La dernière proposition de loi [1] sur la sécurité dans les transports en commun participe d’une nouvelle offensive, particulièrement tranchante, pour le maintien de l’ordre.
Pêle-mêle : Les contrôleurs en civil, qu’on connaissait dans les TCL, débarquent dans les trains. Ne pas donner suites aux amendes pourra nous valoir la taule dès le cinquième impayé – contre dix aujourd’hui. De nouvelles dispositions permettront de recouper les fichiers des différentes administrations pour retrouver notre adresse actuelle. Les flics pourront plus facilement fouiller les usagers et les bagages.
L’attaque est encore plus frontale face à ceux qui s’organisent collectivement. Participer à une mutuelle de fraudeurs ou se prévenir des heures et lieux des contrôles par téléphone ou sur internet est maintenant passible de prison [2]. Les réseaux de transport en commun ne se laisseront pas déborder par leur propre transition numérique (cf. l’élargissement de la 4G et le programme #DigitalSNCF).
On en convient, il va falloir ruser encore un peu plus pour passer à trav’.
Ca fout la rage, mais ça a cessé de nous étonner. Les transports en commun font partie intégrante du maintien de l’ordre et leur passion sécuritaire ne les a jamais vraiment quittée depuis Vichy.
Une ambiance nauséabonde règne au sein de cette cascade de dispositifs de contrôle. Les caméras qui tournent sans cesse, les contrôleurs beaufs ou mielleux qui ne font que leur travail, les portiques de sécurité, les pictogrammes morbides, les injonctions à ne pas lâcher d’argent aux gens qui tapent la manche, le flux d’ennui frénétique qui draine leurs mornes couloirs.
Les transports en commun constituent dans ce sens un terrain exceptionnel d’expérimentation sécuritaire, qui a vocation à s’étendre au reste de la métropole. Les patrouilles militaires dans les gares par exemple ; la pression pour signaler les personnes ou bagages suspects, les logiciels qui rendent la vidéo-surveillance interactive, les fouilles aléatoires, les injonctions orwelliennes diffusées par hauts-parleurs... de véritables éclats d’états d’urgence sur roues.
On y traque les fraudeurs mais aussi les marginaux, les SDF, les voleurs et bien sur, le terroriste. L’enjeu est que rien ne se passe. Tenter de mettre à mort, à chaque instant, l’imprévisible.
On était déjà sur nos gardes lorsqu’on pénétrait dans leurs réseaux, cette nouvelle loi est une raison à être encore un peu plus aux aguets, à continuer à se jouer de leur contrôle et à être de plus en plus à le faire.
Fraude For Ever !
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