« Qu’on ne vienne pas me parler après de gestes de la police qui ne sont pas adaptés à ce qu’il se passe dans une manifestation » : récit des procès de gilets jaunes du 14 mai

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Comptes-rendus de justice | zbeul hiver 2018/2019 | Gilets Jaunes

L’acte XXVI a beaucoup mobilisé sur Lyon. Le lendemain, au tribunal, le storytelling judiciaire qui veut fait croire au mythe des gentils policiers fatigués par tous ces samedis de mobilisation et subissant les violences brutales des gilets jaunes était de sortie. Récit.

L’acte XXVI a beaucoup mobilisé sur Lyon (plusieurs milliers de GJ). Le dispositif policier était lui aussi massif. Des fouilles aux péages de l’A6 et l’A89 avaient déjà eu lieu la veille et le jour-même. Dès la fin de mantinée, tout autour de la place Bellecour, des nuées de flics s’affairaient et fouillaient systématiquement tout ce qui ressemblait à du gilet jaune. Et sur le trajet (malheureusment déclaré), les rues - où une manif sauvage aurait pu s’engoufrer - étaient méthodiquement quadrillées. Bilan : une vingtaine de robocops blessés, une dizaine d’arrestations et un cortège qui s’est bien tenu, avec les plus enervé-e-s à l’avant.

Première affaire

Un gilet jaune est poursuivi pour détention d’engins ou substances explosives et participation à un groupement. Il a été arrêté avant la manifestation en arrivant place Bellecour à 12h. Dans son sac des pétards liés à des aérosols vides. Il se défend en disant qu’il n’allait pas à la manif mais au barbecue à Gerland et que ces engins devaient être purement festifs.

Juge : « L’affaire se situe dans le cadre de la manifestation gilets jaunes. À 12h20 les services de police effectuent un contrôle préventif. Ça se passe dans le cadre autorisé par le procureur. Évidemment on ne peut le faire tout le temps mais le procureur peut autoriser les contrôles préventifs aux abords de la manifestation. Dans votre sac à dos on trouve une combinaison de moto coquée, des lunettes de protection des aérosols, des gros pétards, et puis ça interroge vraiment, un brassard sur lequel il est écrit police. Je vais montrer à mes assesseurs l’ensemble des objets dont vous êtes porteur. »

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Puis la juge se met à faire un concours de victimisation : « Au cours de cette manifestation nous avons eu 22 policiers blessés, 22 ! Par contre pour les manifestants 4 ont été blessés. C’est pas la même mesure ! » En oubliant de dire que 1) les blessures des policiers se font sur un mode déclaratif (il suffit que le policier déclare avoir été blessé pour être comptabilisé) et 2) une bonne partie des gilets jaunes blessés ne vont pas à l’hopital pour éviter d’être fichés ou de se faire arrêter là-bas. Et donc ne sont pas pris en compte dans les statistiques.

J : « Vous alliez à la manifestation ? »
Prévenu : « Non j’allais au barbecue à Gerland. »
J : « Vous osez dire ça ! Avec tous ces objets ! Vous savez vous avez le droit de dire tout ce que vous voulez et même de garder le silence, mais le tribunal n’est pas obligé de croire n’importe quoi. »

Procureur : « J’ai du mal à croire que Monsieur ait maintenu cette version. J’ai espéré que neuf heures en prison lui permettent une réflexion plus aboutie. Ce n’est pas crédible. La réalité de ces objets associés à cette combinaison coquée, noire, faite pour éviter les projectiles. Il vient de nous dire "je n’allais pas à la manif mais j’ai tout ce qu’il faut pour un face à face avec les forces de l’ordre". Quand on va dans ce type de manifestation, avec ce type d’objets ou quand on reste dans la manifestation quand les choses commencent à déraper c’est qu’on fait le choix de s’affronter avec les forces de l’ordre. Monsieur a fait le choix de s’affronter avec les forces de l’ordre, il en paie le prix aujourd’hui. »

Réquisitions : la proc’ demande 12 mois de prison dont 6 avec sursis + Interdiction de manif pendant 3 ans.

L’avocate de la défense assume la position de son client et met en avant la trop grande promiscuité entre l’audience, l’actualité et la pression médiatique.

Délibéré : la juge condamne plus durement que ce que demandait la proc’ :18 mois de prison sans mandat de dépôt dont 12 mois de sursis + interdiction de manif pendant 3 ans + obligation d’effectuer un stage de citoyenneté.

