Travail, retraite : par où la sortie ?

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Mouvement sur les retraites

On sent bien un ras-le-bol du travail, mais il y a une forme de politesse dans ces manifestations à l’égard du travail. « D’accord pour bosser, mais pas trop ». « Pas deux ans de plus. »
On fait semblant de manifester contre une réforme, alors que ce qu’on voudrait -si on osait- c’est manifester contre le travail.

C’est avec un peu de peine qu’on est sortis de chez nous pour rejoindre la manifestation contre la réforme des retraites.

On a fait nos calculs : à moins d’un sursaut de motivation pour gagner plus d’euros, on ne touchera pas mieux que le minimum vieillesse. Si on est évidemment d’accord pour cette bataille contre cette réforme, c’est quoi la perspective ? On sent bien un ras-le-bol du travail, mais il y a une forme de politesse dans ces manifestations à l’égard du travail. « D’accord pour bosser, mais pas trop ». « Pas deux ans de plus. »

En fait, le compte n’y est pas. On ne pense pas qu’on soit les seuls à ne pas arriver à se motiver pour juste conserver le statu quo du « pas deux ans de plus ».

La retraite nous semble tellement loin, vu que le travail déjà aujourd’hui nous file entre les doigts. Qu’on nous en donne ou pas, on n’est plus tout à fait sûrs que ça vaille la peine. Et comme ils font semblant de nous respecter, on fait semblant de travailler. On fait semblant d’y croire. On fait semblant de manifester contre une réforme, alors que ce qu’on voudrait -si on osait- c’est manifester contre le travail.

Car, désolé, il n’y a pas d’autres manières d’exprimer clairement les choses. Être contre le travail aujourd’hui, c’est affirmer l’évidence de cet immense chantier devant nous, pour tout remettre à l’endroit. Un chantier impossible à entamer si on reste comme des imbéciles à courir après le fric. Car, aujourd’hui, où que l’on regarde, rien de constructif pour les humains et le vivant n’est finançable.

Ce constat obscène, chacun pour l’instant le refoule dans son for intérieur. Entre burn out et désertion, entre révolte et dérision, chacun de son côté, de marge en marge. Quelque chose gronde, quelque chose se prépare, mais quoi ? Quelque chose qui cherche la sortie de l’impasse travail-argent.

Mais rien ne sort. Ce qu’il se dit, ce qu’il est poli de réclamer, c’est la retraite. Et la bien-pensance s’engouffre dedans : voilà qu’ils nous parlent de justice, voilà qu’ils font leurs comptes d’apothicaires pour trier qui a le droit, et combien, un peu plus de caillasse ici, un peu moins là. Mais le compte n’y est pas : il n’y sera jamais.

Nous on cherche un élan pour s’extirper de ce monde qui s’écroule. Le travail et l’argent sont ces chaînes qui nous empêchent de faire correctement ce qui doit être fait. Nous ce qu’on veut, c’est pas la retraite, c’est ne pas bosser du tout et faire ce qu’il y a à faire.

Maintenant. Pas à 62 ans.

Ni retraite, ni salaire.

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