LE MOUVEMENT DÉMARRE LE 10 septembre. 200 producteurs, sur les 1 000 que compte le département du Rhône, lancent la grève. « On en arrive là parce qu’on a pas le choix. Les cours sont trop bas, la situation est intolérable pour de plus en plus d’entre nous ». Certains agriculteurs n’arrivent plus à se verser leur salaire depuis plus de trois mois (800 euros nets pour se lever tous les jours à 5 heures du mat’ et enquiller leurs 10 heures de boulot). L’objectif du mouvement : obtenir le contrôle des prix et de la production pour s’assurer des revenus décents. Le lait est donné aux gens des alentours ou à ceux et celles qui font le déplacement. Quelques producteurs ont commencé à fournir des épiceries solidaires ou des associations. Tout ce qui reste est balancé dans la fosse à lisier.
Dans les Monts du Lyonnais, le Forez, du côté de Roanne, les actions se multiplient : les pneus des camions de collecte sont dégonflés ; des citernes appartenant aux gros groupes agroalimentaires sont fracturées et vidées sur la chaussée… Le 16 septembre une action coordonnée a lieu sur les trois sites de la Sodiaal à la Talaudière, St-Bonnet-Le-Courreau et Andrézieu- Bouthéon. Les responsables des structures en question refusant de rencontrer les manifestants, 70 000 litres de lait sont déversés, dont une bonne part sur les façades des bâtiments administratifs. On passe la barre des 300 grévistes dans le Rhône.
- Bruxelles, 5 octobre 2009
Le 17 septembre, 3 000 litres sont projetés contre la vitrine du Crédit Agricole de Boën (Loire). Le lendemain 450 producteurs se déclarent en grève ; 120 000 litres de lait sont versés dans les locaux de la chambre d’agriculture. Un responsable de la FNSEA (syndicat majoritaire chez les agriculteurs), cherche à calmer le jeu : « faut voir comment ça va finir aussi ; c’est pas la bonne manière, faut éviter le suicide professionnel ». Il manque de se prendre un seau de lait en pleine gueule : « vous écoutez pas la base, faut bouger ou bien démissionner. Si on se dit qu’on se bat on commence à gagner au moins ». Les grévistes qui le font décamper viennent de tous les bords syndicaux, de la Confédération Paysanne jusqu’aux organisations professionnelles majoritaires. Pendant 2 heures, la RN 7 est bloquée ; à Saint-Etienne ça se bouscule un peu entre manifestants et CRS.
La grève est suspendue le 29 septembre, dans l’attente de la réunion des ministres européens de l’agriculture, prévue à Bruxelles pour le 5 octobre. Cette rencontre au sommet ne donnera pas grand chose, à part la désignation d’une commission d’experts sur le problème, et un beau désordre en centre ville (axes bloqués, flics bombardés de foin, d’oeufs et de bouteilles).
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