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Affaire n°2

Un second gilet jaune est poursuivi pour violences volontaires sur personne dépositaire de l’autorité public n’ayant entrainé aucune ITT, participation à un groupement en vue de commettre des violences et des dégradations. Et dissimulation du visage.

J : « Vous aviez effectivement un masque de ski et un masque à gaz sur le visage. On a entendu le policier qui vous a vu sur la voie publique, et je vais lire sa déclaration. Le 11 mai 2019, il assurait la fonction de chef de colonne. Il dit qu’il était environ 17h45. Le policier a aperçu pour la première fois, un individu dont il décrit la tenue vestimentaire : une veste de survêtement noire avec une capuche relevée sur le visage, une casquette grise. Je lis précisément ce qu’il dit, écoutez : « Ce dernier se trouvait au milieu du carrefour, il lançait des projectiles qui devaient être des pierres en direction des forces de l’ordre positionnées en barrage avenue Berthelot. Il est revenu plus tard avec une bouteille en verre qu’il a lancé de nouveau en direction des forces de l’ordre. Il était en plein milieu de la chaussée juste à côté d’un feu tricolore. Son signalement a été transmis à notre centre d’information et de commandement. Les fonctionnaires de police en moto, se sont rendu sur les lieux. L’individu leur a été désigné clairement. Ces fonctionnaires de police sont allés interpeller l’individu. » On lui demande ensuite si des policiers ont été blessés par ces jets. Le policier répond « je ne sais pas. De là où je me trouvais je voyais distinctement le mis en cause lancer des projectiles sur le barrage de police. On lui demande s’ils ont perdu de vue l’individu. Il répond : « Non à aucun moment nous n’avons perdu de vue l’individu. Il est resté dans notre champs de vision. » Voilà. Au moment où les policiers vous ont vu, il n’y avait pas de caméra à cet endroit donc nous n’avons pas de vidéo-surveillance. Et ensuite vous avez été entendu et vous avez globalement reconnu les faits on va dire. Alors qu’est-ce que vous nous dites aujourd’hui ? »

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Pré : « Je n’ai à aucun moment jeté une bouteille en verre »
J : « Alors ça vous le contestez. »
Pré : « Oui en verre je le conteste. »
J : « Alors qu’est-ce que vous avez jeté en direction des forces de l’ordre ? »
Pré : « Une pierre. »
J : « Une pierre ? Deux pierres ? Trois pierres ? »
Pré : « Pas plus que deux. »
J : « Comment elles étaient ces pierres ?
Pré : « Petites. »
J : « Où vous les avez trouvées ? »
Pré : « Dans la rue. »
J : « D’accord vous les avez trouvées sur le bord de la route ? Vous ne les avez pas mis dans votre poche ? Parce que c’est vrai qu’on peut se demander s’il y a vraiment des pierres à cet endroit-là. Vous dites que vous les avez trouvées sur le sol. Bon… Pourquoi avoir jeté des pierres sur la police ? »
Pré : « J’étais entrainé. »
J : « On peut dire ça quand on a 14 ans et demi mais quel âge avez-vous monsieur ? »
Pré : « 21 »
J : « 21… À plusieurs on est idiot c’est ça que vous voulez dire ? Bon… Vous savez combien de policiers ont été blessés dans cette manifestation ? »
Pré : « 22 »
J : « Vous pensez que les policiers sont là pour se faire jeter des pierres ? »
Pré : « Non ils sont là pour faire leur métier. »
J : « Et c’est quoi leur métier dans une manifestation ? »
Pré : « Le maintien de l’ordre. »

