Wafik Bouakar, 25 ans, originaire de Creil, a été tué par balle à Lille lors d’une intervention de la brigade anticriminalité, dans la nuit de mardi 24 mai à mercredi 25 mai. Son camarade Mamadou Sy, sérieusement touché à l’épaule, est tiré d’affaire.
Communiqué de Urgence Notre Police Assassine :
Wafik vient de perdre la vie. Wafik n’est pas un manifestant. Wafik est un jeune de quartier. Wafik est de ceux quand ils perdent la vie entre les mains de la police, ils sont criminalisés à titre posthume. Wafik fait partie de ces jeunes qui pour l’opinion publique sont indéfendables, supprimables. Wafik est issu de l’immigration. Wafik est de ceux sur qui la police a le droit de vie ou de mort. Wafik selon la version policière était passager dans une voiture qui aurait foncé sur des policiers. Nous avons pour habitude de ne plus croire en la version policière. Ils ne sont pas dignes de confiance.
Voici la version des faits relatée dans les colonnes du Parisien en attente de plus d’informations.
Les voisins, les amis, les cousins. Le pavillon familial de Villers-Saint-Paul n’a pas désempli depuis mercredi après-midi. Par petits groupes, sur la pointe des pieds, les proches de Wafik Bouakar, 25 ans, abattu à Lille (Nord) dans la nuit de mardi à mercredi lors d’une intervention de police, défilent dans le salon pour soutenir Zahia, sa mère. Parfois sans un mot. En s’asseyant contre elle, sur le canapé.
Il n’y a ni haine ni colère dans le regard de Zahia, mère de sept enfants, quatre garçons et trois filles âgés de 9 à 27 ans. Wafik était le troisième de la fratrie. Celui qui « préférait jouer avec les petits lorsque l’on avait à lui parler sérieusement de choses d’adultes ». C’est sa mère qui le dit, 48 heures après son décès dans des circonstances encore nébuleuses, devant un pavillon de la cité Casseville, à Lille-Fives.
Il est 1 h 30, cette nuit-là, lorsque des riverains alertent la police après avoir entendu des coups de feu. Quand la brigade anticriminalité arrive sur place, deux hommes tentent d’en faire entrer un autre de force dans une Golf grise. Selon la version rapportée par le préfet de la région Hauts-de-France, la voiture aurait foncé sur les policiers, « les contraignant à tirer ». Sur le siège passager, Wafik est mortellement touché. Au volant, Mamadou Sy, 25 ans lui aussi, est blessé à l’épaule. Originaire du quartier de la Commanderie, à Nogent-sur-Oise, Mamadou, seize condamnations à son casier judiciaire, venait d’être acquitté dans un dossier de braquage examiné fin mars devant les assises de l’Oise. Opéré ce mercredi à Lille, il est aujourd’hui hors de danger.
D’après les premiers éléments de l’enquête conduite par la direction interrégionale de la police judiciaire (DIPJ) de Lille et l’inspection générale de la police nationale (IGPN), Wafik et Mamadou se sont trouvés au cœur d’un règlement de comptes, sur fond de trafic de stupéfiants. « Quelques kilos » d’herbe de cannabis, de l’argent et un pistolet automatique 22 Long Rifle ont été découverts dans leur Golf.
« Quoi qu’il ait fait, je ne peux plus le regarder droit dans les yeux et pousser un coup de gueule, se lamente sa mère. C’est trop tard. Il a pris la plus grosse peine. » Zahia ne fait pas mystère du passé de son fils, de « sa vie qui a pris un mauvais tournant un jour ». Trois ans de prison pour un trafic de stupéfiants à Lille, six mois ferme pour un homicide involontaire lors d’un accident de voiture à Saint-Quentin (Aisne).
Mais derrière le casier judiciaire, il y avait ce garçon « aimant et aimé » décrit par une cousine. L’adolescent d’hier passionné par le football, dont les débuts prometteurs sur le stade de l’US Nogent ont été gâchés par une vilaine blessure à la cuisse. Le lycée Marie-Curie à Nogent. Quelques mois chez ArcelorMittal, à Montataire, où son père est employé depuis quinze ans. Et puis ce camion à pizzas, dans lequel il s’investissait depuis un an. Stationné devant le pavillon de Villers, le véhicule n’a pas bougé depuis mardi soir. Installé à Creil avec son épouse, Wafik était venu partager un dîner en famille. Sa mère a appris son décès le lendemain, vers 10 heures, en accueillant les policiers de Creil qui venaient de frapper à sa porte. Zahia attend désormais de voir le corps de son fils. Elle veut aussi comprendre. « Je n’ai pas envie d’avoir de la haine, mais je veux des réponses. Parce que l’attente est insupportable. »
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