Les vrais casseurs ce sont l’Etat et le patronat !

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La mobilisation contre le CPE, la précarité et l’intégralité de la loi sur l’(in)égalité des chances est caractérisée, coté médiatique, par un discours incessant sur les "casseurs". Loin d’être une nouveauté, ce discours apparaît à chaque fois qu’une lutte sociale se radicalise (loi Fillon l’an dernier). Selon les J.T. Télévisés le/la casseur-se est extérieur à la manifestation, ni étudiant ni lycéen, apolitique et immigré, etc. Cette stigmatisation médiatique, proche de celle effectuée par les médias bourgeois pendant les événements des quartiers populaires en novembre 2005, tient d’une logique politique de division des contestataires.

Lorsque l’Etat a peur d’une mobilisation qui se radicalise, il essaye d’opposer les différentes constituantes de la mobilisation. Lorsque la police charge, lorsque la violence de l’Etat, symbolique comme physique, est chaque jour plus forte, certaines personnes choisissent d’agir directement face à la police ou face à des symboles de l’Etat capitaliste (boutiques de multinationales, banques, etc.).

Dans ceux et celles que l’Etat désigne sous le nom de casseurs se trouvent des gens de toutes les origines sociales. Mais les plus précarisés, ceux qui connaissent le mieux la violence de l’Etat car ils la vivent chaque jour, sont bien sûr parmi les plus présents. Comme en novembre 2005 dans les quartiers populaires ceux qui n’ont jamais connu que la violence de l’Etat ne connaissent pas d’autres réponses que la violence. Et ceux qui, durant la manifestation du jeudi 23/03 à Paris s’en sont pris à d’autres manifestants (et nous ne parlons pas ici des policiers déguisés qui ont pénétrés les cortèges) ne sont que les plus précarisés qui, perdus dans un monde où ils n’arrivent plus à vivre, finissent par "péter un câble". Et l’on ne peut que regretter qu’ils se trompent d’ennemi et jouent le jeu de l’Etat qui saute sur l’occasion pour diviser la mobilisation.

“Tant que les pauvres continueront à se voler entre eux, les riches dormiront tranquilles” !

Nous parlons beaucoup de violence mais on peut se demander qui est vraiment violent. Le/la lycéen-ne qui lance des canettes ou le CRS qui tire au flashball et use sans scrupule de sa matraque ? Le/la manifestant-e qui brise une vitrine ou la multinationale qui, derrière toutes ces vitrines, exploite, ici ou là-bas, dans des conditions inhumaines ? L’étudiant-e qui construit une barricade éphémère ou l’Etat qui enferme derrière les épais murs de ses prisons ?

"Au main de l’Etat la force s’appelle droit, au main de l’individu elle s’appelle crime !"

Quant à ceux et celles qui nous disent que non, il ne faut pas, que cela décrédibilise le mouvement, n’hésitons pas à leur demander auprès de qui ils cherchent à être crédibles ! De l’Etat bourgeois qui ne s’intéresse qu’à son profit ? Des médias à sa solde ? D’une population elle aussi écrasée par la précarité ?

Si nous voulons faire reculer le gouvernement il nous faut agir avec les différents choix de modes d’action fait par les manifestants, qu’ils soient violents face à l’Etat ou non, comme en 1994 face au C.I.P. C’est la radicalité de la mobilisation et sa diversité qui force le gouvernement à reculer. Tant que personne ne force son voisin à adopter son mode d’action tous peuvent cohabiter dans une mobilisation. Et c’est la solidarité qui doit être présente entre tous. Nous savons aussi que c’est dans des mouvements comme celui-ci que les contestations se forgent, que les idées se diffusent le plus rapidement et qu’il devient possible de donner un sens à sa révolte, d’envisager de passer de la révolte à la révolution. Car au final, c’est bien par l’action collective que nous pourrons changer l’ordre des choses.


Amnistie pour tous les révolté-e-s,
ceux de novembre dernier comme ceux d’aujourd’hui.
C’est seulement tous ensemble que nous ferons
chuter ce gouvernement.

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