Mais leur refroidissement n’a pas pu être assuré, ce qui entraînera une série d’événements dramatiques : explosion partielle des bâtiments réacteurs et destruction des cœurs qui entraîneront le relâchement de quantités énormes de produits radioactifs ; percement des fonds de cuves par le reste du combustible porté à très haute température ; celui-ci va alors s’échapper en partie et aller dans le sol, on ne sait trop où. Par la suite, un autre grave problème est venu se rajouter : la piscine du combustible usé du réacteur n°4 menaçait de se vider de son eau, ce qui aurait conduit à la détérioration des barres de combustible et à des rejets très importants de radionucléides extrêmement dangereux.
Suite à l’accident, tout fut fait pour en minimiser médiatiquement les conséquences dramatiques. On se rappelle par exemple d’Areva (et d’autres) qui nous expliquaient les premiers jours qu’il ne s’agissait pas d’une catastrophe, avant de devoir se rendre à l’évidence ultérieurement. De même, TEPCO (l’entreprise productrice d’électricité qui est propriétaire de la centrale) et le gouvernement Japonais ont menti effrontément sur la situation des réacteurs, les rejets radioactifs et la situation radiologique aux environs de la centrale. TEPCO a également menti au gouvernement Japonais, tandis que de concert ils dissimulaient ensemble des informations au reste du monde, notamment aux institutions gouvernementales, médiatiques, ou liées aux industries nucléaires. Celles-ci, à leur tour, nous cachaient au maximum la réalité, afin que tous ensemble, gouvernants, patrons, décideurs, ils puissent continuer à nous mener en bateau sur l’océan de radioactivité que génère les activités nucléaires (civiles et militaires également)...
Le 6 mars dernier, l’entreprise TEPCO a annoncé qu’elle allait dorénavant promptement rendre publiques les données de radiation affectant l’environnement extérieur. Implicitement, cela revient à avouer que les informations étaient auparavant cachées ou déformées, surtout lorsque la radioactivité relâchée était importante. Il faut dire que quelques jours auparavant, la compagnie avait reconnu une énième fuite d’eau particulièrement radioactive vers l’océan, dont elle avait connaissance depuis plus d’un an.
Pour les travailleurs de la centrale, la situation est toujours désastreuse. Comme en France, ce sont actuellement les travailleurs d’entreprises extérieures qui prennent les plus fortes doses (ce qui ne fut pas le cas au tout début, puisque ce sont les employés de TEPCO qui ont dû faire face à la catastrophe). Le nombre de travailleurs sur le site a approximativement doublé entre 2013 et 2014, et de plus en plus parmi eux viennent de provinces extérieures à celle de Fukushima. On peut donc se demander si TEPCO a déjà irradié une trop grande partie de la population active de la province en la faisant travailler dans un environnement très radioactif. Officiellement, au cours des derniers mois aucun intervenant n’a reçu de dose supérieure à 20 mSv (qui est la dose maximale annuelle recommandée pour les travailleurs). Mais en réalité, la situation est bien pire : on sait que les intérimaires, pour pouvoir travailler le plus longtemps possible sur le site, se fabriquent une petite protection rectangulaire en plomb -un peu comme une grosse boîte d’allumettes- dans laquelle ils logent leur dosimètre. L’appareil est ainsi bien protégé des rayonnements et n’en compte qu’une petite partie, tandis que le travailleur se prend la totalité des doses radioactives. Cela lui permettra de travailler jusqu’à ce que la radioactivité ait raison de sa santé…
Les populations sont toujours dans une situation sanitaire et humaine déplorable. En octobre dernier, l’université médicale de Fukushima annonçait que l’occurrence de diverses maladies telles l’hypertension ou les problèmes hépatiques était en augmentation dans la région. L’explication officiellement donnée par les autorités est que c’est le « style de vie » des habitants qui est la cause de ces maladies. Preuve que les plus gros mensonges peuvent toujours resservir ! Car c’est comme cela que les autorités soviétiques, et internationales, justifiaient les innombrables maladies apparues dans la population de l’URSS après la catastrophe de Tchernobyl. On se rappelle également que les institutions occidentales, et le CEA en premier lieu, avaient inventé le concept de « radiophobie » pour expliquer le désastre sanitaire en Ukraine et en Biélorussie. C’était soi-disant la peur de la radioactivité, et non les dégâts causés aux organismes par les rayonnements, qui rendait les gens malade !
Chez les enfants, les maladies de la thyroïde augmentent lentement mais sûrement dans la région autour de la centrale. A chaque fois que des examens sont effectués dans la province de Fukushima, un nombre d’enfants supérieur à la normale présente des anomalies de la thyroïde. En outre, le nombre de cancers de la thyroïde chez les enfants dans cette province est bien plus élevé qu’avant l’accident. Mais il y a pire. En général, ce cancer se guérit bien, mais chez les enfants de Tchernobyl il a été constaté que la maladie se transfère rapidement à d’autres organes. C’est la même chose qui est en train d’arriver à la majorité des enfants cancéreux de Fukushima : leur maladie se propage dans l’organisme plus fortement que dans les cas classiques.
Dans ces situations difficiles, les citoyens sont priés de participer encore davantage à leur propre servitude. Les Biélorusses par exemple, étaient invités à mesurer la radioactivité de tout leurs aliments afin de ne consommer que ceux qui n’étaient pas « trop » radioactifs. Au Japon, le gouvernement a préféré engager une grande agence publicitaire, pour inciter les gens de tout le pays à manger les produits agricoles de la région de Fukushima. Cela a donné la campagne « Soutenir en mangeant » (sous-entendu : soutenez le Japon en mangeant les produits de la région de Fukushima), démarrée il y a quelques années. Elle se poursuit, mais les résultats sont incertains. Certes, d’après les sondages, seuls 20 % des japonnais refusent catégoriquement de manger la nourriture issue de Fukushima, mais ce nombre est quand même en augmentation.
En fait, pour l’État, tout doit rester « comme avant ». Ou plus précisément, l’autorité, la hiérarchie sociale, l’exploitation, doivent être maintenues avant tout. Au Japon, l’évacuation des habitants après la catastrophe a été partielle, et lente à venir, comme ce fut le cas en Ukraine en 1986. C’est qu’il ne faut pas risquer d’affoler les populations. Au moment de la catastrophe de Tchernobyl (et alors que tout avait été préparé pour une évacuation d’urgence des habitants), le vice-président du conseil des ministres exprima sa réticence en affirmant que « la panique est bien pire que la radioactivité ». Remarquable sincérité : même dans une situation humainement dramatique, le plus important en définitive pour les dominants est que tout reste sous contrôle ! Il est clair que, pour les puissants de ce monde, la pire des catastrophes serait que les simples gens se décident enfin à renverser cette société autoritaire, révolutionner le monde, et reprendre leurs vies en main.
En France, une catastrophe peut arriver n’importe quand. N’attendons pas qu’elle ait eu lieu pour réagir ! En plus, c’est tous les jours que l’industrie atomique empoisonne la planète !
Civil et militaire, arrêt immédiat et définitif du nucléaire !
Collectif pour une Ecologie Radicale et Anti-Nucléaire
contactceran@gmail.com
Compléments d'info à l'article
Proposer un complément d'info