Ce lundi 5 juin a eu lieu une vague d’arrestation dans toute la France : 15 personnes emmenées en garde à vue accusées d’avoir participé à une action de désarmement de l’usine de ciment Lafarge proche de Marseille (à Bouc-Bel-Air). Ces arrestations ont eu lieu avec la Sous Direction Anti Terroriste alors que le Parquet National Anti Terroriste n’est pas saisi de l’affaire. Un des chefs d’inculpation est bien entendu la fameuse « association de malfaiteurs ». Après 80 heures de garde à vue tout le monde serait sorti de garde-à-vue. Les interrogatoires auraient porté principalement sur des positionnements politiques sur « la violence », « le désarmement », les « black blocs », … Une vraie opération de police politique, de renseignements et d’intimidation puisque l’enquête reste ouverte avec la peur que peut avoir chacun-e d’être épié-e-s ou arrêté-e-s au petit matin.
L’utilisation de la police anti-terroriste et les moyens qui vont avec ne sont pas une nouveauté. N’oublions pas que la stratégie de flicage et surveillance de masse au nom de l’anti-terrorisme a d’abord été mis en place sur les populations assigné-e-s musulmanes avec peu de réactions. D’ailleurs c’est sûrement la première fonction de l’anti-terrorisme : rendre difficile la solidarité en pointant des populations comme foncièrement mauvaises et violentes. Nous assistons maintenant à une augmentation de la fréquence de ce genre d’enquête sur les mouvements sociaux et/ou écologistes. Nous pouvons bien sûr parler de l’affaire du 8 décembre 2020, des syndicalistes CGT de l’énergie arrêtés en 2022 ou de l’affaire du 15 juin 2021 en Limousin.
En effet, comment ne pas faire de parallèle entre ces 2 affaires à 2 ans d’intervalle ? Le 15 juin l’opération est restreinte au Limousin, principalement à la Haute-Vienne. Dans le cadre d’une enquête pour le désarmement d’une antenne relais et de quelques voitures d’Enedis ce sont 6 personnes qui finissent en GAV et 12 perquisitionnées avec la SDAT. Des moyens de surveillance considérables puisque pendant des mois ce sont des mises sur écoute de militant-e-s divers et variés dans toute la région, des balises GPS, des filatures, des keyloggers dans les ordis, des micros dans les voitures ou les maisons,… A la fin de la GAV 3 personnes sont mises en examen dont 1 uniquement pour association de malfaiteurs. L’enquête reste ouverte et 7 mois après une nouvelle arrestation a lieu avec une myriade de camion de gendarmes pour une sortie sans suite. L’enquête reste en cours avec la possibilité pour la police de mettre sous surveillance toute personne un peu trop à gauche. A mi-chemin entre l’enquête réelle et le fichage massif. Pratique. Flippant. Autoritaire.
En Limousin comme à Bouc-Bel-Air, la question n’est pas de savoir si les arrêté-e-s ont participé à une action de désarmement. Nous soutiendrons toutes les victimes de la répression car face à l’avancée du désastre écologique et la montée en puissance de l’État totalitaire (qui s’appuie sur la technologisation de la police) la résistance est vitale.
Pour autant, il nous faut prendre acte de la volonté de l’État d’utiliser massivement l’anti-terrorisme contre les militants en plus des répressions de rue, des dissolutions, ou du dénigrement médiatique par exemple. Faire face au monstre qui tente d’étouffer chaque étincelle de révolte dans la violence est épuisant et effrayant. Pour affronter cela, ne restons pas seul-e-s. Soutenons-nous. Partageons nos réflexes de protection de la vie privée.
Nous ne pouvons que nous réjouir des rassemblements spontanés qui ont eu lieu un peu partout en France en soutien aux arrêté-e-s de Bouc-Bel-Air. Il nous faut montrer cette solidarité pour chaque tentative de répression, ne laisser personne isolé-e.
Le week-end du 17 et 18 juin à Trasrieux aura lieu les 2e rencontres en soutien aux inculpé-e-s du 15 juin. Soyons nombreux-ses !
Compléments d'info à l'article
Proposer un complément d'info