Les chiffres des manifs d’entre deux tours sont démoralisants. En 2002 : le 1er mai, plus d’un million et demi de personnes. En 2017 : 300 000 personnes. En 2022 : tout juste quelques dizaines de milliers. La gauche, un peu réveillée dans les urnes, a largement déserté la rue. La répression policière et judiciaire des mouvements sociaux (des Gilets jaunes aux quartiers populaires) a constitué un puissant outil de démobilisation. Militant·es de tous horizons, nous sommes fatigué·es par nos conditions d’existence de plus en plus précaires et par des années de lutte pied à pied contre les abominations incessantes inventées par Macron et ceux qui l’ont précédé. Le durcissement continu des politiques et la succession des catastrophes nous poussent à la déprime. Le repli sur soi, le déni et la gueule de bois permanente sont les signes majeurs des temps.
Institutions grignotées
Après des décennies de politiques bonapartistes et répressives, nos institutions sont quant à elles grignotées et déjà prêtes aux complicités les plus honteuses. Qui se souvient du dernier geste anti-raciste accompli par une gauche de gouvernement ? Quelles sont les dispositions à la résistance et le niveau de préparation du pouvoir judiciaire face aux attaques massives sur le droit annoncées par Le Pen ? Que peut-on attendre de la presse paresseuse, déjà habituée à relayer les discours préfectoraux à la chaîne ? Des manifs ont eu lieu le soir du 1er tour 2022. Comment titre le Monde du lendemain ? « Violences et dégradations à Rennes dimanche, le parquet ouvre une enquête ». C’est tout. Le « quatrième pouvoir » est largement en panne. Les rouages de la République répressive sont déjà parfaitement huilés.
Une lutte d’un genre nouveau
C’est précisément pour ces raisons que nous ne céderons pas une minute à l’abattement. Si le Gouvernement tombe aux mains du Rassemblement national, nous ne laisserons pas les personnes les plus fragilisées – notamment les racisées – seules face à la machine à broyer. Nous serons présent·es dans la rue dès les premiers jours pour contester l’intolérable. Nous trouverons les outils pour mener une lutte d’un genre nouveau. Si Macron demeure, il faudra en finir avec la léthargie républicaine, et briser ce régime dans lequel une police proto-fasciste soutient le néo-libéralisme autoritaire. Car dans les rangs de la police notamment, le lepénisme est déjà là. Quoi qu’il advienne, il est temps de faire grandir l’offensive de la vérité et de la justice contre la machine politico-policière. Nous y participerons.
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