penduEs".
Favoriser l’utilisation des mots neutres et féminins
Exemple : "les personnes" plutôt que "les hommes" ou "les individus"
Féminiser les termes et être créative/fs !
Exemples :
les bergers et les bergères = les bergerEs
les squatteuses et les squatteurs = les squatteureuses ou les squatteurSEs
ceux + celles = ceulles
eux + elles = eulles
ils + elles = ielles
amigas + amigos = amig@s (ben oui, on n’écrit pas toujours qu’en français !)
Exemples de textes féminisés :
Si quelqu’unE a perdu son chat, il est chez moi.
Si nous sommes devenu-e-s squatteureuses, c’est bien par nécessité, nécessité de vivre hors du monde qui ne nous laisse le choix que d’être exploité-e-s, humilié-e-s, dépossédé-e-s, névrosé-e-s. Nécessité de faire de nos existences à toustes une serrure explosée, un carreau pété dans les murs érigés par ceulles qui nous dominent. Tant qu’ielles joueront avec nos vies, qu’ielles se méfient de nos sourires !
Il peut toutefois être important, dans un objectif de diffusion large et d’accessibilité, de garder en tête la compréhension et la lisibilité du texte : nous ne sommes pas tous et toutes égales et égaux face à la grammaire et l’orthographe, et les textes militants sont parfois déjà obscurs. Mais ça c’est un autre problème !
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