Le temps des merguez est révolu. Un récit de la manif du 9 octobre

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Un ressenti partagé ou non sur l’ambiance de la manifestation de mardi 9 octobre, de la part de certaines personnes présentes.

Pendant que des personnes se suicident sur leur lieu de travail, les représentant.es syndicaux.les se gavent de merguez.

Pendant que l’on ferme des écoles, que l’on supprime des postes dans les hôpitaux, des postes d’éducateurs et éducatrices, l’état recrute en masse dans les prisons, dans la police et l’armée.

Pendant que des humains meurent aux portes de l’Europe, en méditerranée ou dans les Alpes et qu’on laisse parader des fascistes aux frontières, l’Etat et sa police arrêtent et matraquent des migrant-e-s, détruisent les squats qui accueillent ces réfugié-e-s, et poursuivent ou arrêtent les militant-e-s qui leur viennent en aide.

Pendant que les gens voient leurs retraites baisser, les mutuelles qui remboursent moins, les aides au logement pour les étudiant-e-s diminuer, ils voient les impôts augmenter, les frais d’inscription aux études toujours plus chers et les assurances et mutuelles augmenter encore et toujours.

Toutes ces raisons et d’autres encore poussent une jeunesse à essayer de se révolter et des travailleurs et travailleuses à avoir la rage. Mais cette rage et cette révolte sont contrôlées. Contrairement à ce qu’on pourrait croire ce ne sont pas seulement les gouvernements ni leurs bras armés qui les contrôlent mais également les organisations syndicales. En agissant en bon soldat des partis politiques, de la police et de l’État, ces organisations sont les tampons de sécurité pour nos oppresseurs face aux opprimé-e-s.

Sommes-nous encore tous et toutes de trop gros privilégié-e-s, pour ne pas oser se révolter ?

Les mots révolution, révolte, rage criés dans les micros des syndicats et dans les sonos de groupes politiques ont perdu tout leur sens et ne font qu’alimenter un folklore de manif merguez ricard. Les personnes qui ont la rage n’ont plus envie de perdre une journée de salaire pour assister à ça et obtenir si peu. Et comment oser parler de révolution quand personne ne lève le petit doigt alors que la police interpelle et contrôle au faciès des gens à l’intérieur même du cortège ?

Devons-nous encore avoir confiance en ces dirigeant.es politiques et syndicaux quand on les entend s’alarmer sur des vitres de banques et d’assurances cassées alors qu’ils n’osent même pas déposer des parcours de manifestation autres que ceux imposés par la préfecture ? Quand ils n’osent pas virer les flics de l’intérieur des cortèges ? Quand ils n’osent pas déposer de grève générale reconductible ? Quand ils préfèrent envoyer leurs services d’ordre sous les ordres de la police tabasser des étudiant-e-s ou encore quand ils négocient avec les renseignements de la préfecture et qu’ils débattent encore avec un État qui a toujours imposé ce qu’il voulait quand le débat n’allait pas dans son sens (49.3) ?

Voulons-nous encore dans 30 ans bouffer les merguez des syndicats en rêvant au fameux grand jour où la masse sera dans la rue ? Si nous continuons de lutter ainsi, il est vrai que nous allons surement tout perdre, il y aura moins de privilégié-e-s et les gens se réveilleront en masse, peut-être, mais trop tard car ce jour-là nous n’aurons surement plus le droit de manifester et les merguez de la cegette auront un gout amer.

L’autonome, le syndicaliste et la merguez

Cette semaine est paru sur le site d’informations militantes Rebellyon un article hargneux s’indignant que les prolétaires ne fassent pas la révolution et ne comprenant pas pourquoi les manifestations de la semaine dernière (le 9 octobre) n’ont pas conduit à l’insurrection tant promise. En (...)

22 octobre 2018

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  • Le 18 octobre 2018 à 09:47, par Bidule

    Constat banal et affligeant de médiocrité qui reflète à merveille la pusillanimité de "happy fews" frappés par le syndrome de l’avant-garde .

    Eh oui les directions syndicales sont intégrées et partie prenantes du mode de production capitaliste : merci pour cette révélation fulgurante !
    On devine le situ de province assénant une vérité « émancipatrice » aux masses ouvrières abruties par l’alcool .
    Quelle suffisance qui revient au nom de d’un discours émancipateur à tenir un discours élitiste petit bourgeois au teint préservé par les méfaits d’une qualité de vie altérée par une alimentation low-cost , par un travail en horaire décalé épuisant ou tout simplement le poids invisible et délétère du précariat qui tue à petit feu .

    Virer les flics des cortèges devrait être systématique cela va de soi encore faut il être organisé en conséquence et laisser les affects pré-pubère de coté .

    Mais l’aveu d’impuissance de ce texte est le non dit sur les jeunes .

    Quels jeunes ??? Une infime partie de la jeunesse était présente dans ce cortège dont était singulièrement absent : apprentis, lycéens de banlieues ou non et autres issues de milieux ruraux .

    Au vu du rapport de force actuel, accorder des vertus insurrectionnelles aux kermesses revendicatives c’est prendre des lanternes pour des vessies. D’ailleurs il suffit de regarder la moyenne d’age des participants pour comprendre que l’érection de barricades n’est pas d’actualité .La révolte ne se décrète pas , ne dépend pas de l’agissement interlope de SO de concert avec les cognes , cela sourde et jaillit emportant tout sur son passage sans crier gare.

  • Le 15 octobre 2018 à 16:46, par

    « mais trop tard car ce jour-là nous n’aurons surement plus le droit de manifester et les merguez de la cegette auront un gout amer. »

    Le truc c’est que le « droit de manifester » est conditionné par le fait que lesdites manifestations ne permettent aucune amélioration. Une manifestation acceptée par l’État, c’est une manifestation qui n’est que spectacle (triste spectacle). À partir du moment où la moindre offensive (ou offence) est faite à l’endroit de l’État, alors la manifestation doit être stoppée par les laquais. Donc, les vraies manifestations, celles qui peuvent à minima faire bouger réellement les lignes, sont de fait déjà illégales et non tolérées, elles l’ont toujours été.

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