Brèves “police partout”

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■ Pas de justice

1er juillet : caillassage de plusieurs véhicules de police avenue Jean Cagne à Vénissieux. Un môme est ramassé au hasard. Dans le doute le juge lui colle deux mois avec sursis. Le 6 juillet un jeune de 18 ans qui a le malheur d’avoir « déjà eu affaire avec la justice » prend un an ferme et un an de sursis pour avoir pété les vitres et tordus les volets d’une école primaire à Saint Quentin Fallavier.


Le 7 juillet : un adolescent de 14 ans est interpellé pour avoir participé à la manif lycéenne du 18 décembre dernier (affrontements avec les flics, barricade de bagnoles enflammées). C’est un prof de Vaulx-en-Velin qui a fait « parvenir une information » au commissariat du 7ème arrondissement, après avoir entendu parlé d’une vidéo prise avec un portable et mettant en scène des jumeaux de son bahut. La délation comme stade ultime de l’action pédagogique ?


15 juillet : quinze mois fermes pour l’ « agression » d’un chauffeur de bus.


Le 18 juillet un ouvrier métallurgiste a déposé plainte après avoir été perquisitionné par erreur par les gendarmes ; les pandores s’étaient plantés de porte mais ils lui ont quand même fait sauter les dents en le plaquant au sol, lors du malheureux « quiproquo ». Le même jour deux gars écopent respectivement de trois et deux ans de prison ferme pour avoir allumé des feux de poubelle dans des cages d’escaliers.


Fin juillet, un conducteur en état d’ivresse essaye d’échapper à un contrôle dans le 1er arrondissement. Course poursuite : il se fait rattraper à Décines et mange deux ans fermes en comparution immédiate.


■ On the road again

A Caluire, lors d’un contrôle routier, un conducteur éméché et sans permis se fait passer pour quelqu’un d’autre, et se retrouve déféré au Parquet. Dans la nuit du 1 au 2 août, un conducteur bourré provoque un accident à St Priest, et se débat lors de son arrestation. Présenté au parquet, il part en taule en attendant une comparution immédiate. Le 18 août, une fille de 25 ans insulte et frappe (version policière) des condés lors d’un contrôle routier à Givors.


■ Après la mort de Mohamed Benmoura : Emeutes à Firminy

Le 6 juillet Mohamed Benmoura est interpellé au super marché où il bosse comme caissier, pour une affaire d’extorsion de fond. Il est placé en garde à vue au commissariat du Chambon-Feugerolles. Quelques heures plus tard on retrouve son corps pendu en cellule. Il décédera dans la nuit. Assez vite, ça parle de bavure ou d’assassinat policier. Les bagnoles commencent à cramer au quartier du Firminy Vert, où Mohamed habitait avant de se faire suicider par les flics.
En deux nuits d’émeute une dizaine de voitures partent en fumée, le centre social et le centre commercial sont incendiés. Le pôle emploi est attaqué à coups de pierres mais la vitrine résiste. Les nuits suivantes, deux cent flics quadrillent le quartier, avec chiens, hélicoptères et tout leur matos façon troupes d’occupation. 9 jeunes sont interpellés, l’un au moins a pris deux mois fermes et est sorti à la fin de l’été, mais d’autres jugements sont à venir.
Du côté de l’enquête sur la mort du jeune de vingt piges, le procureur en charge du dossier affirme rapidement qu’aucun élément ne permet de mettre en doute la thèse du suicide. Le syndicat Unité Police met en cause pour sa part « la vétusté et l’inadaptation du local de garde à vue ». Est-ce qu’on pouvait vraiment s’attendre à une meilleure épitaphe dans la bouche de ces bâtards ?


■ Sous le plancher

3 septembre, comparutions immédiates : un homme de 39 ans prend 7 mois fermes pour un vol à la roulotte en récidive. Trois jours plus tôt un autre récidiviste s’était mangé 30 mois dont 18 avec sursis, pour 6 vols à l’arraché. Alors qu’il essayait de se défendre, le Président le coupe : « c’est moi qui parle sinon vous aller nous saouler toute la journée ». Pourquoi, en effet, laisser les justiciables la ramener alors que les peines se décident à la simple vue d’un casier ou depuis un ministère…


Mardi 8 septembre un autre « prévenu en situation de récidive légale » ramasse un an de prison dont six mois fermes, pour le vol d’un jean à 40 euros.


Fin septembre, un jeune de 20 ans se fait choper en train de démonter un miroir dans le couloir d’une résidence. En perquisitionnant chez lui, les flics tombent sur un sandwich contenant une barrette de shit ; il avoue naïvement qu’il voulait le faire parvenir à un ami à lui, en détention à Corbas. Comme il s’est déjà fait serrer pour des histoires de stupéfiant, le juge lui applique la peine plancher : 4 ans dont deux avec sursis et mise à l’épreuve.


■ La SUGE déraille

La SUGE, c’est la police ferroviaire. Et le 3 septembre un de ses agents s’est fait condamner pour « violence aggravée » à l’encontre d’un lycéen de 17 ans. L’histoire remonte au 4 novembre dernier : un contrôleur de la ligne Lyon-Ambérieu estime qu’un jeune aurait manqué de respect à une personne de sa connaissance. Il désigne le fautif au flic de la SUGE qui l’emmène au poste situé en gare d’Ambérieu. C’est le début du passage à tabac. Des agents SNCF, alertés par les cris, finissent par rentrer dans le local : ils tombent sur le policier le poing levé au dessus de la gueule du lycéen, déjà bien entamé (hématomes multiples au visage et au cou). Nouvel exploit d’« un policier exemplaire », au dire de ses supérieurs.


■ Gendarmerie nationale, milice du capital

Début septembre la gendarmerie et la Confédération Générale des petites et moyennes entreprises ont signé une convention de partenariat : elle porte dans un sens sur la protection des entreprises (« actions de sensibilisation contre l’espionnage et le pillage technologique ») et doit faciliter, dans l’autre sens, le reclassement des militaires dans le secteur privé.


■ L’école de Big Brother

Une convention départementale entre l’éducation nationale, la police, la gendarmerie et la justice a été signée le 12 octobre à la préfecture du Rhône. Elle prévoit le renforcement des patrouilles à la sortie des bahuts et l’extension de la vidéo surveillance notamment dans quatre collèges du 8e arrdt, de Vénissieux et Rilleux (c’est jamais trop tôt pour habituer les futurs citoyens à vivre sous contrôle)■

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