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J : « Voilà. Qu’est-ce que ça veut dire le maintien de l’ordre ? Permettre aux gens normaux de manifester parce que c’est un droit. Bon. Donc vous avez jeté quelques pierres et qu’est-ce que vous avez fait d’autre ? »
Pré : « J’ai dissimulé mon visage. »
J : « Pourquoi dissimuler votre visage ?
Pré : « Pour me protéger des tirs de flashball . »
J : « Alors, c’est toujours ce qu’on dit, c’est pour se protéger du comportement des policiers. Ça peut être aussi pour ne pas être reconnu. Donc vous aviez quelque chose relevé sur votre visage, des lunettes pour se protéger … Comme si les policiers étaient par définition des gens agressifs. Hein ? Bon… Vous avez dit que vous avez participé à une quinzaine de manifestations. Vous n’êtes jamais venu précédemment avec cet attirail sur vous et vous n’avez jamais jeté des cailloux sur les forces de l’ordre. Vous avez dit : « je suis inscrit virage nord, un groupe de supporter de football lyonnais. Je sais qu’il y a une référence aux partis d’extrême-droite mais je n’en fais pas partie. Je trouve que ce n’est pas banal d’arriver à une manifestation avec un sigle qui peut associer… à ce groupe de supporter particulier. Vous mettez spécialement ce sigle pour aller manifester ? »
Pré : « Non je suis ni de droite ni de gauche. »
J : « Bon tout ça finalement, c’est des coïncidences. Les lunettes et puis cette chose pour protéger c’est parce que vous avez peur des policiers, le pull c’est pas du tout parce que vous êtes d’extrême-droite mais c’est parce que vous le mettez tout le temps…On dit pas que vous êtes d’extrême-droite, on dit simplement que le virage nord est un groupe de supporter qui fait référence à l’extrême-droite. C’est inscrit sur Internet, c’est un groupe de supporter qu’on associe à des gens d’extrême-droite. Vous le savez ? »
Pré : « Oui »
J : « Vous le savez ! Et puis vous avez dit, c’est assez intéressant parce que c’est quelque chose qu’on entend quand on voit des gens être agressifs en manifestation et se faire tout petits ici. Ils n’appartiennent à rien et ils ne sont pas dangereux… « J’avais un masque j’avais l’impression d’être plus fort. » Quelle utilité de vouloir se sentir fort si on ne se sent pas un peu faible ? On a exploité votre téléphone, on n’a rien trouvé. Est-ce qu’il y a des questions sur les faits. Alors votre personnalité. Ah pardon, vous voulez ajouter quelque chose ? Allez -y.
Pré : « Je suis très, très déçu. »
J : « Par qui ? »
Pré : « Par moi. »

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La procureur prend ensuite la parole et se lance dans un vibrant plaidoyer en faveur des conditions de travail des forces de l’ordre : « Alors quelques mots sur cette manifestation des gilets jaunes. 22 policiers blessés, 4 manifestants. Pour le 26e samedi, 701 policiers et gendarmes étaient engagés. 701 policiers et gendarmes qui depuis 26 semaines passent leur week-end à essayer d’assurer la sécurité des gens et le droit de manifester. Et quand j’entends les raisons pour l’attaque des policiers qui sont : ce gouvernement ne nous entend pas, il n’y a que par la violence qu’on pourra se faire entendre. Ils [les policiers] font partie de l’État. Comme nous. Comme nous ! Nous faisons tous partie de l’État car on travaille pour assurer la sécurité des gens [Un mauvais esprit dirait plutôt qu’ils travaillent à réprimer le mouvement des gilets jaunes mais enfin...]. Magistrats, policiers on a travaillé pour cela comme tous les week-end et notamment depuis 26 week-ends sur les gilets jaunes. Derrière l’équipement de policier, derrière les boucliers il y a des hommes, des pères de famille, y’ a aussi des femmes et des mères de familles qui depuis 26 week-ends ne gagnent pas beaucoup plus que vous gagnez vous et qui auraient tout à fait la possibilité de dire : « Nous aussi on galère, nous aussi on a une existence difficile. Depuis 26 semaines, depuis 26 semaines on est mobilisés tous les week-end. On ne peut pas prendre nos congés, on ne peut pas prendre nos récupérations parce que depuis 26 semaines, on doit assurer la sécurité des concitoyens qui ont le droit de manifester. C’est ça le travail des policiers chaque week-end depuis 26 semaines. Alors 22 policiers blessés. Je vais prendre un peu de temps, je vais le faire qu’une fois et c’est sur ce dossier que ça me parait nécessaire de le faire. On a un PV de contexte. A 11h15, sur les quais St Antoine, 30 bocaux contenant de la matière fécale, « cacatov » sont découverts à proximité des algecos. Voilà où on en est aujourd’hui. Voilà ou on en est arrivé au 26e acte ! On les a découverts la semaine dernière à Lyon. Avant ce n’était que dans la ZAD de Notre-Dame-des-Landes. 30 bouteilles d’excrément cachées pour les récupérer le long de la manifestation. 14h40 : Départ du cortège. 14h45 cinq minutes après le départ de la manifestation une dizaine de jeunes individus chantent un slogan anti-police : « Tout le monde déteste la police. » On est parti depuis 5 minutes et il y a déjà des slogans anti-police. 15h30 : Des individus vêtus de sombre en tête de cortège à la place des manifestants dits « classiques ». 15h32 : Jets de projectiles et de pétards en direction des policiers. 15h42 : Rue de la Part-Dieu, jets de projectiles. 15h44. 15h44 ! Ils ont attendu ! Ils ont résisté ! »

