Ces témoignages graphiques sont exposés dans le lieu même où, il y a juste 30 ans, en mars 1988, le groupe OCL/Lyon démarrait une campagne pour le boycott des tickets : au 37 rue Burdeau sur les Pentes de la Croix-Rousse.
On y retrouve :
l’ affiche du PSU de 1975, pour la défense de la station « CROIX PAQUET », jugée non rentable par les élus de l’époque !
les adhésifs du « comité chômeurs /précaires » rue Pierre BLANC en 1982 : « Contrôler, c’est travailler sur le dos des pauvres »
et bien d’autres...
Bref une vraie boutique relais des bonnes formules, comme un antidote aux slogans moralisateurs des agences de com’ !
Expo au 37 rue Burdeau jusqu’au 29 avril. Permanences tous les soirs de semaine de 18 h à 20 h et les samedis après-midis. Visite guidée sur réservation.
Extraits de l’entretien paru dans le journal Alternative libertaire :
« Il est devenu vital que les transports soient gratuits
Papyart est un sérigraphe et militant libertaire lyonnais qui s’est illustré dans les années 1970 pour la protection du quartier de la Croix-Rousse qui devait être transformé en quartier d’affaire. Il milite entre autre pour un accès libre aux transports en commun. La dernière campagne anti-fraude des Transports en commun lyonnais (TCL) montre des usagers comme des criminel.les et la solidarité comme un délit (150 euros d’amendes pour le don d’un ticket de transport encore valide). En réaction, Papyart prépare une expo des affiches de la lutte pour la gratuité des transports à Lyon.
Alternative libertaire : Peux-tu nous expliquer comment et quand a commencé ton engagement pour la gratuité des transports à Lyon ?
Papyart : Mon engagement a commencé en réalité avec la lutte pour « les pistes cyclables à Lyon » dans les années 1975-1976. En effet, à cette époque, les vélos étaient très mals vus car selon les autorités, ils gênaient la circulation automobile. Les cyclistes étaient acceptés seulement pour le Tour de France ! Le vélo de loisirs, genre VTT n’existait pas et même au parc de la Tête d’or, il était interdit de faire du vélo ! Le moyen de transports privilégié était la bagnole, le maire, Louis Pradel, et son équipe ne juraient que par les voies rapides, les trémies et sa plus belle réalisation fut sans conteste de faire déboucher l’autoroute devant la gare de Perrache. (…)
Quelles ont été les actions réalisées ?
À la même période, le comité populaire de la Croix-Rousse faisait un journal mural grand format, imprimé en sérigraphie et collé sur les murs du quartier. Une lutte a été menée pour exiger une station de métro à Croix-Paquet, que les TCL voulait zapper dans un souci de rentabilité et de vitesse, c’était l’époque du nouveau métro. À cette occasion, la population s’est beaucoup mobilisée surtout les anciens qui avaient connu « la ficelle à deux sous » un tram hyper pratique qui passait rue Terme pour remonter des pentes vers le plateau et que le maire, Pradel, avait supprimé au début de son mandat. Par la suite, l’idée de transports gratuits est apparue dans beaucoup de revendications, même dans le programme d’un groupe politique en vogue à l’époque, le PSU. Les libertaires de la rue Pierre-Blanc ont commencé à faire des affiches puis des autocollants, j’en ai imprimé dans une entreprise où je bossais, d’autres en ont fait en offset, l’agitation a commencé ! En 1988, l’organisation communiste libertaire (OCL) de Lyon appelle à un boycott du ticket suite au passage à 7 francs, les amendes pleuvent ! En 1993, c’est le « Comité chomeurs précaires » qui prend le relais pour exiger les transports gratuits, des agences TCL sont envahies. Début 2000, des syndicats reprennent l’idée de gratuité, c’est l’époque où certaines villes la mettent en place.
(…)
Parle-nous de ton exposition. En quoi la lutte pour la gratuité est-elle toujours d’actualité ?
Ce sera une exposition d’affiches du XXe siècle sur le thème des luttes pour les « transports gratuits ». Elles proviennent de différentes sources. Une majorité a été imprimées à Lyon, notament les adhésifs en sérigraphie avec le célébre slogan « Ton ticket peut encore servir, donne-le à quelqu’un qui monte » édités pour la 1re fois en 1978 puis repris par de multiples groupes les décennies suivantes !
C’est d’ailleurs en partie ce message qui était visé dans la dernière campagne de pub avec la menace d’une amende ! Les réseaux sociaux ont réagi massivement, certains ont détourné avec talent les affiches. Mon expo pourrait être l’occasion d’échanger sur les ripostes graphiques à envisager quand on se trouve en face de ces pubs moralisatrices, qui viennent régulièrement salir nos petits matins.
Propos recueillis par Julien I. (AL Lyon)
Sur Rebellyon aussi, des affiches pour la gratuité des transports :
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