Scroller sur l’actualité des technologies pourrait saper le moral de n’importe qui. IA partout, clash des titans entre Musk et Zuckerberg, relance de la colonisation de l’espace, réduction de la vie privée et de l’intimité à peau de chagrin, surveillance globalisée, harcèlement en ligne...
Ce flot d’informations, toutes plus flippantes les unes que les autres, produit a minima une forme de paralysie, quand il ne s’agit pas de formes de dépression.

Si nos machines n’envisagent pas le futur comme un changement radicalement différent de notre présent, mais comme une suite logique, morne et prédictible, alors il faut bien s’évertuer à faire fructifier nos imaginaires, faire foisonner nos pratiques autonomes, se rallier au hasard et à l’imprévisible, inventer de nouvelles pratiques de transmission. L’angle que nous allons prendre pour ces quatre jours n’est pas à proprement parler celui de la question des futurs et des possibles (qui pourraient constituer à elle seule un nouveau rendez-vous), mais plutôt de ce qui est déjà-là, bien présent, sous le vernis clinquant du libéralisme marchand occidental ; de ce qu’il faut certaines fois aller gratter, creuser, digger ; ce dont on doit retrouver la trace si l’on veut pouvoir démarrer toute opération de démantèlement.

Ce sera l’occasion de se pencher sur les thématiques de la finance, de l’évasion fiscale et des crypto-monnaies, de se rendre compte des territoires bien réels qu’elles occupent, et des stratégies qu’elles déploient. On se questionnera sur ce qui unit science-fiction, course à l’armement nucléaire et droit à l’avortement, dans une plongée dans la période 81-84, un moment historique fondamental pour comprendre les enjeux techno-militaires d’aujourd’hui. Il sera aussi question de discours et d’idéologie, puisque le langage et les récits constituent des territoires où les enjeux de pouvoir sont particulièrement féroces. La question « qui sont les criminels ? » serait un des axes possibles de lecture de notre programmation, puisque la répression et la criminalisation des formes d’opposition se font de plus en plus violentes, et à partir d’éléments de moins en moins tangibles ; mais qu’a contrario, certaines formes de délinquance crasses et évidentes sont diminuées, invisibilisées, voire ignorées volontairement par nos systèmes judiciaires.

Nous présenterons donc des rencontres, débats et discussions avec Nastasia Hadjadji, la Quadrature du Net, ou encore avec Estelle Benazet et Cindy Coutant. Nous emprunteront également les chemins bien concrets et tangibles de la balade The Great Offshore, mais aussi les voies de l’imaginaire et de la fiction dans ce qu’elles ont de plastique, de poétique ou d’esthétique, donc par le biais de la musique, de la performance et de la vidéo. Transformer l’espace du bar avec les vidéos de Marin Soft Wane, nous plonger dans les sets modulaires d’Enerzion, dans la performance cyberféministe de l4bouche comme dans l’interminable liste des combines de la finance mise en son par RYBN devraient nous permettre de nourrir nos utopies.

Parce qu’il y a toujours un intérêt à mettre les mains dans le cambouis de la déconstruction, ce rendez-vous a pour objectif de nous plonger dans plusieurs travaux de recherche pointilleux, riches et souvent ambitieux, de prendre le temps pour suivre les chemins par lesquels se matérialisent la course acharnée à la surproduction, à l’exploitation et à la surveillance de masse, tout ça pour faire tomber les mythes et s’organiser. 

Programme du week-end :

19H Projection (prix libre)
Alles ist eins. Außer der 0, de Klaus Maeck & Tanja Schwerdorf, Interzone Pictures, durée : 1h30.
Un film sur les débuts mythiques du Chaos Computer Club.

Dans les années 1980, le CCC attire l’attention sur les failles de sécurité informatique avec des piratages spectaculaires. L’attaque nocturne du système BTX d’une banque hambourgeoise embarrasse la Deutsche Post et place le Club dans tous les médias. Lorsque la centrale nucléaire de Tchernobyl explose, le CCC diffuse via les premiers systèmes de messagerie des informations de fond plus rapidement que les gouvernements ou la presse. Mais bientôt, des membres du club seront soupçonnés d’avoir piraté le réseau sensible de la NASA et de travailler pour des services secrets étrangers. Outre les tentatives de recrutement par les services de protection de la Constitution, les perquisitions et les arrestations, les membres du CCC font face à des morts mystérieuses.

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VENDREDI 15.09 - Ouverture des portes à 18h30