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« 15h44 : Usage des premiers gaz lacrymogènes suite à des jets de projectiles sur les forces de l’ordre. En tout cas on voit bien que ça a déjà commencé à dégénérer. 15h45 : Un effectif de la CDI est blessé. Un deuxième effectif de la CDI est blessé. 15h45 : Importants jets de projectiles sur les effectifs. 15h52. Usage de grenades de désencerclement. Des individus hostiles viennent au contact des policiers. La situation devient de plus en plus tendue. Ces derniers sont contraints de faire usage de plusieurs grenades de désencerclement. 16h : Jets de projectiles toujours depuis la tête de cortège. 16h03 : 2500 gilets jaunes, 400 à risques. 16h06 : Sommations règlementaires. Il est interpellé plus de deux heures après Monsieur. 16h06, ils sonnent la fin (!) de la manifestation Les policiers font les sommations réglementaires. A 16h06, il y a déjà plusieurs blessés parmi les forces de l’ordre. 16h07 : Un policier est blessé par un projectile au niveau de la nuque. 16H13 : compte tenu de l’hostilité d’un grand nombre de manifestants en tête de cortège qui déplace des barrières de chantier, le long de l’Université Lyon 3 et de nombreux jets de projectiles, nous décidons de procéder à la charge de ces manifestants. C’est la première charge ! 16h13 ! 2 heures qu’ils en prennent plein la tête, c’est la première charge ! Qu’on ne vienne pas me parler après de gestes de la police qui ne sont pas adaptés à ce qu’il se passe dans une manifestation. »

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« Première charge à 16h13. Plusieurs manifestants sont blessés au cours de cette charge. Les street-médics leur portent secours. Le groupe hostile est composé de 400 personnes. 16h40 la station de tramway Quai Claude Bernard vole en éclats. 17h30, reprise des jets de projectiles. 17h55 : nouvelles sommations réglementaires. Trois sommations règlementaires avant l’interpellation de monsieur ! J’ai pris un peu de temps mais c’était pour vous dire la volonté des manifestants c’est d’en venir aux mains avec les forces de l’ordre. Plus les semaines passent, plus les gens risquent de se retrouver dans une manifestation qui va partir sur des mauvais chemins. On voit que les forces de l’ordre font l’objet de tirs de toutes part, quand on voit qu’il y a des policiers blessés, quand on voit que la manifestation ne va pas se finir correctement, [elle crie] on PART ! ON PART ! Moi je veux bien qu’on continue à avoir envie de manifester après 26 samedi de violences, je veux bien qu’on y aille. Mais à ce moment-là on ne reste pas quatre heures dans une manifestation avec trois sommations... Y’a toute l’exploitation du téléphone portable qui a montré que celui-ci fait partie des gilets jaunes les plus motivés, les plus vindicatifs et les plus motivés ; Il le reconnait d’ailleurs. 15e manifestation, il dit que les autres il n’a pas pu y aller. Quelqu’un qui n’est pas là par hasard. Je suis désolé mais entre le matériel, avoir le visage dissimulé, qui est interdit en soi. Même si on est pacifiste, ça a été dit régulièrement depuis la loi d’avril, le fait même d’être dans une manifestation le visage dissimulé on risque une peine d’un an d’emprisonnement. En faisant partie de ce groupement pendant plus de deux heures, monsieur s’est rendu coupable des 3 infractions. Je vous demanderai donc de rentrer en voie de condamnation à son encontre. Je prends bien évidemment en compte le fait qu’il n’ai jamais été condamné par un tribunal. Je prends aussi en compte que face à lui il a des hommes. Ce ne sont pas que des policiers qui sont là pour nous servir mais aussi des hommes. Je vous demanderai de le condamner à 18 mois d’emprisonnement, dont douze seront assortis d’un sursis, d’ordonner son placement en détention et comme peine complémentaire d’interdire de manifestation pendant 3 ans. »

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J : « Merci madame le procureur. Pour la défense. »

