Samedi 9 février à Lyon, lors de l’acte XIII du mouvement des Gilets Jaunes, l’extrême droite radicale (Bastion Social, Action Française, Hooligan de l’OL plus quelques membres des Zouaves Paris) a été défaite dans la rue et sortie du cortège. C’est la première fois depuis le début du mouvement des Gilets Jaunes à Lyon et sans doute depuis bien longtemps d’une manière générale dans cette ville, qu’un groupe aussi conséquent de fafs attaque un cortège, se fait repousser puis chasser de la manifestation.
Lassées de se faire traquer depuis 12 actes parce qu’iels n’ont pas la bonne couleur de peau, les bonnes couleurs politiques, parce qu’iels correspondent dans l’imaginaire fasciste à ce qu’il faut éradiquer, de nombreuses personnes ont répondu présentes à l’appel antiraciste et antifasciste lancé pour ce 13e acte. Et se sont organisées en conséquence.
C’est une victoire sans nul doute. Localement, car on connaît l’implantation des fafs ici, et ce genre de moment est suffisamment exceptionnel pour être précieux. Renverser le rapport de force, se tenir ensemble, estomper un tant soit peu la peur. Car ce qui se joue ici c’est aussi et surtout une guerre psychologique. Il était vital de pouvoir se dire, de se prouver même qu’il était encore possible de participer à un acte sans craindre d’avancer certaines valeurs, certains positionnements politiques à l’intérieur du mouvement des Gilets Jaunes. Que non définitivement ce ne sont pas les fafs qui tiennent la rue ou en tout cas que cela n’est pas inexorable.
Plus largement, dans un moment où une frange de l’extrême droite radicale se recompose dans la rue, se dotant d’une identité politique presque exclusivement tournée vers le combat de rue, reprenant les codes du hooliganisme (cf OuestCasual), il est nécessaire de lui opposer une résistance collective. Comme ce fut le cas à Paris lors de l’Acte 12, et puis à Lyon samedi dernier. Lyon étant le bastion historique de l’extrême droite radicale, ne pas leur laisser la rue dans cette période mouvementée paraît primordial.
Tout cela est en effet paradoxal et frustrant, que plusieurs dizaines de fafs concentrent autant d’énergie et d’attention. Politiquement, ils ne représentent pas grand chose. Leur activisme est plutôt réduit. Si, ici à Lyon, au commencement ils ont investi avec une certaine intensité le mouvement des Gilets Jaunes, déployant des banderoles et prenant la tête des cortèges, assez vite ils se sont consacrés à leur activité favorite, la chasse. Se réduisant par là même à l’impuissance politique. Délaissant le mouvement en lui même. Le problème c’est qu’ils ont poussé celles et ceux qu’ils traquent chaque samedi vers la même impuissance, vers le même isolement. Et c’est en ça qu’ils constituent les parfaits supplétifs des forces de l’ordre, malgré toute leur rhétorique antiflics. Le fascisme produit l’ordre là où il voit désordre. C’est sa fonction historique. En cela, les fafs constituent un rempart bien utile au pouvoir en place.
Et c’est donc bien pour cela qu’il est nécessaire de les chasser inlassablement des cortèges. Pour qu’enfin la manifestation puisse déborder sans crainte d’une attaque de l’intérieur. C’est d’ailleurs ce qui s’est passé samedi dernier en fin d’après midi à Lyon.
Sans faire abstraction des forces de l’ordre qui restent bel et bien les principaux fauteurs de trouble. Sans perdre de vue qui mutile et éborgne. Ni qui en donne l’ordre. Sans oublier tout ce contre quoi les Gilets Jaunes se dressent. Ni toutes les contradictions qui traversent ce mouvement.
Mais indiscutablement, sans les fafs la fête est plus folle.
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