Après une série d’interventions où des inconnus prenaient le micro pour exprimer leurs idées, certaines pro-capitalistes, d’autres révolutionnaires, d’autres réformistes, nous étions invité à former des commissions - des groupes de discussion - autour d’un thème. Parmi les thèmes qui ont été proposés (le féminisme, l’environnement, la démocratie, la représentativité, les médias, et d’autres), un a retenu mon attention, la Constitution.
Ce thème rassemblait une cinquantaine de personnes qui ont essayé de comprendre et de repenser cette Constitution de la cinquième République.
L’un explique les modalités de la Constitution actuelle qui date du 4 octobre 1958, qui créa un système semi-présidentiel où le président est élu et préside le conseil des ministres, il est le chef de l’exécutif, tandis que le parlement et le sénat sont les chefs du législatif.
Le problème qui a été soulevé est celui de l’impossibilité du renouvellement politique, réservé à une classe d’élite, qui s’entretient et se protège. En fait, c’est la politique en tant que métier à part entière qui a été critiquée. Les hommes ou femmes politiques ne sont pas, selon les intervenants, ancrés dans le monde réel. Or en république, on doit s’occuper de la res-publica, c’est-à-dire de la chose publique en latin.
Le débat avance avec l’idée directrice de briser ce système qui confie à des individus déconnectés du peuple les décisions qui touchent tout le monde.
Tout d’abord, le manque de formation politique à l’école est visé. Pour pouvoir être acteur de la politique, et donc rendre à tous les citoyens la possibilité de s’exprimer et de faire des choix, il faudrait que l’éducation nationale s’occupe d’endosser le rôle de former le futur citoyen qui à ce jour ne sait pas débattre, ou ne sait pas se faire une idée sur la politique puisqu’il ne connaît pas les tenants de chaque idéologie.
Certains allaient plus loin dans cette volonté de rendre la politique à l’ensemble de la population, et invoquaient l’instauration du tirage au sort, qui remplacerait l’élection. Cette idée remise à l’ordre du jour n’est pas complètement loufoque. Elle permettrait de mobiliser tous les citoyens de tous milieux sociaux et les forceraient à s’intéresser et se sentir actif dans la vie politique. Notons que Platon disait que le tirage au sort était le système le plus juste qui puisse exister, puisqu’il donne sa chance à tout le monde sans juger les personnes.
La question de l’étendue de ce tirage au sort diverge au cours du débat. Certains préféreraient qu’il soit réservé au pouvoir législatif, ainsi ce serait véritablement les citoyens qui voteraient les lois et non des parlementaires élus et souvent désengagés, comme le prouve l’absentéisme. D’autres veulent l’étendre au pouvoir exécutif.
Les modalités du tirage au sort ont fait aussi l’objet de discussions. Alors que certains pensent qu’il doit être fait dans un hasard total, d’autres veulent qu’il tire au sort des individus de chaque classe sociale, ou de chaque profession.
L’exercice du tirage au sort a suscité des visions tout autant différentes. Il y a l’idée de la confiance totale dans le citoyen qui part du postulat que chacun est doté d’une raison qui lui permet d’avoir un avis sur les lois qu’on lui propose, et la pluralité des tirés au sort permettrait une certaine objectivité. Et puis, il y a la proposition de faire défiler des experts face à ces citoyens novices, différents selon les modalités de la loi à voter comme il avait été fait au Mali, dans le cadre du vote d’une loi à propos des OGM dont la décision avait été rendue par un jury citoyen.
Pour résumer, c’est la volonté de rendre la parole aux citoyens qui a été l’arrière pensée de cette discussion. Au fil du débat, et ce n’est qu’un constat, ce sont les mêmes personnes qui continuent à prendre la parole, les autres écoutent ou restent en retrait. Peut-être que si l’on avait eu l’idée de tirer au sort ceux qui prennent la parole dans ce groupe de discussion, d’autres idées auraient émergé.
Compléments d'info à l'article
Proposer un complément d'info