Pour rappeler ce crime que l’état turc essaye de cacher à tout prix, Amitiés Kurdes de Lyon et Rhône-Alpes organise la projection d’un documentaire en présence de Faysal SARIYILDIZ, député local de HDP (le Parti démocratique des peuples), témoin direct des événements.
L’été 2015 est chaud pour le Kurdistan de Turquie. La chaleur est d’abord celle de l’espoir, suite à la percée du HDP, le Parti démocratique des peuples, aux législatives du 7 juin. Mais l’espoir est vite noyé dans le feu et le sang à partir de fin juillet. Un attentat commis par un sympathisant de Daech le 20 juillet, suivi de l’assassinat deux jours plus tard de deux policiers turcs servent de prétexte à l’état turc et son maître Recep Tayyip Erdoğan pour reprendre la guerre contre le PKK, la guérilla kurde dont la branche syrienne a arrêté Daech en Syrie.
En août 2015, de nombreuses villes du Kurdistan de Turquie, dont Djizré, proclament une « autonomie démocratique », inadmissible pour l’État turc. Ces villes sont encerclées et bombardées par l’armée et les forces « spéciales » turques qui emploient les grands moyens (artillerie lourde, chars d’assaut). C’est la politique de la terre brûlée contre une guérilla urbaine amateure formée par des jeunes des quartiers. Dans chaque ville en guerre l’état suit la même stratégie. Un couvre-feu est annoncé pour une date très, voire trop proche et les habitants sont sommés de quitter le quartier ou la ville. Ceux et celles qui resteront seront considéré.e.s comme « terroristes » et en conséquence traité.e.s comme tel, ce qui signifie être éventuellement abattu.e.s sans jugement. Djizré subira plusieurs couvre-feux, de plus en plus violents, et à chaque fois sans foi ni loi.
Le documentaire « Djizré, Histoire d’un massacre » retrace l’avant et l’après du dernier couvre-feu imposé aux habitants de Djizré ainsi que le massacre en février 2016 de dizaines de civils qui avaient trouvé refuge dans les sous-sols de trois immeubles. Il nous présente les acteurs et actrices principaux qui ont perdu leurs vies dans ce massacre. Il nous parle de leurs aspirations démocratiques et nous fait sentir l’horreur de leur écrasement. C’est un travail de mémoire contre l’oubli sous lequel l’état turc veut ensevelir ses crimes contre l’humanité.
Le documentaire est le fruit d’un travail collectif. Le réalisateur lui-même ne fut pas présent en continuité sur les lieux du drame. Néanmoins, il a pu recueillir un nombre important de témoignages et d’enregistrements et son travail entend démonter la puissante manipulation des faits par l’État turc.
Le film comprend deux parties distinctes. D’abord un témoignage de la mise en place de l’autonomie démocratique dans les communes. Puis une seconde partie sur la répression, où l’on va de témoignage en témoignage des membres des familles de celles et ceux qui périrent dans les massacres. Nous pénétrons de ruines en ruines et découvrons l’horreur en même temps que les habitants de la ville.
Vous pourrez échanger avec FAYSAL SARIYILDIZ, alors député local du HDP, qui fut le témoin direct des événements.
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