Tu es militant de la gauche radicale et membre d’une organisation politique, tu es formé politiquement, tu te donnes une image d’homme conscient de ses privilèges et en première ligne sur les questions du sexisme.
Pourtant tu as commis de nombreuses agressions sexuelles et viols tout au long de nombreuses années.
Tu as violé une meuf inconsciente.
Tu as violé à deux reprises une meuf avec qui tu avais une relation affective.
Comment peux-tu nier alors que pendant que tu le faisais elle pleurait ?
Tu as attouché deux meufs qui étaient allongées dans ton lit.
Tu as pensé que parce que tu avais entendu qu’une meuf avait des pratiques sexuelles sadomasochistes, tu pouvais débarquer chez elle sans la prévenir, lui réclamer ces pratiques et t’exhiber devant elle.
Tu t’es octroyé le droit de débarquer en pleine nuit dans le lit d’une meuf pour coller ton sexe contre elle, parce qu’elle avait parlé de son intimité à d’autres personnes en ta présence.
Tu as pensé que lorsqu’une meuf te désire une fois, elle te désire à chaque fois.
Tu as prétendu aider une meuf inconsciente et que tu ne connais pas, en restant seul dans sa chambre à la regarder, après avoir coupé ton téléphone et en te cachant des personnes qui pourraient te voir.
Tu as harcelé une meuf qui voulait se protéger de toi en menaçant de te faire du mal.
Tu t’es fait passer pour un allié en espérant que cela te rendrait séduisant.
Tu as abusé de la confiance de meufs qui pensaient pouvoir compter sur toi.
Alors puisqu’il faut encore le rappeler, à toi et à tous les autres
Une meuf qui dit non, ce n’est pas une meuf qui consent à une relation sexuelle.
Une meuf qui dort, ce n’est pas une meuf qui consent à une relation sexuelle.
Une meuf inconsciente, ce n’est pas une meuf qui consent à une relation sexuelle.
Une meuf qui a déjà couché avec toi, ce n’est pas une meuf qui consent à une relation sexuelle.
Une meuf qui pleure, ce n’est pas une meuf qui consent à une relation sexuelle.
Une meuf qui a des pratiques sexuelles SM ou libertines, ce n’est pas une meuf qui consent à une relation sexuelle.
Une meuf qui vient dormir dans ton lit, ce n’est pas une meuf qui consent à une relation sexuelle.
Une meuf qui t’a demandé de l’aide, ce n’est pas une meuf qui consent à une relation sexuelle.
Une meuf avec qui tu sors, ce n’est pas une meuf qui consent à une relation sexuelle.
Une meuf qui t’aime, ce n’est pas une meuf qui consent à une relation sexuelle.
Une meuf qui te drague, ce n’est pas une meuf qui consent à une relation sexuelle.
Une meuf qui cède, ce n’est pas une meuf qui consent. Si tu insistes jusqu’à ce qu’elle se laisse faire, c’est un viol.
Ton interprétation de la situation ne compte pas, c’est le ressenti d’une agression par la victime qui compte.
Tu ne peux pas te passer d’un consentement clair et explicite.
Tu ne peux pas te faire passer pour la victime alors que tu es l’agresseur.
Tu ne peux pas menacer de te faire souffrir pour rester en contact avec des gens qui essaient de se protéger de toi.
Malgré tes aveux, arrivant au moment où il devenait inévitable que tout cela soit rendu public, malgré ta promesse de changer et de te tenir loin des personnes que tu as agressées, nous sommes vigilantes. Tu as déjà promis que tu allais changer par le passé, mais tu as continué à agresser et à nier. Tu ne peux pas t’en sortir haut la main en déclarant que c’est ta conscience qui te dicte de partir. C’est nous qui t’excluons. Nous t’excluons de nos organisations, de nos espaces militants, de nos locaux politiques, de nos cercles amicaux, de nos espaces festifs. Nous t’excluons pour notre sécurité, notre droit de vivre, notre émancipation, et nous le referons autant de fois qu’il le faudra, avec autant de détermination, pour tous les agresseurs portés à notre connaissance.
La plupart des viols sont commis par des personnes de notre entourage : frère, pote, amoureux, amant, père… et il est très difficile de dénoncer les gens avec qui on a des relations affectives : parce qu’on les aime, parce qu’on ne peut pas admettre qu’ils nous font du mal, parce que jusqu’au bout on a envie de les protéger, parce qu’on a peur d’être jugée ou que personne ne nous croie. Mais lorsqu’une agression est rendue publique, il n’est pas possible d’être du côté de l’agresseur. Il n’est pas possible de ne pas prendre position, même lorsque l’agresseur est un ami, un parent, un amant. C’est pourquoi nous considérons que tout silence est complice, au même titre que la remise en cause de la parole d’une victime.
Cette lettre vaut pour B., mais c’est aussi un avertissement à tous les autres agresseurs, violeurs et leurs complices. A toutes les femmes, les filles, les sœurs, les amantes, les amies, nous voulons apporter la force de dénoncer, de se défendre et de riposter. L’impunité s’arrête ici !
Collectif d’Action et d’Autodéfense Féministe de Lyon
NB : A lire et à diffuser Pour une fois j’ai dit non, une brochure de témoignage, de réflexions et d’analyses politiques d’une camarade violée par son « copain » militant.
Compléments d'info à l'article
Proposer un complément d'info