« Je m’appelle Christine.
Le 16 décembre, au début de la mobilisation contre la LOPPSI2, un campement se met en place à Lyon sur la célèbre place Bellecour (le Punishment Park des manif’ pour les retraites). Deux fourgons, une tente, un braséro, des pancartes. Les municipaux et les nationaux qui passent dans la soirée nous laissent nous installer.
Mais à 6h du mat’, un RG vient se renseigner. On est clairs : non seulement on ne part pas mais en plus on attend des copains et copines pour tracter dans la matinée et on espère l’arrivée d’autres camions toute la journée.
Les flics arrivent alors de plus en plus nombreux, appellent les pompiers pour éteindre le braséro sécurisé, embarquent en fourrière et convoquent tout le monde (6 personnes) au commissariat pour audition.
Je résiste un peu plus que mes potes, c’est la garde à vue pour rébellion. Puis s’ajoutent dégradation (coups de pieds dans les murs du comico) et refus de fichage (dons d’ADN, de photo et d’empreintes digitales).
Comparution immédiate 48h plus tard : 3 mois ferme sans mandat de dépôt..
Ce n’est pas assez pour le proc’ qui avait réclamé 4 mois avec mandat. Il fait donc appel.
J’étais convoquée à la cour d’appel de Lyon (qui a très mauvaise réputation) vendredi 11 février à partir de 13h30.
Le 11 fevrier, on était une trentaine (et un RG) avec table de presse contre la LOPPSI au rendez-vous.
Mais les magistrats étaient en grève et ça a été reporté au 22 mars.
Dans un dernier coup de provocation, j’ai promis au juge qu’on serait au moins aussi nombreux puisque c’est une bonne date pour lancer un mouvement qui dure...
Voulez-vous m’aider à ne pas lui avoir menti ? Merci ».
Christine, courageuse, résistante, dressée face aux juges le vendredi 11 février, les apostrophant sans crainte !
Christine, nouvelle victime de l’arbitraire, refusant toute compromission et qui risque de payer très cher son refus de se plier aux nouvelles règles de cet Etat fascisant !
Soyons nombreux, solidaires ce 22 mars à 13h30 devant la cour d’appel de Lyon pour dire non à l’arbitraire, à la Lopssi, à toute leurs lois qui grignotent nos vies, nos libertés.
Soutenons son combat qui est notre combat, le combat de tous ceux qui refusent de se laisser enchainer !
Mise à jour du 22 mars
Mardi 22 mars 2011, Christine était convoquée à la Cour d’Appel de Lyon. Suite à un rassemblement contre la loi LOPPSI 2, place Bellecour, le 16 décembre 2010, elle avait été placé en Garde à Vue (GAV) pour « violence sur personne dépositaire de l’autorité publique », en l’espèce un flic empoigné par le col. 48h plus tard elle passait en comparution immédiate sous ce chef d’inculpation mais aussi pour refus de se soumettre aux prélèvements ADN et signalétiques. Elle écopait alors de trois mois ferme sans mandat de dépôt. Là-dessus, jugeant la peine trop légère, le parquet a fait appel, celui-là même qui était examiné ce mardi 22 mars.
Devant le tribunal, 50 à 60 personnes étaient présentes en solidarité avec Christine. Après plusieurs affaires où le juge aura fait preuve d’un moralisme puant, dans le but de faire culpabiliser les prévenus de leur manque d’effort de réinsertion, la tendance s’est quelque peu inversée lorsque le tour de Christine arrive.
Ne se démontant pas, elle s’explique sur cette fameuse altercation avec le poulet et dénonce pendant plus d’une demi-heure ses conditions de détention durant sa GAV (garde à vue) qui a suivi. Menottage, fouille à corps, humiliations, refus d’accès aux chiottes,… S’appuyant sur le rapport de GAV des flics, le juge l’interroge sur ses insultes envers les keufs, ses coups de pieds sur la porte de cellule et autres protestations. Ne répondant ni par oui ni par non et n’hésitant pas à couper la parole au juge et à le questionner plutôt que de répondre à ses questions binaires, elle repart sur une dénonciation du comportement des keufs et de ses conditions de détention.
Près d’une heure d’audience, où la peur, sans changer de camp, ne fit pas mouche dans le rang de l’accusée. L’avocate générale, dans son réquisitoire, s’insurgera qu’il ait été laissé libre cours aux accents de vérité de l’accusée : « Les temps changent, il y a peu de temps la cour aurait suspendu l’audience et poursuivit l’accusée pour outrage à magistrats ».
Contrairement à ce qu’insinua cette dernière, il y a peu à parier que la justice subisse réellement de telles mutations, mais peut être plus à supposer que ces robes noires n’ayant pas l’habitude de se voir tenir tête se retrouvent quelques peu décontenancés dans ces cas là.
L’avocate générale demandera finalement 10 mois ferme et 18 mois de sursis. Le délibéré sera rendu le 17 mai.
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