Le Planning Familial 69 apporte son soutien à Megane Kamel et avec elle à toutes les femmes, féministes, personnes LGBTQIA +, handicapées, racisées, gros.ses, neuroatypiques, victimes de moqueries, de propos dévalorisants, violents, haineux diffusés à leur encontre sur les réseaux sociaux. Ce harcèlement viriliste doit être combattu, solidairement, comme toutes les autres formes d’attaques patriarcales, réactionnaires et xénophobes. Merci à Mégane d’avoir enfoncé un grand clou. Pour les autres clous à venir. Pour que nos luttes ne soient jamais réduites au silence.
Le 18 janvier dernier, par un jugement du tribunal de Créteil, le dessinateur Marsault a été condamné à une amende de 5000 euros (+ 5000 autres en sursis) et à 2000 euros d’indemnisation pour des faits de harcèlement et injure publique, après qu’il ait appelé au harcèlement en ligne de Megane Kamel, militante féministe et antifasciste. Les faits remontent à août 2016, il avait été poursuivi en même temps que deux de ses fans.
Cette victoire judiciaire rappelle que la lutte anti-fasciste, contre l’extrême-droite, doit être une lutte contre toutes les formes d’oppression dictées par les groupes qu’elle combat : le racisme et l’antisémitisme, mais aussi le sexisme, la haine des femmes, l’homophobie, la transphobie, et la grossophobie.
Marsault est dessinateur, édité chez Ring, maison d’édition fondée en 2012 par David Serra, jusqu’à ce qu’en septembre 2018 la maison rompt leur collaboration suite à une série de déclarations polémiques de l’auteur. Se présentant comme « patriote, droitard et réactionnaire », plaçant les féministes du côté des extrémistes, il est régulièrement accusé d’être misogyne, homophobe et d’extrême droite. Il est cependant soutenu par un large public, jusque dans certaines parties de la gauche, au nom de la « liberté d’expression » et est accueilli dans de nombreux salons littéraires et par de nombreuses librairies. Les cibles habituelles de ses attaques violentes au travers de ses dessins sont les Féministes, homosexuel.les et personnes transgenres, de même que les personnes orientées politiquement à gauche ou issues de l’immigration.
Ses livres côtoient dans le catalogue Ring ceux d’auteurs tels que Laurent Obertone [1] , Papacito [2] ou encore Jocko Willinck [3]. Pour la troisième année consécutive, les éditions Ring étaient annoncées présentes à la foire du livre de Bruxelles de 2019. Cela a donné lieu à des réactions et amené un collectif franco-belge d’acteurs culturels à réclamer leur déprogrammation. Leurs revendications et argumentaire sont à retrouver ici.
Dans le procès que vient de remporter Megane Kamel , c’est Marsault, à l’origine du harcèlement qui a été condamné. Le dessinateur a en effet su tirer profit de la large audience dont il bénéficie pour mobiliser, en quelques heures, ses milliers d’abonnés sur ses pages twitter et facebook les incitant à des attaques ciblées contre Megane Kamel. Marsault s’est défendu en arguant ne pas avoir lui-même pris part au harcèlement. Il reconnaît cependant bien avoir initié le harcèlement. C’est depuis sa page publique, par un post qu’il a rédigé, que l’appel à attaques a été lancé.
Cette condamnation constitue une jurisprudence importante : d’autres faisant comme lui usage de leur réseau et influence pour harceler, donc nuire en portant préjudice grave, et pour faire taire des voix discordantes pourront, de la même manière, être condamnés. Et d’autres qui, comme elle, subissent de telles attaques pourront recourir à la justice pour les faire cesser. Cette jurisprudence aura sans doute aussi un effet dissuasif en affirmant que cette pratique est illégale et potentiellement punie par la loi.
Car Megane Kamel n’est pas la seule à subir de telles attaques, d’autres en ont fait les frais.
Tanxxx, dessinatrice, graveuse, autrice de BD, et féministe, est de celles-ci. Parce qu’elle a osé critiquer Marsault et interpeller la galerie Art-Maniak qui avait programmé l’exposition de planches du dessinateur (avant de l’annuler), elle a subi des attaques similaires, d’une violence verbale inouïe, selon la même méthode.
Yan Lindingre, dessinateur de presse et de bande dessinée, ancien rédacteur en chef de Fluide Glacial, est une autre de ces cibles. Pour un post rédigé sur Facebook, dénonçant « cette nouvelle espèce qui nous envahit, ces dessinateurs de droite et d’extrême droite », Yan Lindingre a été assigné en justice par Marsault, soutenu par sa maison d’édition, pour diffamation. C’est là une stratégie habituelle de l’extrême-droite.. Le retournement victimaire est régulièrement utilisé par ceux contre qui la parole ose enfin se libérer.
Cette condamnation n’a cependant pas fait cesser le déferlement de violences. Le 2 février dernier, Marsault s’est de nouveau attaqué à celle par qui sa condamnation est tombée. Dans un long post, il a ravivé la haine contre Megane Kamel. Il a pu cette fois compter sur le soutien de deux proches auteurs de chez Ring, Papacito et Laurent Obertone, qui ont chacun repris le post pour le faire circuler. Megane Kamel a depuis reçu de nouvelles insultes en message privé. On peut lire dans les commentaires au post de Marsault, certains regretter qu’elle ne se soit pas encore suicidée, et recevoir pour cela l’approbation de nombreux autres fidèles.
A l’incitation au suicide, bien connue des féministes actives sur les réseaux sociaux, s’ajoutent des injures racistes. La victime a en effet été choisie. Avant Marsault, Laurent Obertone avait lui aussi désigné comme cible à ses attaques une militante d’origine arabe, Nadia Meziane, anti-raciste contributrice du site Ligne de Crêtes. Ce site alerte régulièrement sur les faits de harcèlement de ces auteurs et sur les publications de la Maison d’Edition Ring. Il a produit un dossier sur le sujet, à retrouver ici .
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