Défense : « Sur les violences sur les policiers bien sûr il n’y a pas d’explication possible. En aucun cas il n’a eu l’intention de blesser quiconque. Il a précisé que dans ce mouvement de foule il a jeté stupidement ces projectiles envers les policiers. Il n’a pas jeté de bouteille en verre sur les forces de l’ordre. Monsieur n’est pas quelqu’un de violent. Il s’est laissé interpeller normalement. L’exploitation du téléphone portable n’a pas mis en exergue une affiliation à des actes violents. En aucun cas, Monsieur, ne faisait partie de ces groupes violents et sa personnalité en témoignera. »

Délibéré : 18 mois de prison sans mandat de dépôt dont 12 avec sursis + Interdiction de manifester pendant 3 ans et obligation d’effectuer un stage de citoyenneté.

Pendant ce temps là, à Roanne

Le torchon local Le Progrès nous apprend dans son édition du 15 mai que deux jeunes gilets jaunes arrêtés à Roanne lors de la manifestation régionale de l’acte XXII ont comparu ce mercredi devant le tribunal correctionnel de Roanne. Le plus jeune des prévenus (22 ans) a écopé de deux ans d’emprisonnement dont un an avec sursis et mandat de dépôt pour avoir tenté de mettre le feu à deux containers, participé à un groupement formé en vue de la préparation de violences, et jeté des pierres sur les forces de l’ordre [1].

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Le second gilet jaune (29 ans) a été condamné à un an de prison ferme avec mandat de dépôt pour avoir également jeté une pierre sur un policier.

Les deux étaient en liberté conditionnelle, c’est-à-dire qu’ils avaient déjà été emprisonnés puis relâchés. Ils repartent donc en prison.

Et dans l’est lyonnais

Un gilet jaune de Vaulx-en-Velin a été arrêté mardi 14 mai par la police. Il lui est reproché d’avoir exposé sur les réseaux sociaux une photo d’un menu issu du restaurant parisien « Le Fouquet ‘s ». Lequel restaurant avait copieusement été défoncé lors du premier ultimatum des gilets jaunes à Paris le 16 mars dernier. Les policiers ont réussi à prouver qu’il était bien à Paname ce jour-là.

Vu que la stratégie du pouvoir pour mater le mouvement est, depuis plusieurs mois, d’épuiser les manifestants en réprimant et en condamnant à tour de bras, pourquoi se limiter à un seul chef d’accusation ? L’homme est aussi poursuivi pour des publications Facebook (il aurait « souhaité pour le chef de l’Etat un destin similaire à celui du président Kennedy » et outragé des policiers dans une autre). Ensuite, il aurait, le 1er mai, filmé et relayé la vidéo d’un policier victime d’un jet de cocktail Molotov à Lyon. Enfin, il aurait organisé six manifestations non déclarées entre les 26 mars et 15 avril à Lyon et Saint-Cyr-au-Mont-d’Or.

Tout cela donne, dans le langage judiciaire : « recel de vol aggravé, organisation de manifestations non déclarées, apologie de crime, outrage à agent de la force publique, enregistrement et diffusion d’images violentes ». Convoqué le 18 juin au tribunal.

P.-S.

Le mouvement des gilets jaunes ne fait pas que des malheureux : les routiers et les policiers en décembre avaient déjà réussi à gratter des sous en menaçant de se mettre en grève. Le gouvernement avait cédé en moins de deux. Aujourd’hui ce sont les associations de commerçants qui ont obtenu gain de cause. Non content d’interdire les manifestations dans certains périmètres pour que la routine capitaliste continue comme si de rien n’était, l’État vient de franchir un cap : 150 000 euros vont être déboursés pour les commerçants lyonnais de la presqu’île et 300 000 euros pour leurs homologues stéphanois. Des sommes destinées à lancer des opérations de « reconquête de la clientèle » [sic] suite aux manifs hebdomadaires depuis novembre. Il faut reconnaître que les touristes et les bourgeois de la métropole ont sans doute un peu de mal à faire leurs courses les samedis. Des hordes jaunes sillonnent la ville ; ça gaze dans tous les sens. Puis y’a toujours le risque de prendre une balle perdue (de LBD). Sans parler, pour certain-e-s d’histoires de mauvaise conscience : faire ses emplettes alors qu’à deux pas, la police charge, gaze et nasse des gens, ça la fout mal pour ceux qui ont le coeur à gauche...

Notes

[1Il a été relaxé pour un quatrième fait concernant la destruction d’un abribus.

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