Maurice Moissonnier a été enterré mardi 30 juin 2009 au cimetière de la Guille. Il était très chaleureux et toujours enthousiaste, il nous a dit qu’il appréciait « les articles de "Rebellyon" d’autant plus qu’à Lyon Rebellyon est un des rares moyens d’informations qui ne soient pas sous la coupe capitaliste ». C’est grâce à Maurice Moissonnier que nous avons pu faire l’article : Octobre lyonnais en 1942 : « Pas un homme en Allemagne ! », ainsi que d’autres articles de la Résistance comme celui-ci : Un faux journal « Le Nouvelliste », coup d’éclat de la Résistance à Lyon. Mais, malheureusement, lorsque nous l’avons recontacté, car il était d’accord pour continuer une série d’articles de Rebellyon pour l’Almanach de Myrelingue sur les évènements oubliés qui ont marqué le monde ouvrier à Lyon ou sur des militants qui ont marqué l’histoire lyonnaise mais restés dans l’ombre à cause de leur discrétion, Maurice Moissonnier était malade et ne pouvait s’exprimer. Depuis deux ou trois ans, une terrible maladie lui infligeait la souffrance de ne pouvoir communiquer avec les siens, avec ses amis.
Maurice Moissonnier est né le 26 juin 1927 à Roanne (Loire). Il est mort le 24 juin 2009 à Lyon, à deux jours de son anniversaire.
À 17 ans, Maurice Moissonnier quitte son collège de Villefranche-sur-Saône en mai 1944 pour rejoindre la Résistance. Pour gagner le combat clandestin, il interrompt ses études, qu’il ne reprend qu’à la Libération.
Professeur agrégé d’histoire, il a enseigné de longues années au lycée Antoine Charrial, dans le 3e arrondissement de Lyon et a été immensément apprécié de ses élèves et étudiants.
Historien majeur, il le fut pour honorer sa ville, Lyon, mais surtout pour en faire connaître les premières luttes ouvrières. Après un mémoire de fin d’études sur La Commune à Lyon, Maurice Moissonnier se consacre à l’histoire du mouvement ouvrier lyonnais. Il fera paraître : Les Canuts : " Vivre en travaillant ou mourir en combattant" (trois éditions successives aux Éditions Sociales/Messidor) et surtout La révolte des canuts (Editions sociales, 1975) qui, à la suite des ouvrages de Fernand Rude (Le mouvement ouvrier à Lyon, 1944 et C’est nous les canuts) ont fait autorité en la matière.
Il nous fit connaître Joseph Benoît, canut prolétaire, imperturbable partisan de Gracchus Baboeuf au début du mouvement ouvrier, par son livre : Joseph Benoît : confessions d’un prolétaire (Lyon, 1871) (Ed. Sociales, 1968) ;
Ce canut lance l’Écho de la Fabrique, mutuelliste avec Pierre Charnier, insurgé pour le tarif et lors des révoltes des canuts, fondateur du premier club révolutionnaire de Lyon : la société des fleurs, député babouviste-communiste du 1er arrondissement de Lyon : il sera arrêté à l’assemblée nationale, emprisonné et banni à l’exil...
Maurice Moissonnier collabore à l’Histoire Sociale du Socialisme (Éditions des Lilas) et au Dictionnaire biographique du Mouvement ouvrier (Éditions ouvrières). Il participe au Comité de rédaction des Cahiers d’histoire de l’Institut de recherches marxistes, il est membre de l’Institut d’histoire sociale de la CGT et vice-président des "Amis de la Commune".
Et que dire des innombrables récits de luttes et notices biographiques de militants qu’il a publiés, notamment dans le Maitron. Il participe à La France ouvrière sous la direction de Claude Willard (Éditions sociales, Tomes 1 et 2, 1993) et dans tant d’autres publications dont il était un collaborateur efficace.
Il n’a pu achever sa grand oeuvre, Le Mouvement ouvrier dans la tourmente (1934-1945), pour lequel il avait accumulé tant de matériaux, dont seuls les deux premiers volumes (1934-1940), d’une incomparable richesse documentaire, ont été publiés aux éditions Aléas (Lyon) : Tome I - le Front populaire ; Tome II - Déclin et mort du Front populaire. Les deux tomes suivants : Guerre et occupation ; Résistance et Libération sont stoppés pour cause de maladie.
Maurice Moissonnier a fait de très nombreuses conférences, colloques et articles, a participé à des émissions de radios locales, notamment sur Radio Canut.
Fidèle parmi les fidèles du parti communiste, cela ne l’a pas empêché d’en être critique ; il participe d’ailleurs pendant plusieurs années comme membre du Comité de Rédaction de "La Nouvelle Critique" (revue critique du PCF).
Président de « Ras l’front » pour le Rhône, dès sa création en 1995, Maurice Moissonnier fut un militant infatigable qui a su allier activités militantes multiples, enseignement et recherches historiques, toujours avec le même entrain et le même enthousiasme.
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