Ces événements récents s’inscrivent dans un contexte répressif plus global :
Samedi 19 octobre 2013 des manifestations contre le mal-logement étaient organisées dans une quinzaine de villes d’Europe à l’appel de nombreuses associations. A Paris, les manifestant-e-s furent encerclé-e-s, bloqué-e-s pendant 3 heures par les CRS, matraqué-e-s. Des militant-e-s et des porte-parole du mouvement, des mères de famille mal-logées ont été violemment frappé-e-s.
Lors de la manifestation à Lyon contre le TGV Lyon-Turin le 3 décembre 2012, plusieurs cars venus d’Italie ont été bloqués sur l’autoroute par la police. Des militant-e-s ont été arrêté-e-s « préventivement » plusieurs heures avant. Plus de 1000 manifestant-e-s ont pu malgré tout arriver jusque-là : ils/elles ont été enfermé-e-s tout l’après-midi entre de hautes grilles aux Brotteaux devant la salle des ventes de luxe « Anaf » (ancienne gare de Brotteaux).
Le 21 octobre 2010, à l’occasion des manifestations contre la réforme des retraites, un important dispositif policier a enfermé sur la place Bellecour (pendant 5 heures !) 800 personnes, lycéen-ne-s et étudiant-e-s ou simples passant-e-s. Il s’agissait là de la première expérimentation de ce nouveau dispositif policier : la garde à vue de masse en plein air.
La police est désormais équipée pour procéder à plusieurs centaines d’arrestations à la fois : on a vu stationner près de certaines manifestations à Lyon d’immenses cages grillagées tractées par des camions.
Depuis des décennies, dans les quartiers populaires (les fameuses « banlieues »), la police multiplie le contrôle au faciès, harcèle les habitant-e-s. Quand il y a des morts provoquées par ces pratiques policières, l’État couvre systématiquement les « bavures » : Zied et Bouna en 2005 à Clichy, Wissam El Yamni en 2012 à Clermont Ferrand ...
Ces derniers mois c’est même le fait de vouloir manifester qui est interdit ! (Rassemblements antifascistes, manifestations de soutien à la Palestine, manifestations pour Rémi Fraisse à Lyon, Rennes , Toulouse…)
Le syndicalisme est aussi particulièrement visé :
En 2009, l’entreprise Continental de Clairoix annonce la fermeture du site et le licenciement des 1120 salarié-e-s. Le patron voyou n’est pas inquiété mais 5 ouvriers sont poursuivis en justice suite à une action à la préfecture. Xavier Mathieu, condamné, refuse de donner ses empreintes génétiques. Il est à nouveau poursuivi puis relaxé. Le parquet fait appel. Ce fichage par ADN est rendu possible par la loi dite de « sécurité intérieure » du 18 mars 2003.
Pierre Coquan, secrétaire de la CGT du Rhône a été poursuivi en justice pour une action avec distribution de tracts au péage de Villefranche lors des manifestations contre la réforme des retraites en 2010. Acquitté en première instance, le parquet fait appel.
Invoquer les « casseurs » pour discréditer les mouvements
Ces moyens répressifs violents sont chaque fois utilisés en invoquant le prétexte des casseurs. Mais les « casseurs » ont bon dos car l’enjeu est tout autre. Sinon pourquoi laisser faire sans réagir des dégradations de bien plus grande ampleur lors de telle manifestation de la FNSEA qui proteste contre la réglementation sur les pesticides, bloque des trains ou s’en prend aux zadistes ? Pour l’État parler des « casseurs » dans certains cas et pas dans d’autres lui permet d’évacuer le débat sur ses choix politiques et la répression qu’il impose à toutes celles et ceux qui s’y opposent.
Terminons ce bilan par la glaçante déclaration du président du conseil général (PS) du Tarn - « mourir pour des idées, c’est une chose, mais c’est quand même relativement stupide et bête ». Après l’insulte du président de la FNSEA Xavier Beulin, qui traitait les manifestant-e-s de « Jihadistes verts », cette « réflexion » est un concentré de mépris, d’arrogance et de bêtise : d’une part Rémi Fraisse ne s’est pas fait sauter lui-même avec une grenade et d’autre part tout le monde ne raisonne pas comme ce président qui, pour des idées, ne veut pas risquer sa place ou ses intérêts. Que Rémi Fraisse n’ait pas le profil des « casseurs » qu’on a voulu coller aux manifestants de Sivens cela semble rendre les notables nerveux.
Dès que les enjeux et les rapports de force commencent à devenir sérieux, nous assistons à un déploiement de moyens policiers de plus en plus violents, à un renforcement de la répression judiciaire et à une calomnie des manifestant-e-s. Ces dispositifs tracent le profil d’un type de société que nous ne voulons pas. Ce gouvernement autoritaire joue donc sur le sécuritaire et cherche à nous faire taire et de nous diviser ! Cela ne marchera pas et nous résisterons ! Nous réaffirmons le droit de manifester sans être systématiquement contrôlé-e-s et agressé-e-s par la police !
Nous revendiquons :
L’interdiction des armes dites « non létales » qui blessent, voire tuent (grenades offensives, flash-ball, taser ...) ;
l’arrêt des techniques policières qui consistent à enfermer les manifestant-e-s (garde à vue de masse à ciel ouvert) ;
l’abrogation des « lois de sécurité intérieure.
Venez le dire à la manifestation
Mardi 18 novembre 2014
à 19 heures Place Gabriel Péri, Lyon
ATTAC, Parti de Gauche, Ensemble, NPA, Émancipation, Ligue des droits de l’Homme, Solidaires, Collectif du 21 octobre.
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